Liberté

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Les jours défilèrent et la relation avec Camille s'était intensifiée. Les deux filles étaient désormais amies et se soutenaient l'une et l'autre. Quand les trois mois d'emprisonnement ferme arrivèrent à leurs fins, Emmy était presque triste de partir. Ici elle était nourrie, logée et surtout elle avait une amie. Camille lui glissa une photo d'elle.

— S'il te plaît Emmy. Donne ça à me petite sœur et dis-lui que je l'aime et que je suis désolée. L'adresse se trouve au dos. 

Emmy hocha la tête et serra son amie dans ses bras fortement, avant que le maton ne lui demande de partir. Emmy se retrouva au porte de la prison un petit sac plastique avec la robe dans laquelle elle était arrivée en prison. Elle n'avait pas un euros sur elle, car, au moment où elle avait été envoyée en prison, Madame De Laberty avait gardé les 200€ en dédommagement. Emmy ne savait pas quoi faire, elle n'avait aucun endroit où aller et bien sûr personne ne l'attendait à la sortie. Elle marcha durant des heures pour retrouver sa plage, le seul endroit où elle était chez elle. Elle s'assit sur le sable et son regard se porta de l'autre côté du littoral où la demeure des De Laberty surplombait la côte. Elle resta ainsi des heures, les yeux tantôt rivés vers le large tantôt, inconsciemment vers la maison de Lyam. La nuit commençait doucement à s'installer et elle tremblait de froid. Elle finit par s'endormir à même la plage avant d'être réveillée au petit matin par des aboiements de chien. Elle ouvrit les yeux et aperçu un jeune homme faire son footing au bord de la plage avec son chien. Elle se redressa, cala son dos contre le muret les séparant de la plage et resta à nouveau des heures à observer la mer. Elle finit par se lever et marcha vers la demeure des De Laberty. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle le faisait mais elle en ressentait le besoin. Une fois devant la propriété, elle s'assit sur le sable. Elle voulait attendre que Lyam sorte de chez lui pour l'interpeller, mais ce jour-là il ne se montra pas et Emmy passa une nouvelle nuit sur la plage. Cela faisait deux jours qu'elle n'avait rien bu ni manger et la faim commençait à la tenailler. Le lendemain matin, à l'aube, le claquement du portail la fit sursauter. Lyam, habillé d'un jogging et d'un pull assortit quitta la demeure dans sa direction. Au vu de sa tenue il allait sans doute faire son footing. Emmy l'observa et ressenti comme des coups de poignard en voyant qu'elle avait toujours des sentiments pour lui. Quand il arriva à sa hauteur, elle se releva, si vite à vrai dire que sa tête lui tourna et qu'elle s'appuya sur le rebord du muret pour ne pas tomber. Lyam la dévisagea surprise. Pendant quelques secondes elle vit au fond de son regard que lui non plus ne l'avait pas oubliée, mais aussitôt un masque de dureté recouvra son visage. Il lui tourna le dos, prêt à partir courir mais Emmy lui agrippa le poignet. Il se dégagea rapidement et elle aperçut à son doigt une alliance. Il s'était bel et bien marié à Julia. Emmy en eut le souffle coupé. Bizarrement elle espérait qu'il l'aimait suffisamment pour ne pas le faire, mais elle s'était trompée. 

— Ne me touches pas, Emmy et va t'en d'ici. 

— Lyam, tu me dois des explications ! Tu...

Elle se tut, étouffée par l'émotion et les larmes qui s'abattaient sur son visage.

— Moi je te dois des explications, Emmy ? Moi ? répéta-t-il furieux. Je t'ai accueilli chez moi, je t'ai protégé du mieux que j'ai pu, j'ai bravé tous les interdits de mes parents pour toi et qu'est-ce que j'ai eu en retour ? Une voleuse, une menteuse et une pute ! 

Emmy se recula horrifiée. 

— Je n'ai rien volé à tes parents Lyam, c'était un coup monté ! 

— C'était aussi un coup monté quand tu t'es envoyé en l'air avec le jockey ? 

— Le jockey ? Mais de quoi tu parles ? Depuis que tu es partie tes parents m'ont fait vivre l'enfer. Jusqu'à me faire récupérer ma paie dans du crottin de cheval ! Je n'avais pas le droit de manger à ma guise, ta mère ne me donnait qu'un petit bout de pain par jour et...

Il la gifla.

— Ne t'approches plus de ma famille et garde tes mensonges pour toi.

Elle n'en revenait pas, il venait de la gifler. La colère la gagna.

— Moi je dis des mensonges ? Et on en fait quoi de ta femme, la riche belle-fille des Arnault ! Tu couchais avec elle en même temps que moi, et c'est moi qui raconte des mensonges ! 

Le visage de Lyam se décomposa. Il ne savait pas qu'elle était au courant. 

— Quand s'est devenue sérieux entre nous, je n'ai plus couché avec elle ! Je devais juste me marier pour...

Elle leva la main pour l'interrompre. 

— En fait tu as raison. Je n'ai plus rien à faire ici. Soit heureux avec ta femme et quand tu comprendras que ta famille ta manipulé, inutile de chercher à me revoir. Au moins les choses sont claires à présent dans mon esprit. Je te déteste au plus haut point Lyam De Laberty et je ne veux plus jamais croiser ton chemin, à toi et à ta pourriture de famille. Tu t'es bien joué de moi et ta famille ma bien exploitée, mais c'est finit Lyam ! Un jour, je te rembourserai pour l'enterrement et les vêtements parce que je ne veux rien avoir à te devoir. Mais sache que pour moi à présent tu n'es plus qu'un menteur et un gros manipulateur ! Tu ne me mérite pas et j'espère qu'un jour tu regretteras de m'avoir traitée de la sorte ! Un jour, toi et ta famille vous le paierais ! Je t'en fais la promesse ! 

Elle le laissa en plan, passa par la route et se mit à courir en direction de son ancienne cabane. Lyam, n'avait pas bougé. Il l'observait s'en aller, perturbé par ses paroles. Elle avait l'air sincère. 


Les maux d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant