Mensonges

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Une fois qu'elle avait complètement disparu de son champ de vision, il changea ses projets et retourna chez lui. Il chercha sa mère, et la trouva dans la salle de sport.

— Est-ce que vous avez vraiment vu Emmy coucher avec le jockey, mère ? 

Elle coupa son tapis roulant, essoufflée. 

— Vous n'allez quand même pas mettre en doute mes paroles, Lyam ! Ils étaient tous les deux dans l'écurie en train de batifoler comme des porcs. Elle lui a même dit d'ailleurs, qu'il assurait mieux au lit que vous et qu'elle allait essayer de vous soutirer de l'argent pour aller vivre le parfait amour avec son jockey. 

— Vous lui avais fait récupérer sa paie dans du crottin de cheval ? 

Elle prit un air horrifiée. 

— Lyam, comment osez-vous m'accuser d'une telle cruauté ! Vous avez revu cette voleuse, c'est ça ?

— Oui, elle a beaucoup maigri et elle m'a aussi dit que vous ne la nourrissiez que de pain ! 

— Lyam, vous pouvez demander à la gouvernante, elle lui mettait tous les jours un couvert à table et elle mangeait à s'en exploser la panse. Cette fille n'est qu'une menteuse, une pouilleuse et en plus une voleuse ! 

— Comment a-t-elle su pour le mariage ? Qui le lui a dit ? demanda Lyam.

— Ça j'avoue que c'est moi, Lyam. Elle disait aux gendarmes qu'elle allait vous épouser et ça m'a mise hors de moi. Je leur ai remis le faire part et elle a vu votre photo dessus. 

Lyam soupira et quitta la maison jusqu'à l'écurie. Le jockey était en train de monter un cheval. 

— Il faut que je vous parle, annonça d'emblée Lyam. 

Celui-ci ramena son cheval dans le box et se tourna vers Lyam. 

— Avez-vous, oui ou non eut des relations sexuelles avec Emmy Roudaut ? 

Il resta le fixer, mal à l'aise. 

— Oui, dans l'écurie, plusieurs fois. C'est elle qui voulait, et... je ne suis qu'un homme. Madame Emmy, était loin d'être déplaisante et était très en manque suite à votre départ. 

— Passez-moi les détails, merci ! 

Le voir confirmer par le jockey ne laissait plus de place au doute. Il regagna sa chambre en soupirant. Pendant un bref instant, il espérait que tout cela était bien un mensonge mais il fallait être réaliste ! Emmy ne cherchait qu'à le déposséder de sa fortune. Malgré tout, il ne put s'empêcher de repenser à son visage amaigri, ses cheveux ébouriffés et la colère qu'il avait sentie dans ses paroles. 

De son côté, Emmy, était retournée près de sa cabane. Le sable avait presque recouvert les cendres et les témoignages de l'incendie. Elle avait tellement faim à présent qu'elle avait l'impression que son estomac se tordait dans son ventre. Elle haleta, prise par des crampes abdominales de plus en plus douloureuses, lui arrachant quelques larmes au passage. Il fallait qu'elle se ressaisisse ! Elle ne pouvait pas rester mourir de faim. Elle tenta de se lever mais ses pieds ne la portaient plus et elle passa sa troisième nuit, allongée, près de l'endroit où sa mère avait perdu la vie. Quand les rayons du soleil, lui fit ouvrir les yeux elle s'aperçut que quelqu'un l'avait couverte d'une couverture soyeuse dans la nuit. Elle n'avait absolument rien entendu. Elle se redressa péniblement, la gorge en feu par le manque d'eau et s'effondra en pleurs. Son ange gardien, ne lui avait pas seulement déposé une couverture, il y avait un petit panier en osier avec une grande bouteille d'eau, un sandwich, un paquet de gâteau et deux bananes. 

— Merci, souffla-t-elle en fixant le ciel. 

Elle commença par avaler une bonne partie de la bouteille d'eau par petite gorgée tant cela lui faisait mal avant de se jeter sur une banane. Étrangement, bien qu'elle mourrait de faim, son estomac n'encaissa pas plus qu'une demi-banane. Elle se sentait ballonnée avec toute l'eau qu'elle avait ingurgitée. Elle rangea précautionneusement son précieux butin dans le panier en osier et y ajouta la couverture qu'elle plia en six ainsi que le sac qu'elle avait récupéré en quittant la prison. Il contenait également la photo de la petite sœur de Camille. Elle se leva doucement, prit son panier et marcha durant une bonne demi-heure pour gagner le cimetière où sa mère avait été enterrée. Le jour de l'enterrement, il n'y avait pas de pierre tombale vu qu'il fallait laisser la terre se tasser, mais à présent, une belle tombe en granit se dressait sur les restes de sa mère. Elle s'agenouilla, les bras et la tête posés sur la tombe et laissa les larmes la submerger. Vu dans cette position, elle donnait l'impression de faire un gros câlin à la pierre tombale. 

— Maman, j'ai besoin de toi ! Je ne sais plus quoi faire. Pourquoi est-ce que je n'ai pas le droit d'être heureuse ? Pourquoi, le monde entier me le fait payer ? 

Elle resta ainsi de longues minutes à sangloter avant de finir assise sur la tombe. Elle repoussa les quelques fleurs qui s'y trouvait au sol et se recula jusqu'au bout de la tombe afin de coller son dos à la sépulture. Elle voyait certains regards perplexe, de personnes venant visiter leur proches défunts mais elle ne bougea pas, ramena ses jambes contre son ventre et passa toute la journée sur la tombe de sa mère. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle somnolait quand la voix d'une personne familière la réveilla en sursaut. 

— Emmy ! Mais qu'est-ce que tu fais là, à dormir sur une tombe ! lança Roger, le marchand de fruits du marché.

Elle se leva et le serra dans ses bras. 

— Oncle Roger, ça me fait tellement plaisir de te voir ! 

— Les De Laberty t'on mise à la porte, c'est bien ça ? 

— C'est un peu plus compliqué que ça, mais en gros oui.

Il la serra brusquement dans ses bras.

— Roh, Emmy, mais pourquoi tu n'es pas venue me voir ? Allez viens, on va à la maison ! 

Elle secoua la tête de gauche à droite. Elle savait que lui aussi avait du mal à joindre les deux bouts et ne voulait pas être un poids pour lui. 

— Non, je dors à la plage et ça... me convient, mentit-elle. 

Il insista à plusieurs reprises mais Emmy était catégorique. 

— Laisse-moi au moins t'inviter à dîner ? 

Elle lui sourit et accepta volontiers.

Les maux d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant