3. Meera

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«Quel brouillard ! »

Le lendemain matin j'avais essayé de joindre Trey pour savoir comment il allait. Nous avions toujours été proches tous les deux. Ce n'est pas qu'on formait un clan dans la famille mais il était celui qui me comprenait et parlait plus facilement à moi qu'aux autres. Et moi aussi je le comprenais. En fait, j'étais un passe-partout. Mais je tombais sur sa messagerie. Cette messagerie stupide qui me faisait croire chaque fois qu'il avait décroché alors que non. Je ne sais pas comment il faisait pour nous avoir.
Je soupirais. Aujourd'hui était vendredi et normalement les vendredis les cours étaient moins stressants. Dans mon emploi du temps j'avais cours que deux heures seulement. Le reste des heures servait à faire nos courses, à se reposer et tout. Et vu que j'avais raté le cours d'hier, je devais impérativement y être, c'était la seule condition pour que Mlle Alice ne l'écrive pas dans le registre des absences. Elle avait compris mon problème lorsque je le lui avais expliqué. Elle était une sorte d'ange gardien et de conseillère. Elle avait suivi le désastre de la bourse de Allblue et compatissait vraiment au malheur de ma famille. Et je lui en étais reconnaissante.
J'avais encore quatre heures avant de me rendre au cours. Je me demandais ce que j'allais faire. Ma porte s'ouvrit aussitôt laissant entrevoir une tête brune de jeune fille assez lessivée.
C'était mon amie Alessa Kater, une fille de boss que ses parents avaient punie, en la mettant dans cette université qui certes avait un bon rendement mais avait un niveau de dangerosité à considérer. Je l'ai connue en première année. Elle était tout sauf snobe et jamais je n'aurais pensé qu'elle était la fille de deux juristes incroyables de ce pays. Elle était sympathique, généreuse, bref un ange. Mais un ange qui se révélait être plus tumultueux les week-ends. Du coup, j'avais compris pourquoi ses parents l'avaient sanctionnée de la sorte. Elle limitait ses sorties mais y était toujours à fond. Elle connaissait plus de gens que le directeur de cet établissement.

Je vois qu'on a eu une soirée bien arrosée ! Lui dis-je en voyant sa mine affreuse.

Parle moins fort s'il te plaît ! Me supplia-t-elle.

Tu rigoles ! Je ne cries même pas.

Ouais mais c'est tout comme ! Et si on célébrait la fête du silence, aujourd'hui ! Me proposa-t-elle en se couchant sur mon lit.

Elle n'existe même pas cette fête !

Maintenant si ! Je viens de l'instaurer. Mince ! Je n'aurais pas dû boire ce cocktail explosif.

Un cocktail explosif ? Arquais-je un sourcil. Tu m'expliques ?

À la soirée de Jeff, Line m'a défié de boire un cocktail concocté par Ismaël appelé "Explosion". Tu sais qu'il est "jusgiste"...
Je ris face à cette expression. D'où elle me l'a sortie encore ?

Il avait en idée de créer sa propre boisson. Alors je l'ai relevé. Elle était bonne, alcoolisée mais bonne. Seulement si j'avais su que j'aurais cette migraine de type "phoenix", jamais je ne l'aurais ingurgitée.

Sais-tu que tu peux me parler normalement sans tes expressions bizarres ? Le français simple et clair tu connais ? Riais-je à ses bêtises. Alessa avait des expressions pour définir le degré de difficultés ou d'impact qu'a une chose sur les gens ou sur autres choses. Le type "phoenix" est celui avant celui du loup, qui indique qu'un mal est bien plus fort et ne part pas comme ça, jusqu'à ce qu'on le prenne en charge. Elle avait encore d'autres types.

Et personne ne t'y a forcé !

Oui mais tu sais très bien que quand je ne relève pas un défi, je pète les plombs littéralement.

D'où l'explosion qui t'a été servie. La taquinais-je en riant. Je me dirigeais vers la salle de bain. J'entendis un "ah ah ah que tu es drôle" avant de recevoir un coussin sur la tête, ce qui me fit redoubler de rire.

Meera: Secrets De Famille - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant