Meera: Secrets De Famille - Tome 1

56. Meera / Stephen

"Drake Omiyale, disparu du système depuis quarante ans, à l'âge de quinze ans de l'orphelinat Guiraud. Aucune empreinte, ni action, ni transaction venant de lui...

Je sentis mon cœur battre affreusement fort dans ma poitrine, pendant que Stephen me tenait la main. J'ouvris le dossier avant de sentir que mes larmes se déversaient tels des torrents sur mes joues. Alors si ce n'était pas Michel Key qui avait vécu tout ce temps avec nous, comment et pourquoi les Key l'ont-ils couvert ? "

Meera

À quel moment de la vie arrivait-on à un tel bouleversement ? Comment était-ce possible de se retrouver à la fois dans une histoire d'inceste et de gang ? Avec pour seul responsable, son père ? Et quel père ?
Je me mis à ricaner nerveusement. Un père dont la véritable identité était inconnue au bataillon ! Il fallait être malade pour agir de cette manière. Ah donc ils existaient ces fêlés que je voyais dans les films ou séries policiers ! Chaque fois que je prenais un roman, et que l'histoire se passait avec un déroulement à dormir debout, je félicitais l'imagination fertile de l'écrivain qui l'avait écrite. Et je me disais que jamais en vrai ça ne se produirait. Pourtant, à vingt et un piges, je me retrouvais empêtrée dans une histoire... Mais IMPOSSIBLE !

Me voilà en train de me demander, le sens de ma vie ! Si toute ma famille n'était qu'une illusion, un mensonge, c'est que toute ma vie l'était. Il n'y avait qu'à voir à mon nom, qui n'avait aucune origine. Où était ma famille paternelle pour le coup ? Comme d'habitude, absente, inexistante ! J'avais tellement pleuré que j'avais fini toute desséchée. Je n'avais plus la force de pleurer. Et pourtant, je ressentais ce fichu mal, me maltraiter. Souffrance, oppression, désillusion !
Cette dure réalité m'enlevait petit à petit, cette vie que j'avais jusque là menée dans l'espoir d'un futur meilleur. Ce futur me paraissait bien trop utopique, là. C'est vrai quoi ! J'avais la menace d'une possible mort sur ma tête, entourée de gens tous aussi faux que des postiches. Trey était un menteur. Il m'avait caché ces appartenances à un gang. Stephen, Mateo, Fabiola, Shan, Ryo étaient pareils. Ma mère nous avait caché l'existence de sa famille. Ils savaient que papa n'était qu'un attardé mental qui faisait endurer les pires erreurs à sa propre fille.
Et moi qui aimais le suivre partout quand j'étais plus petite ! J'eus des sueurs froides rien qu'en y repensant. Il aurait aussi pu me faire mal. Comment ont-ils osé me faire ça ?

Bip ! Entendis-je à côté de moi, alors que j'étais assise dans un couloir assez lugubre. Je soufflais de haine. Ne pouvaient-ils pas me laisser en paix ? Trey avait essayé de me joindre, puis Alessa, maman, Dan puis Larry même ce menteur de Stephen. Mais qu'ils me laissent respirer !
Je décrochais à la énième sonnerie sans regarder, pensant que c'était Trey.

Mais vous allez me lâcher oui ! Criais-je.

Mais dis-donc, jeune fille, ce n'est pas poli de crier sur son interlocuteur de cette manière ! Me dit la même voix de la dernière fois. Je me figeais.

Et c'est dangereux de s'isoler pour réfléchir à ta pitoyable vie... Tu n'en as jamais vraiment eu, alors pourquoi te lamenter ? Pathétique !
Je me levais aussitôt, tremblante. Mon Dieu ! Il était là. Il m'avait suivi jusqu'à l'hôpital. Il savait où je me trouvais.

Comment... Vous savez où je suis ? Tentais-je tant bien que mal de paraître neutre. Il rigola froidement.

On s'en fout ! De toutes les manières, c'est assez évident et pas important !

Ce n'est pas possible ! On me surveille tout le temps et...

Ces minables chiens de chasse que tu as ? Tu appelles cela une surveillance ? Où sont-ils actuellement ? Vous nous sous-estimez, ma belle ! Et je n'aime pas ça !