34. Meera/ Stephen

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"Mal pourquoi es-tu si mal?"

Après avoir quitté la maison de mon père, je rentrais directement au campus. Je ne me sentais pas motivée pour suivre les cours de l'après-midi. J'étais dégoûtée de tout, je n'avais même pas envie de manger. Car à chaque fois que je cogitais, la scène d'ébats que nous avions surpris me revenait. C'était à l'image de cette mélodie qu'on se refusait de rechasser à longueur de journée mais qui ne faisait que vicieusement se coller à vous. Le chemin du retour se fit dans un silence de mort, seule la chanson de Geoffrey résonnait dans cet habitacle. Je ne savais pas ce que les autres pensaient de toute cette situation. Ils avaient quand même surpris mon père et ma sœur aînée dans une position si déconcertante, incompréhensible et horrible. J'avais si honte.

Pourquoi? D'abord ces personnes-ci étaient mes parents, ensuite je n'avais jamais expliqué ce qui se passait dans ma vie, ni dans ma famille aux garçons, et ce de manière détaillée. Alors autant pour moi, c'était un désastre; pour eux c'était plus un choc. Pourrais-je les regarder dans les yeux après ça? Je n'en avais pas la force. Même Alessa s'était terrée dans un mutisme surprenant, elle qui n'aimait pas qu'on reste aussi longtemps silencieux. Elle respectait ma douleur et c'était mieux ainsi. Lorsque nous arrivâmes au campus, elle fut appelée par sa mère qui voulait absolument la voir. Mais mon amie ne se réjouissait pas à l'idée de me laisser seule.

Vas-y je t'en pries! C'est ta mère et tu ne l'as pas vu depuis belle lurette, alors tu y vas. Le lui ordonnais-je.

Mais en es-tu certaine parce que...?

Allez ne la fais pas attendre! Je vais juste me reposer et en cas de besoin, je ferai signe. La rassurais-je tant bien que mal. Elle me regarda dans les yeux comme si elle pouvait me sonder et déceler un mensonge. Seulement mes yeux reflétaient tout autre chose. Je pense plus que je parlais plus par automatisme et fatigue. Plus rien ne me disait quelque chose en cet instant précis. Elle me confia donc à Stephen en l'admonestant de bien se comporter avec moi et de veiller sur moi. Ce dernier approuva puis me suivit ou pas... De toutes les manières, je ne remarquais plus rien. Mon but ultime en cette journée était de regagner ma chambre afin d'y verser toutes les larmes de mon corps pour avoir eu la pire nouvelle de l'univers.

Stephen

Que pouvais-je bien faire pour lui remonter le moral? Je souffrais de la voir souffrir à l'intérieur sans pouvoir y remédier. Car ce que nous avions découvert aujourd'hui, était bien plus qu'un malheur pour elle que pour nous. Franchement si j'avais découvert ma mère avec mon frère dans cette situation pareille, je crois que j'aurais fait des dégâts inimaginables. Il est sûr et certain que j'aurais frappé mon frère jusqu'à ce que cette douleur disparaisse. Et Dieu seul savait à quel point me mettre en colère pouvait être périlleux pour son auteur. Je n'arrivais pas à comprendre comment un père de famille pouvait être aussi inconscient, inconséquent et insouciant. Il était indigne d'être un tel exemple pour ses enfants. Penser à coucher avec sa propre fille! Mais il fallait être fou, non incommensurablement fou pour acter de la sorte. Se rendaient-ils compte ô combien cette découverte avait brisé Meera? Lorsque je l'ai connue, elle débordait d'une énergie, d'une rage de vaincre, d'une détermination sans faille. Tout cela constituait une espèce d'aura colorée autour d'elle qui attisait la curiosité. Ses yeux exprimaient sa personnalité, sa franchise, la vie. Même si l'on ne pouvait pas dire que la vie fut gentille envers elle, seulement malgré tout elle arrivait à transcender. Mais cette Meera était bien loin de celle qui était couchée nonchalamment sur son lit, prise de spasmes de pleurs avec sa tête enfouie dans son oreiller. Elle pleurait! Je ne l'avais jamais vu aussi dévastée. Je soupirais.

Que pouvais-je bien faire? Pour juste la voir sourire, ou rouler des yeux à mes remarques, ou rougir à mes côtés...Bref lui faire sentir une émotion différente que celle qui lui compressait le cœur. Je pouvais le sentir, sa tristesse était le reflet de mon angoisse, de mon inquiétude. Qu'est-ce qu'elle serait capable de faire si je la laissais pendant trois heures? Oui car la compétition allait commencer d'ici cinq jours et je devais me préparer. Mais aurais-je assez d'énergie pour m'y concentrer alors que je savais que celle qui commençait à m'importer bien plus que je n'avais pensé, souffrait? Je ne voulais pas qu'elle s'isole. Mon téléphone sonna, c'était Mateo qui m'appelait. Je vérifiais si elle n'avait pas bougé avant de m'éloigner dans le dortoir pour y répondre.

Meera: Secrets De Famille - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant