35 (4). Chefe

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"Los hijos de..."

Nous étions pourtant sûrs qu'il allait trépasser. Visiblement soit la Vierge était à ses côtés soit il avait une chance de dingue. Lorsqu'on regardait le sabotage de sa voiture, il était à 100% sûr qu'il n'y survivrait pas. Mais la vie en avait décidé autrement. Et c'était pour notre plus grand malheur. L'affaire avait été déguisée comme une erreur technique mais ça n'avait berné personne apparemment. Pourquoi? Et bien à cause de ses foutus Adeola qui avaient décidé de pointer leur nez. Pourquoi maintenant? Ça aurait été plus simple d'en finir avec le cadet Adeola et sa famille, si la meute ne s'était pas ramenée.

On était l'un de leurs nombreux ennemis tapissés dans l'ombre et n'attendant que le bon moment pour les expédier en enfer. Non seulement ils étaient puissants mais leur domination s'étendait jusque dans les hautes sphères de la racaille. Et là-bas c'était un monde immonde rempli de personnes malhonnêtes prêtes à tout pour obtenir ce qu'elles voulaient au détriment des autres. Notre organisation en faisait partie. Chez nous la loyauté était inconnue, sauf si on était dans la même équipe et même là encore. Nous évoluions dans le danger, en inspirant la peur, en faisant gémir les autres d'effroi. On régnait par la force, la cruauté, le sentimentalisme...on en avait que faire!

C'est dans cette mélasse répugnante et mortelle que nous y avions découvert les buffalos. Ce sont des hommes d'affaires puissants, totalement apathiques qui dirigeaient le domaine de la drogue, le trafic d'armes et même les prostitués. Enfin une partie...l'autre partie s'était détachée et avait réussi dans les affaires à moindre risque et transparentes. C'est pour dire combien de fois, ils étaient présents. Et moi particulièrement ça m'énervait. On ne pouvait pas être bon partout, merde à la fin! Dans les ténèbres, ils excellaient. Dans la lumière ils excellaient! Avaient-ils seulement un jour connu la défaite? Avaient-ils connu un grand deuil? La désolation? La déchéance? Non, bien sûr que non!
C'était plutôt cette famille qui causait bien des dégâts, des frustrations, des haines douloureuses à supporter mais tellement addictives.

Bref, quel est le rapport avec le sabotage? J'en viens.

Pour la petite histoire, les buffalos ou du moins les ancêtres buffalos étaient des maîtres qui dominaient des favelas au Brésil, Colombie dans un cartel appelé "La Casa". Ils s'y sont vite développés de sorte à faire régner la peur, la haine mais aussi une ère d'ouverture pour les narcos et autres fous alliés comme nous. Au départ, je les admirais mais tellement. J'avais eu envie de faire partie de leur cartel qui déchirait au temps du Senor Eyméric Adeola. Il inspirait le respect, la peur, la vénération, la masculinité en plein essor. Que ce soit dans les cartels, que dans les sphères de justice! Il avait l'intelligence pure et jamais rien n'était retenu contre lui car aucune preuve justifiait les accusations sur lui. Il avait toujours un sourire en coin qui n'atteignait jamais son expression faciale mais révélateur de sa folie.

On racontait au temps, qu'il avait eu une enfance horrible, que même les explications ne pouvaient retranscrire. Même lorsqu'on l'expliquait, on se sentait terriblement nauséeux, mal et très énervé. Bref, moi je l'ai connu au soir de sa vie mais qu'est-ce qu'il en jetait! J'avais même un jour pu jouer au football avec lui, par inadvertance bien sûr. Mon ballon s'était logé dans leurs assiettes au restaurant d'à côté. Ce jour-là ma mère était morte cent fois.
Gêner un baron de la drogue même aussi légèrement était passible d'exécution. Les gens du restaurant avaient détalé comme des lapins. D'autres demandèrent pardon, tandis que ses amis ou hommes riaient d'un rire terrifiant.
Ce dernier s'était laconiquement retourné vers moi, avec des pupilles qui exprimaient toute sa colère. Ses yeux qui étaient d'habitude bleus avaient viré au sombre et son sourire était digne d'un film d'horreur. Je peux vous assurer qu'idole ou pas, j'ai regretté de m'être trouvé dans le même lieu que lui. Mais au final, il s'était avancé et avait rigolé comme un gamin sous la surprise générale.

Quoi? Je ne vais pas le massacrer, lui et sa famille. Il jouait juste. Moi aussi j'adore le football. Tu me fais la passe? Avait-il dit tandis que son bras droit recrachait sa boisson sauvagement avec une quinte de toux qui suivit. Il semblait même s'étrangler. Eyméric le regarda avant de rire et de me sourire. Seulement je ne savais pas que ce sourire était pour l'être le plus infâme.

Les jours qui ont suivi se passaient bien. Je me faisais même entrainer par ses hommes. J'étais devenu son protégé. Je me sentais privilégié, si bien. Ma mère avait beau me dire de m'éloigner de ce monde, me taper, me gronder. Je n'en démordais toujours pas. Je devenais de jour en jour un caïd et la sensation de puissance me grillait petit à petit mon cerveau. Les Adeola étaient si magnigiques pour moi. Mais ma mère commençait à me parler des choses étranges, comme par exemple il n'était pas digne de confiance. Je ne la croyais pas, j'avais même demandé à Eyméric qui nia tout ce que ma mère disait. J'avais choisi de l'écouter. Pour moi il était comme un père que je n'avais jamais eu.

Je me considérais comme son fils, car même les plus grands criminels gardaient bien leur coeur, n'est-ce pas ? Puis un jour lors d'un envoi de recouvrement dans un hôtel qui devait beaucoup d'argent, Eyméric m'avait empêché d'y aller sous le prétexte que je devais gérer son bar. Au départ, j'avais été ravi de cette confiance qu'il m'accordait. Pour qu'Eyméric vous laisse la gestion d'un de ses bars ou autres, il fallait qu'il vous estime. Et c'est là que...

Chefe !!!
Je respirais brusquement avant de jeter mon mégot dans le bol sur mon bureau. Qu'est-ce que "nombre tres" me voulait ? Je me le demandais. J'espérais que c'était pour une bonne nouvelle.

Quoi ?

Disculpas pero Petro esta aqui ! Me annonça-t-il. (Excuse-moi mais Petro est là ?!). Je fermais les yeux, agacé. J'avais mieux à faire que de m'occuper d'un allié trop encombrant et qui se croyait intouchable. Il allait lui faire ravaler son égo quand j'aurais toutes les pièces maîtresses de l'affaire. Pour l'instant, on se devait de le supporter. Je savais que dans cinq minutes Petro Comelli allait ouvrir la porte avec fracas pour gueuler comme un porc sur le fiasco total de l'accident.

C'est une catastrophe tout ça ! Entendis-je. Qu'est-ce qu'je pensais tout à l'heure ?
Je me calais confortablement dans mon siège, un cigare en bouche et la mine énervée d'écouter un tel personnage.

Meera: Secrets De Famille - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant