Meera: Secrets De Famille - Tome 1

28. Meera

"Tu m'attires !"

Je repensais à cette phrase si simple mais pourtant remplie de choses émouvantes. Moi je l'attire ! Ça, si je m'y attendais. Et il me l'avait dit si calmement sans une once de moqueries, ni de malices. Je ne savais plus où me mettre, et j'ai préféré fuir. Est-ce que c'était réciproque ? Bien sûr, je me demandais même si ce n'était pas flagrant. Ça m'avait tant bouleversé que j'avais oublié ma discussion sur mon admission à la clinique que je voulais avoir avec lui.

Les garçons pouvaient bien feindre certaines émotions rien que pour obtenir ce qu'ils voulaient pour ensuite vous laisser idiote. Et lorsqu'ils n'ont rien, ils se foutent délibérement de vous. Je n'avais que vingt et un ans mais j'avais eu ma propre expérience. Et je ne voulais en aucun cas réitérer la déception amoureuse ou le chagrin. Je me passais l'eau sur le visage avant de respirer. Je n'allais tout même pas passer la journée coincée dans la chambre. Tôt ou tard je devais  l'affronter, autant le faire tout de suite.

Quand je redescendais, il était avachi sur le canapé en train de regarder un film. De là où j'étais il ne pouvait pas me voir, à moins qu'il ne tourne sa tête. Il avait allumé la télévision mais sa concentration allait du film à son téléphone. Ne sachant pas trop quoi faire, je pris mon courage à deux mains pour m'approcher de lui. Il ne remarqua pas ma présence tout de suite.
Je pris le temps de le regarder encore une fois. Dieu qu'il n'était pas moche ! Ce n'était pas le plus bel homme que j'avais vu sur cette terre. Pourtant, je restais muette face une telle bouille d'enfant mêlée à la dureté de l'âge. Si on m'avait dit que j'allais être attirée par un ressortissant, de surcroît aux origines latines, je n'allais pas y croire. Ses cheveux lui retombaient en cascade sur son visage. Ses sourcils formaient presqu'un pli tant il les avait froncé. Ce qu'il lisait ne devait pas lui plaire, car en plus de cela il soupirait et sa mâchoire se contracta.

Qu'y a-t-il ? Lui demandais-je intriguée. Une fois de plus, il soupira. Puis il leva ses beaux yeux éclatants de son téléphone et les reporta sur moi. Mon cœur se réchauffa. Ça y est ! Je sombrais petit à petit. Déjà à cette scène, j'étais à des années lumières de tout ce que je pouvais avoir comme soucis. Comment y penser lorsque j'avais un regard d'une telle intensité ? Je ne savais pas si c'était son teint ou ses cheveux terriblement noirs qui leur donnait cette intensité mais ça restait perturbant.

Ah t'es revenue ! Je croyais que tu me fuyais. Il me le dit avec une voix amusée. J'allais tomber dans son piège si je ne commençais pas à comprendre que c'était une manière pour lui de détourner le sujet vers un autre. Et là c'était vexant.

Tu sais si tu ne veux pas me dire, ce n'est pas un problème. Je demandais juste. Lui dis-je un peu froidement. Il haussa un sourcil surpris mais ne parla pas pour autant. Il se tendit de là où il était avant de me tirer à lui. Je manquais de m'écraser sur ses jambes mais, je me rattrapais avant de me caler contre lui, enfin avant que lui ne me cale contre lui. Je frissonnais à ce contact.

Ce n'est pas que je veuilles éviter ta question mais je n'ai pas très envie d'y répondre.

Et ça a un lien avec Harry ? Lui demandais-je curieuse. Je vis qu'il se crispa mais il se reprit rapidement.

Écoute on ne se connaît pas alors j'aime ne pas parler de ça avec toi. Ça ne te regarde pas.
Douche froide ! Je me dégageais rapidement de son étreinte avant de le toiser.

Très bien ! Ce fut seulement ce que je lui dis avant de m'éloigner de lui. C'était clair comme de l'eau de roche. Et qu'est-ce qui m'avait pris de lui poser une question aussi personnelle ? On n'était pas amis, et le rapprochement de tout à l'heure ne signifie rien pour lui apparemment. Sinon il aurait pu me répondre d'une autre manière. J'étais bête de penser qu'attirer voulait dire plus. Je me dirigeais vers la porte de sortie quand je fus soudainement stoppée.

Meera, je suis désolé ! Me dit Stephen visiblement triste.

Tu n'as pas à t'excuser, il n'y a rien entre nous même pas l'amitié. Aussi te demander des explications était déplacé.
Il fronça les sourcils vexé mais il hocha la tête sans se dégager.

Maintenant laisse-moi passer !

Non.

Non ?

Non !

Tu te fous de moi là, n'est-ce pas ?

Non.

Arrête ça Stephen, je n'ai pas envie de rester auprès de toi plus long...
Rapidement, je fus coincée sur celle-ci et j'entendis le clic de la clé.

Et si moi j'en ai envie Meera !?

Et...bien... Ça c'est ton problème pas le mien. Murmurais-je. Je me giflais intérieurement d'avoir ressenti des papillons voiler autour de moi. Fichue émotion !
Il avait son visage près du mien, trop proche. Je pouvais ressentir son souffle court sur moi et ça me procurait des sensations exquises. Si je ne me dégageais pas rapidement de moi, j'allais perdre le contrôle de moi. Et ce qui arriverait serait mal. Me préserver jusqu'à mon mariage était l'une de mes nombreuses ambitions dans ce monde de fous. Oui, j'étais encore pucelle, et j'avais l'intention de le rester. Mais ça n'allait pas se faire si je restais trop avec lui dans les parages. Lisant dans mes pensées ou dans mes yeux, il sourit.

Je ne te mangerai pas, promis. J'ai un contrat à respecter , mais vois-tu ça va être plus compliqué maintenant.
Quoi ? Un contrat ? Avec qui ? Je le regardais intriguée.

En plus, ce n'est pas parce que des jeunes l'ont brisé que je les suivrai. Pour le moment, je ne suis pas intéressé.
Je ne comprenais toujours pas de quoi il parlait. Voyant ma réaction, il sourit satisfait.

Il y a un temps pour toutes choses Meera. Et le temps de comprendre, me comprendre n'est pas encore venu. Mais par contre le temps d'arrêter de bouder contre moi et de me laisser me faire pardonner, tombe à pic.

Je n'eus même pas le temps de réagir, qu'il m'entraîna à nouveau au salon, nous faisant asseoir. Ensuite il cala sa tête contre mes pieds puis appuya sur Play sur le film qui passait à la télévision. Décidant de laisser mes interrogations pour une autre jour, je me détendis.