Chapitre 2 - Le blessé

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La jeune femme n'avait jamais couru aussi vite de sa vie. Arrivée à la maison, elle se rua vers la salle de bain et farfouilla bruyamment dans les tiroirs jusqu'à tomber sur l'ustensile qu'elle cherchait. Avant de repartir, elle attrapa à la volée un paquet de coton et du désinfectant.

De retour sur ses pas dans le sentier calciné, elle tendit à nouveau l'oreille. Rien.

L'homme -elle ne savait pas si c'était réellement un être humain, malgré une apparence similaire dans bien des caractéristiques-, reposait toujours à terre. Il n'avait pas bougé. Cette fois-ci, sa bouche était entre-ouverte. Il semblait très mal en point. Paniquée à l'idée d'assister à la mort de quelqu'un, Salomé s'activa.

Elle imbiba le coton de désinfectant, puis en appliqua une bonne dose sur la pince à épiler.

La jeune femme inspira un grand coup et approcha le coton de la plaie suintante de l'inconnu. Jamais auparavant elle n'aurait pensé être capable de rester stoïque face à une telle situation. Toujours grande abstentionniste des sessions de dissection au lycée, et adversaire des films gores, elle avait en horreur les émulsions de sang ou tout ce qui se rapportait de près ou de loin à de la chaire à vif.

L'homme ne réagit pas lorsqu'elle appliqua doucement le coton sur sa peau à nue autour de laquelle pendaient des bouts de sa combinaison. Salomé tapota les contours de la plaie pour enlever le sang et la terre. De sorte à se retrouver bien en face, elle s'allongea à plat ventre et coinça son téléphone pour qu'il éclaire la blessure. Les espères de bouts de verre qu'elle repéra, rayonnaient d'une lumière verte.

La jeune femme engagea timidement la pince à épiler vers l'origine de cette lueur et très vite, elle buta contre une matière dure. Salomé se mordit les lèvres et s'empara de la chose, puis tira d'un coup sec avant de laisser échapper un grondement sourd de terreur. Un imposant morceau de verre luminescent d'environ 4 à 5 centimètres ressorti de la blessure.

« Putain... Putain... », répétait-elle affolée. L'homme ne bougeait toujours pas.

En se penchant à nouveau, elle aperçut un second bout de verre. Ou bien était-ce de la roche ? Elle ne savait pas vraiment quel matériau composait cette chose. Sa deuxième tentative fut un succès. Cette fois-ci, le bout était plus petit.

L'inconnu bougea légèrement la tête en fronçant les sourcils.

« Ça va ? » Demanda-t-elle alarmée.

Lorsqu'elle reposa les yeux sur la blessure, elle poussa un cri d'exclamation. Les contours de la plaie étaient plus nets, comme si la guérison avait commencé.

« Qu'est-ce que... » murmura-t-elle pour elle.

« Loin... » lâcha l'homme dans un râle inquiétant avant de tenter de remuer. Salomé regarda les roches vertes entre elle et lui. Elle les ramassa, se leva, et fit quelque pas avant de les déposer plus loin.

Revenue auprès du blessé, elle remarqua que la plaie continuait de guérir. Jamais elle n'avait vu pareille chose. La nature n'était pas faite ainsi. Ce à quoi elle assistait était impossible, pour un humain. L'homme semblait respirer moins péniblement. Elle le regarda et ne ressentit aucune crainte. La jeune femme se pencha sur lui.

« Est-ce que vous pouvez bouger ? Il faut vous mettre à l'abri pour vous reposer ».

Sous le flash du téléphone, deux yeux bleus métallisés s'ouvrirent et la scrutèrent. Son regard la fit frissonner. Qui était-il ?

Au bout de quelques secondes, qui lui parut une éternité, il secoua la tête de manière positive et enfonça ses mains dans la terre tout en l'agrippant. Il tentait visiblement de se lever. Salomé s'approcha de lui et posa les mains sous ses aisselles pour l'aider. L'homme possédait une carrure herculéenne, et son assistance n'avait que peu d'impact sur lui. Après plusieurs grognements caverneux de sa part, ils réussirent à le mettre debout. L'inconnu la dépassait d'au moins deux bonnes têtes de hauteur et son physique était impressionnant, intimidant.

« Appuyez-vous contre moi », lui proposa-t-elle en passant un bras derrière son dos robuste. A son tour, il déposa son bras derrière la nuque de la jeune femme. Elle ressentit son poids et la dureté de son corps contre elle.

Ils peinèrent à arriver jusqu'à la maison. N'ayant pas la force de le monter dans la chambre d'ami à l'étage, elle l'installa sur le canapé du salon, assez grand pour pouvoir l'accueillir. L'homme déposa sa tête sur le coussin blanc, ce qui fit ressortir la couleur ébène de ses cheveux, parfaitement décoiffés. Salomé alla à la cuisine, remplit un verre d'eau fraiche, et le lui ramena. Mais l'inconnu avait déjà fermé les yeux et semblait s'être endormi. Elle laissa la verre sur la table près de lui.

Pour la première fois de la nuit, la jeune femme regarda l'heure sur le pendule. Il était 4 h 36. Refusant de dormir, elle fit un feu pour réchauffer la pièce, et se lova dans le fauteuil en face du canapé, puis, elle l'observa dormir. Son visage semblait paisible. Ses longs cils étaient fermés sur un autre monde. Sa main reposait sur son torse, là où se trouvait le S de sa combinaison. L'autre se trouvait près de son corps.

Des dizaines de questions s'entrechoquaient dans sa tête, la gardant éveillée un long moment. Finalement, ils n'étaient pas seuls dans l'univers ? Ou était-ce un soldat expérimental d'une quelconque armée... ? Était-ce un mutant ? Venait-il vraiment du ciel ? N'était-il pas simplement tombé d'un avion ou d'un hélicoptère ? Pourquoi était-il habillé de la sorte... Ses innombrables interrogations eurent raison d'elle, et elle sombra dans un sommeil noir.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant