Un avenir incertain

Chapitre 42 - Opération risquée

« On demande à vous voir », tonna l'homme en noir qui venait littéralement de la kidnapper. Il s'était assis côté passager près d'une femme au volant. Choquée, Salomé observât autour d'elle, réfléchissant comment elle allait pouvoir s'en tirer.

« Nous sommes les gentils », rétorqua la femme, en lui jetant un coup d'œil dans le rétroviseur.

« Le commandant Artier vous attend », poursuivit le grand chauve.

Artier était en Irlande ? Pourquoi ne le lui avait-il pas dit lorsqu'elle l'avait eu au téléphone ? La jeune femme fit le choix de patienter en silence. Ils roulèrent une grosse demi-heure et finirent par s'engager dans le quartier d'affaires de Dublin. La voiture s'engouffra dans un parking sous une tour et se gara. Puis, on lui fit prendre l'ascenseur. Etrangement, elle n'avait pas peur. Au contraire, elle bouillonnait intérieurement et comptait les minutes qui s'écoulaient depuis que Kal-El avait disparu.

Un homme à la stature d'un nageur et aux cheveux poivre et sel l'accueillit lorsque les portes s'ouvrirent au 22 ème étage. Son regard noisette se posa sur Salomé et s'éclaircit subtilement.

« Mademoiselle Froideval ! », s'exclama-t-il de sa voix bougonne.

« Artier ! », fit-elle à son tour. Elle eut envie de le prendre dans ses bras, mais s'en abstint. Ces choses-là ne devaient pas se faire au sein de l'armée. Cependant, une affection particulière la liait à cet homme qui avait été très présent une année auparavant. Il était aussi un des seuls au courant pour Kal-El, et, pour ainsi dire, le seul qui pouvait l'aider.

Il lui serra la main chaleureusement.

« Vous l'avez échappé bel. Des hommes d'Onix sont actuellement à votre domicile, vous vous êtes fait cramée », la sermonna-t-il doucement.

« Je n'ai pas pensé aux caméras », reconnu-t-elle, frissonnant à l'idée que des types étaient en train de violer son intimité.

« Vous avez sûrement sous-estimé Onix également. Ces mecs-là sont des coriaces. Bref. Asseyez-vous », lui dit-il en montrant le canapé du bureau dans lequel ils se trouvaient à présent.

« J'ai été mandaté par l'ONU pour régler le problème. Ils ne veulent pas d'esclandre. On doit régler ça entre nous, continua-t-il en s'appuyant sur le grand bureau de verre. Nous avons localisé les coordonnées GPS que vous nous avez fait parvenir. Bien joué par ailleurs, ajouta-t-il le coin de ses lèvres retroussé avant de reprendre un air sérieux. Ils le retiennent sur une petite île, au large de l'Irlande, où ils ont surement dû faire construire un laboratoire officieux. Pour la mission, l'ONU mandate une équipe de soldats bien entraînés. Nous partons dans la nuit ».

Surprise, Salomé cligna les yeux.

« C'est risqué ? »

« Vu le butin - pour eux je veux dire-, il faut s'attendre à une bonne ribambelle de mercenaires qui protège l'endroit ».

« J'espère que vous m'avez compris dans la mission »

Artier s'esclaffa.

« Je n'imaginais pas vous contredire. Dans la mesure où vous resterez sur le bateau, on devrait bien s'entendre. Il croisa les bras sur sa poitrine. Néanmoins, le fait qu'ils aient grillé votre identité est un problème que nous devons aussi traiter. Vous n'êtes plus en sécurité pour le moment ».

Salomé acquiesça, la mine saturnienne. Qu'allait donc devenir sa vie maintenant ? Elle était désormais liée aux Kryptoniens pour Onix, voire même la CIA et donc les Etats-Unis. Les laisseront-ont jamais un jour tranquilles ? Une vie paisible avec Kal-El lui sembla sur le moment soudainement impossible. Ils avaient été trahis dans leur propre vie privée, dans leur cercle proche, sans impunité. L'injustice de la situation lui donnait mal au ventre.