Chapitre 38 - Lily

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Après avoir déjeuner, la petite troupe pris la direction de la forêt pour une balade digestive.

Les premières semaines d'automnes paraient de leurs couleurs chaudes les feuilles des arbres. Un tapis de leurs feuillages morts parsemait les étroits sentiers par lesquels ils marchaient. Ils avaient embarqué avec eux des petits paniers pour récolter les marrons tombés de leur arbre et les timides champignons qui se tapissaient à l'orée des fougères. L'odeur du humus s'était répandu dans le sous-bois, et la mousse grimpait sur les hauts troncs des maîtres des lieux.

« Ouvrez les yeux, vous pourrez peut être apercevoir un sanglier, ou une biche! », chuchota Arthur.

Il leur avait dit de prendre garde. Malgré que le terrain fût son domaine, une querelle ancestrale se jouait avec ses voisins qui revendiquaient certaines parcelles de la forêt comme étant la leur. Ils leur arrivaient de pratiquer la chasse et de franchir les frontières tacites. 

Salomé pouvait voir les yeux de Kal-El observer la nature qui l'entourait, deviner la présence d'animaux et repérer avec une grande aisance les champignons les plus calfeutrés.

Alors que les autres étaient à quelques mètres devant eux et disparaissaient derrière les arbres, Kal-El attrapa soudainement Salomé par la main et lui intima de s'arrêter. Quelques petites veines se formèrent sous ses iris assombries qui faisaient des allers et retour autour de lui, analysant ce que la jeune femme ne pouvait percevoir. Il l'attira dans la forêt et ils firent quelques pas en s'enfonçant dans les fougères.

« Là », chuchota-t-il en pointant son doigt dans une direction, vers le cœur de la forêt. Salomé balaya le paysage des yeux sans trouver ce dont il lui parlait. Puis, subrepticement, le fourré bougea. Des bois émergèrent de la mer d'émeraude et la tête d'un cerf apparut aux yeux de la jeune femme. Celui-ci se figea, les observant de loin, méfiant.

« Il est magnifique », souffla-t-elle.

Le coin des lèvres de Kal-El se retroussa. Sans quitter l'animal des yeux, il se mit à avancer dans sa direction. Lentement.

Surprise, Salomé le regarda approcher le cerf qui ne bougea pas d'un poil. Ils se toisèrent quelques secondes, à un mètre l'un de l'autre, avant que Kal-El ne pose une main sur le haut de son crâne. Le roi des forêts courba aussitôt la tête, comme dans un signe d'allégeance. Bouchée bée, Salomé ne pouvait quitter cette scène étrange des yeux. Avait-il un lien spécial avec les animaux? Ou était-ce son regard qui envoûtait?

« What the fuck? »

Une voix féminine la tira de sa rêverie. Lisa se trouvait à quelques pas derrière elle, et contemplait la scène, les yeux plissés, dans un regard mi impressionné, mi résigné. La gêne que Salomé ressentit soudain n'était pas dû à l'animosité légère qu'elle éprouvait pour elle, mais plutôt à la sensation qu'en se trouvant là, elle venait d'assister à une scène qu'elle n'aurait pas dû voir.

Kal-El laissa partir le cerf sans se retourner, le regardant jusqu'à disparaître entre deux buissons. Puis, il tourna la tête vers elle. Ses iris brillaient d'une lueur noire.

« Un ami des animaux en plus de ça! », s'exclama Lisa.

Salomé remua légèrement sur place en se raclant la gorge. Le Kryptonien les rejoignit de ses grandes foulées. Un sourire crispé étira légèrement ses yeux.

« J'ai toujours beaucoup aimé ces créatures », dit-il simplement.

Ils furent coupés dans leur échange par Arthur qui trottinait vers eux.

« bah alors? Qu'est-ce que vous faites ? Vous traînez ? », plaisanta-t-il en donna une petite tape sur la haute épaule de Kal-El.

Ils achevèrent la petite balade et revinrent les paniers remplis à ras bord.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant