Chapitre 11 - Promesses

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Ils rentrèrent au quartier général sans encombre. Salomé avait trouvé une technique pour survivre à la vitesse lumière, et en était fière. Seulement, son voyage sur Terre ne lui avait pas permis d'obtenir de réponses quant à sa famille. Elle ne cessait de se répéter qu'ils devaient être enfermés chez eux, comme le reste des Terriens, et qu'ils étaient en sécurité. Et elle réussissait presque à se convaincre. Les Kryptoniens n'avaient pas l'air de commettre d'exactions contre son peuple, Sélène l'aurait vu lorsqu'elle sondait l'esprit du soldat. D'ailleurs, elle avait interrogé Rhodri à ce sujet et il lui avait appris que les Oyessadiens, du moins, certains d'entre eux, possédaient la faculté de sonder les esprits, mais également de manipuler les connexions neurologiques. C'est pour cela que l'homme était tombé raide mort après s'être fait inspecter le cerveau. Glaçant.

Personne n'avait parlé pendant le repas. Rhodri avait préparé une sorte de Ratatouille locale haute en couleur à base de légumes sucrés et salés et de féculent compact qu'ils appelaient ici le doloc. Puis, chacun était retourné à sa chambre. Le lendemain, Kal-El irait parler au gouvernement pour plaider sa cause. C'était leur job, à Rhodri, Kal-El et Sélène, d'empêcher les Kryptoniens de nuire à Oyessa, et s'ils réussissaient à fabriquer plus d'armes pour les envahir, ce n'était pas bon pour eux.

Après avoir enfilé ce qui lui servait de pyjama - la tunique en voile avec laquelle elle s'était réveillée l'avant-veille- Salomé s'allongea sur le lit, éreintée. Elle se passa les mains dans les cheveux en étirant son buste et ses jambes qu'elle frotta contre la toile douce de la couverture. Glyn avait inspecté sa cheville, et l'avait guéri, grâce à la faculté des Oyessadiens de maîtriser avec les connexions nerveuses.
Salomé inspira profondément. Sélène n'avait pas dormit avec Kal-El. Kal-El semblait avoir repoussé Sélène. Elle se surprit à laisser son esprit vagabonder dans ces flots de pensées. Ils étaient bleus. Bleu abyssal. Pénétrants, envoutants, mystiques, ces yeux. Salomé repensa à la proximité plaisante qu'elle avait partagé avec Kal-El, un peu plus tôt dans la journée. Elle se tapa la tête de la main en réalisant qu'elle était en train de glisser dans la pente houleuse de l'attirance. Mais elle ne pouvait le nier. Cet homme la fascinait depuis l'instant où elle l'avait découvert dans le champs à côté de chez elle. Elle roula sur le ventre et enfouit son visage dans l'édredon moelleux. Depuis sa toute petite enfance elle avait été captivée par la magie, par ce que la science ne pouvait expliquer dans son entièreté et ses aspérités. Le cerveau, l'inconscient, la mort, l'univers. Ça avait toujours été une évidence pour elle, que les humains n'étaient pas les seuls à exister dans l'univers. Pourquoi seraient-ils l'exception ? Ils n'étaient sûrement pas le centre de toute chose, comme ils auraient voulu le croire. Salomé n'était pas surprise. Pas au fond d'elle. Bien sûr, toutes ces découvertes, cette aventure, ce qu'elle vivait la chamboulait, bouleversait ses propres constructions, repères, et croyances. Mais c'était comme si, enfin, tout prenait place. Que le vide, l'absence étaient finalement comblés.

La musique de Nick Cave, « Into my arms » s'incrusta dans sa tête et déversa ses paroles :

« I don't believe in an interventionist God, But I know, darling, that you do, But if I did, I would kneel down and ask Him. Not to intervene when it came to you
Oh, not to touch a hair on your head, Leave you as you are, If he felt he had to direct you Then direct you into my arms.... Into my arms, oh Lord ».

Elle ouvrit les yeux. Une ombre était apparue sur sa droite. Elle volait, au-dessus du balcon. La haute silhouette de Kal-El se découpa dans le ciel constellé d'étoiles. Salomé repoussa ses draps, et s'avança à sa rencontre, les battements de son cœur résonnants contre ses tempes. Il se tenait droit, comme à son habitude. Il ne s'était pas changé et arborait toujours sa tenue d'humain. Le Kryptonien amorça sa descente lentement jusqu'au sol ferme. Les traits tirés, il semblait plus sombre que d'habitude. Il la regarda finir de venir à lui. Elle ne dit rien, et s'immobilisa à quelques mètres. Quelques boucles de ses cheveux ébènes caressaient son front blanc. Le coin de sa bouche muette se plissa. On aurait dit qu'il luttait intérieurement contre quelque chose.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant