Chapitre 16 - le calme avant la tempête

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Le poignet de Salomé s'engourdissait à cause du poids de son visage sur sa main. Assise dans un fauteuil près du lit où reposait Kal-El, elle luttait péniblement contre le sommeil. Elle s'était assurée que Rhodri et Sélène étaient en sécurité. Ces deux-là se trouvaient dans une autre pièce, encore endormis. On les avait bien piégés. L'Oyessadienne allait probablement sortir de ses gonds une fois réveillée. Salomé secoua mollement son bras pour chasser les fourmillements et soupira. Sur qui pouvaient-ils réellement compter ? Est-ce qu'ils étaient menacés sur Terre ? N'allaient-ils pas être chassés comme par le passé ?

Elle tressaillit au son du grognement de Kal-El. Son front blanc se plissa et deux iris céruléennes s'ouvrirent sur Salomé. Il se redressa laborieusement sur son avant-bras, et la regarda, d'une façon qu'elle jugea méfiante.

« Tout va bien », crû-t-elle bon de dire. Ses rides de mécontentements ne se lissèrent pas pour autant. Il se leva et déploya sa haute silhouette.

« Tu n'y es pour rien, murmura-t-il, durement. Comme s'il avait décerné l'état de tourmente dans lequel elle se trouvait. Il observa le grand mur qui jouxtait le lit. Ce sont ceux qui se cachent derrière ces dalles qui devraient apprendre à recevoir d'une meilleure manière ».

A ces mots, on toqua à la porte et le commandant Artier entra. Son regard toisa le colosse avant de passer furtivement à Salomé.

« Kal-El, nous sommes sincèrement désolés », déclara-t-il, d'un ton bourru. Bien qu'il parût sûr de lui, un malaise semblait planer quelque par au fond de ses cordes vocales.

« Où est le reste de mon équipe ? », demanda froidement Kal-El.

« Justement, ils se réveillent, pourriez-vous... »

« Aller les rassurer ? », le coupa-t-il. Il se dirigea vers lui et Artier lui fit signe de le suivre. Ils disparurent dans le couloir. Lorsqu'elle les rejoignit, le regard furieux de Sélène s'abattit sur elle. Kal-El leur parlait tout bas, une main sur l'épaule de chacun. Artier se tenait à l'écart, mal à l'aise. Salomé devina pourquoi Sélène la fusillait du regard. Sans doute parce qu'elle s'était retrouvée à veiller sur lui.

Mais sa fureur était bien évidemment à attribuer également à cet accueil des plus effroyables.

Lorsque Kal-El eu terminé de s'entretenir avec eux, il se retourna vers Artier, les sourcils arqués.

« Veuillez- me suivre s'il vous plaît », adressa le commandant à leur attention. Ils s'installèrent autour d'une table ronde, dans la petite pièce de surveillance à côté. Le Français demanda au Kryptonien d'expliquer officiellement la raison de leur venue, et Kal-El lui raconta toute l'histoire. Salomé l'observait, de l'autre bout de la table, les mains nerveuses. Elle admirait le stoïcisme de l'homme, ça façon de laisser glisser les choses sur lui, sans s'énerver. Mais sa froideur avait une résonnance et un passé.

« Nous sommes navrés pour le déroulement des dernières heures, croassa Artier. Le ministère des Armées vous présente ses plus sincères excuses ». Comme Kal-El ne répondait pas, il ajouta :

« Pouvons-nous désormais envisager de... Collaborer sur cette affaire ? ».

Salomé sourcilla. Cette « affaire » ? Il lui semblait qu'il aurait pu utiliser tout autre mot possible pour décrire l'invasion des Kryptoniens dissidents sur Terre. Les yeux de Kal-El acceptèrent et les épaules d'Artier semblèrent se détendre légèrement. Il hocha la tête, reconnaissant.

« Avez-vous un... Un plan ? », demanda-t-il.

« Nous ne nous serions pas jetés dans la gueule du loup si tel n'était pas le cas », répondit calmement Kal-El. Le militaire opina de la tête en signe de respect, et continua de la scruter, impatient.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant