Un avenir incertain

Chapitre 41 - Onix

Salomé retourna son appartement à la recherche des clés de sa vieille voiture. Elle allait fouiller dans le tiroir de sa table de chevet quand son tibia buta violemment contre le coin escarpé de son lit. Un hurlement s'échappa de sa gorge et elle se laissa aller sur le plancher de sa chambre. Des dizaines de jurons coulaient à flot de sa bouche alors qu'elle se massait la jambe. Puis, elle le vit. Le petit objet doré qu'elle avait pu apercevoir auparavant entre les mains de Kal-El. Celui qu'il utilisait pour joindre ses hommes, à travers l'univers. Délicatement, elle s'en empara et l'examina. Devait-elle faire appel à Luther et les autres pour venir le sauver ? N'était-ce pas prendre un risque qu'une nouvelle guerre n'éclate ? Elle regretta presque instantanément de l'avoir trouvé.

Elle convergea vers la commode et soupira. Les clés étaient là. Le manteau sur les épaules, elle gagna sa voiture et pris la direction de l'adresse qu'elle avait trouvé sur internet, l'étrange objet en poche.

Salomé roula une bonne heure avant de se garer sur le bas-côté de la route juste avant l'entrée d'un parking entourant un vaste immeuble en verre. Au-dessus de la porte cochère, « Onix » était estampillé en grosses lettres noires. Les mains sur le volant, Salomé réfléchit à toute vitesse. Lisa savait qui elle était, si elle entrait comme ça, elle se ferait repérer. Ne valait-il mieux pas attendre les nouvelles d'Artier ? Le fait qu'elle ait fait tout ce chemin révélait une fois de plus son impulsivité. Elle était l'unique responsable de la présence sur Terre. Il avait, par le passé, été trahi par les siens, et voilà que cela recommençait. La jeune femme haït les humains du plus profond de son cœur. L'histoire se répétait.

Tout à coup, une idée lui traversa l'esprit. C'était peut-être sa fenêtre d'opportunité. Elle farfouilla au fond de son sac avant de tomber sur ce quelle cherchait. Bingo. Son ancienne carte de journaliste. Il fallait échafauder un plan béton. Pourquoi serait-elle intéressée par ce labo en particulier ? Elle fouina sur internet à la recherche des actualités de l'entreprise. « Onix se lance dans le vaccin contre le Sras-22 », lut-elle. Le monde, à l'aune d'une nouvelle pandémie partie de Chine, se préparait à accuser le coup de centaine de milliers de morts. C'était l'occasion.

Tremblante, elle composa le numéro de l'accueil du laboratoire.

« Bonjour, secrétariat d'Onix à votre écoute »

« Bonjour, Salomé Froideval journaliste pour le Monde. J'écris un papier sur la recherche de vaccin contre le Sras-22, et je serais très intéressée par une interview avec quelqu'un de votre laboratoire. J'ai entendu dire que vous étiez à la pointe de l'industrie et que vos recherches et collaborateurs étaient très prometteurs ». Les louanges qu'elle faisait au labo lui donnaient la nausée.

« Ne quittez pas, je vais transmettre votre demande au service communication ».

Un air de piano raisonna dans le combiné. Salomé reprit son souffle. Elle avait été obligée de donner son vrai nom, car celui-ci figurait sur sa carte de presse. Mais il était peu probable que Lisa ait vent de sa demande de journaliste.

« Bonjour, nous serions intéressés par votre requête, répondit cette fois-ci un homme. Quand seriez-vous disponible ? »

« Dès que possible »

« Très bien, dans ce cas je peux vous proposer demain en fin de matinée ? »

« C'est parfait ! A demain ».

L'adrénaline bourdonnait dans ses tempes. Dans quoi s'était-elle lancée ? Elle reprit la route jusqu'à chez elle et passa le reste de la journée à peaufiner son plan. Il fallait, d'une manière ou d'une autre, qu'elle parvienne à le retrouver.

Le lendemain matin, elle passa dans une boutique de perruque et acheta une perruque brune aux cheveux courts en carré plongeant. Elle se prépara une bonne heure pour ressembler le moins possible à la personne que Lisa avait pu connaître, et reprit la route, son sac de reporter sur l'épaule. Sur le parking, la portière de sa voiture claqua étrangement derrière elle. Elle composa le numéro d'Artier.