Chapitre 40 - Disparition

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Salomé huma longuement l'air frais du jardin brumeux. Les arbres, à moitié dépouillés de leurs feuilles, s'érigeaient vers le ciel et semblaient transpercer les nuages bas. La forêt en face d'elle s'était assombrie et le brouillard s'était épaissit. La bise sournoise et glaciale d'hivers lui égratigna les joues. Moïra et Rose s'affairaient dans la cuisine et terminaient de préparer le repas. Sean et Arthur s'occupaient de Rose.

Salomé plissa les yeux, tentant de distinguer les ombres à travers les fourrés. Kal-El était parti depuis une bonne heure déjà. Avec ses capacités, le bois devrait être pourtant vite trouvé... Elle amorça un pas vers le sentier qui menait aux arbres, mais elle se figea. Après tout, il était un grand garçon, elle devait arrêter d'angoisser dès qu'ils étaient séparés.

Une gourmande odeur de gratin parvint à ses narines lorsqu'elle referma la baie vitrée derrière elle. Un sentiment étrange la traversa alors qu'elle jetait un dernier coup d'œil dehors. Une sensation vaguement dérangeante. Elle retourna dans la cuisine et tenta de se dérider.

« Tu n'aurais pas vu Lisa ? », l'interpella Moïra, les mains plongées dans l'évier.

« Non », bredouilla Salomé.

« Bizarre, elle m'avait dit qu'elle m'aiderait à préparer le repas ».

Mue par le malaise qui s'amplifiait, la jeune femme partit à la recherche de la grande blonde. Elle ne trouva aucune trace d'elle. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. Elle la revit penchée sur Kal-El, un sourire enjôleur sur les, lèvres. Elle se rappela ses regards insistants. Du ton mielleux de sa voix.

Salomé dévala les escaliers, attrapa son manteau, et sortit. Ses pas, pressés, s'enfonçaient dans l'herbe humide. Où était-il ? Où était-elle ? Etaient-ils ensemble ? La jeune femme secoua vivement la tête, refusant de penser au pire, alors qu'elle dépassait les premiers arbres de la forêt. La brume tapissait les sentiers aussi elle failli trébucher à plusieurs reprises sur des racines dissimulées. Elle marcha, marcha. Elle l'appela. Les appela. Mais seule sa voix résonnait à travers ce paysage de nature morte et austère. Elle s'engagea au cœur du bois, se laissant absorber par le moindre bruit et la moiteur de l'atmosphère. Une peur sourde lui glaçait le sang. Ce n'était pas normal. Quelque chose clochait.

Alors, elle se mit à courir en rebroussant chemin, priant pour que l'intuition qui lui tordait les boyaux n'en soit qu'une, et qu'elle allait les retrouver à la maison, confortablement installés autour de la table. Les minutes défilèrent, son souffle se fit plus rare. Elle ouvrit la porte à la volée, s'engouffrant dans la maison, le cœur battant.

« Kal ? Li... Lisa ? », bafouilla-t-elle, les joues rouges, hoquetant d'avoir couru trop vite.

Le visage inquiet d'Arthur apparut à l'angle du salon.

« Ils ne sont pas là », dit-il les sourcils froncés.

« Je suis allée les chercher dans le bois, j'ai cherché partout, mais je ne les ai pas vu ».

Moïra les rejoignit dans le salon suivi de Rose.

« Ça fait un moment qu'ils sont partis... C'est bizarre ».

« Je l'appelle », déclara Arthur en sortant le téléphone de sa poche. Il resta un moment l'objet collé à l'oreille, puis, réitéra l'opération. Rien. Pas de réponse. Salomé l'imita, mais le téléphone de Kal-El sonnait dans le vide.

« Ils sont peut-être partis acheter le pain », proposa Sean, qui les avait rejoints.

« Il y a tout ce qu'il faut, on est allé faire les courses hier », répondit Moïra, comme pour elle-même. Elle releva le regard vers elle. Il doit y avoir une bonne explication, ils se sont peut-être perdus ! ».

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant