Chapitre 9 - Andrée

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Le bruit de leurs pas sur l'asphalte de la route qui traversait le village semblait assourdissant. Ils avançaient, attentifs à leur environnement, tendant l'oreille au moindre son. Volets et portes fermés leur faisaient une haie d'honneur. Ils s'étaient mis d'accord sur la priorité de découvrir si les habitants étaient au courant de la présence des Kryptioniens sur leur sol. Ils n'avaient pas l'air d'avoir de plan établi et semblaient avancer à tâtons. Ils étaient en repérage et ne pouvaient pas simplement se jeter dans la gueule du loup. Ils se feraient massacrer. Rhodri avait supputé que Melchior avait sans doute dû appeler du renfort. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent finalement dans ce qui devait être le bourg : la place centrale, où trônait l'église et les petits commerces restants.

« Qu'est-ce qu'on fait ? marmonna Rhodri dans sa barbe. La nuit va bientôt tomber, il faut qu'on trouve un endroit où dormir. On aurait dû mieux calculer, le temps de revenir au vaisseau... ». Kal-El, concentré, fit courir son regard tout autour de lui.

« Il y a une dame qui nous épie, dans la maison aux volets bleus », déclara-t-il, lentement. La demeure à laquelle il faisait référence se trouvait dans l'angle de la place. Un petit jardinet séparait le portail de la porte d'entrée. Salomé fronça les sourcils. Elle ne voyait personne. Sélène, Rhodri et Kal-El se regardèrent et s'engagèrent dans cette direction. Elle les suivit, intriguée.

Kal-El posa un doigt sur la sonnette, et attendit. Rien ne se passa. Il réitéra l'action, en laissant cette fois traîner la pression.

« Excusez-moi, il y-a quelqu'un ? Tenta Salomé. Nous sommes désolés de vous déranger... Nous... nous sommes allés camper dans la forêt ces derniers jours, et nous n'arrivons pas à joindre notre autre ami qui doit venir nous chercher ». Elle venait tout juste d'inventer cette histoire. Il fallait rassurer. Après tout, ils ne savaient pas si les villageois avaient eu vent de l'apparition des Kryptoniens, mais aux vues de l'ambiance il était fort à parier que oui. Et voilà qu'une bande de quatre personnes dont deux colosses débarquaient de nulle part dans leur village...

Après quelques secondes, la porte d'entrée grinça. Un visage entouré de long cheveux blancs apparut sur le seuil.

« Bonjour Madame », continua Salomé, un grand sourire aux lèvres. Elle les jaugea de son perchoir, puis, leur fit signe de venir.

Ils s'exécutèrent et la vieille dame les fit entrer chez elle.

« Il ne vaut mieux pas rester dehors par les temps qui courent », commenta-t-elle d'une voix chevrotante. La femme devait avoir bien entamé les 70 ans. Sa peau, ridée, était incroyablement blanche. Comme un vieux parchemin.

« Vous n'êtes pas au courant ? », enchaina-t-elle en refermant la porte à double tour derrière elle. Salomé prit l'air surpris.

« De quoi devrions nous être au courant ? ». La dame leur fit signe de la suivre et les entraina dans un salon aux allures coquettes où était disposée une longue table en bois vernie. Elle leur intima de s'y asseoir.

« Eh bien, des grands hommes venus du ciel ! », s'exclama-t-elle en les dévisageant un par un et s'arrêtant quelques secondes de plus sur Rhodri et Kal-El. Ce dernier, les bras croisés sur la table, se racla la gorge et répéta :

« Des hommes venus du ciel ? ». La vieille femme acquiesça.

« Ils nous ont coupé toute notre internet ! s'écria-t-elle en faisant de grands gestes. Ils sont passés à la télé, ils ont dit qu'ils cherchaient quelqu'un, et qu'ils étaient intéressés par notre terre ! Ça a foutu un sacré souk ! Vous comprenez, les gens ont peur, ils se barricadent chez eux, ils n'osent plus sortir de peur de tomber sur l'un d'eux ! Depuis trois jours on n'a plus aucun contact avec l'extérieur. Plus rien ne marche ! ». Son visage inquiet creusait les ridules de son front, craquelant sa peau.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant