Un avenir incertain

Chapitre 20 - "Tu as peur?"

Kal-El ne se réveilla pas. Quatre jours plus tard, aucun signe d'amélioration n'était à constater. Le soir du réveil de Salomé, le commandant Artier avait rendu visite à la jeune femme dans sa tente. Il lui avait expliqué plus précisément ce qu'il s'était passé. Il lui avait raconté qu'à bout de force, Kal-El avait simplement réussit à empêcher Rhodri de lui faire plus de mal, et à informer Glyn qu'il venait de remonter le temps. Il s'était alors écroulé, et depuis, il ne s'était pas relevé.

« Je n'imagine même pas la force et la puissance que ce... Cette action requiert, lui avait confié Artier. C'est tout bonnement inhumain. Changer le court du temps, j'imagine que cela a un prix ».

Salomé ne pouvait penser à autre chose. Il lui avait sauvé la vie, mais, à quel prix ? Pourquoi avait-il fait ce choix ? Était-elle si précieuse à ses yeux ? L'aurait-il fait pour quelqu'un d'autre ? Oui, probablement pour Rhodri s'il ne l'avait pas trahi. L'aurait-il fait pour Sélène ? Possible, oui. Il était dans sa nature de se sacrifier, de penser à autrui, et de jouer les héros. Mais la vérité c'est qu'elle aurait voulu y croire, croire que ce geste n'était pas purement désintéressé. Croire qu'il y avait réellement quelque chose de plus fort.

Le quatrième jour après cet évènement, la pression sur les épaules de Salomé commençait à peser lourdement. Kal-El ne se réveillait pas, les médecins ne pouvaient fournir aucun diagnostique- une telle chose n'était jamais arrivée avant-, et les Kryptoniens dissidents commençaient à s'impatienter. Il ne semblait rester que peu de temps avant que les esprits de s'échauffent vraiment et que la situation dégénère. Cela ne pouvait pas durer éternellement. Salomé se surprenait même à adresser des prières le soir, avant de se coucher. Elle n'avait pas pu revoir Kal-El depuis, sa femme le lui interdisant formellement. En parallèle, la jeune femme rencontrait quelques difficultés à digérer la trahison de Rhodri. Lorsqu'elle repensait aux moments qu'elle avait passé avec lui, à son accueil chaleureux quand partout ce n'était que froideur hivernale, son ventre se nouait.
Ses journées se ressemblaient horriblement. Le seul moment qui lui réchauffa le cœur fut lorsqu'elle pu appeler ses parents pour les rassurer et se rassurer elle-même par la même occasion. Sinon, le cendrier devant sa tente se remplissait à vue d'œil, et la vie du commandant Artier n'avait plus aucun secret pour elle.

Elle décida au quatrième soir de retourner voir Kal-El.

« Qu'est-ce que je cherche au fond ? Je crois vraiment que c'est ma présence qui lui fera un choc et qu'il se réveillera grâce à moi ? », pensa la jeune femme en scrutant les allées et venues de Sélène. Elle passait ses nuits près de lui, et ne le quittait que pour aller faire sa toilette ou manger un bout. Pendant trois jours, Salomé avait obéi. Elle l'avait laissé tranquille, et n'avait même pas tenté une approche pour le revoir. La rousse avait, semble-t-il, légèrement baissé la garde. Elle en profita et s'engouffra dans la brèche qu'elle laissa derrière elle lorsqu'elle rejoignit son frère, commandant des armées Oyessadiennes- dont le camp jouxtait celui des Terriens- pour aller manger.

Une petite lumière éclairait faiblement l'espace, comme lors de sa première visite. Kal-El n'avait pas bougé, la nuque reposant toujours sur l'oreiller. Salomé s'assit sur le bord du lit près de lui et lui pris la main. Froide. Inanimée. Puis, elle posa une main timide sur son torse, à la frontière entre le drap et sa peau blanche. Le contact sibérien la fit frissonner. Allait-il un jour se réveiller ?

« Kal-El », murmura-t-elle.

Le Kryptonien ne l'entendait pas, elle en était sûre. Salomé fit glisser sa main dans son cou, puis sur sa joue avant de repousser quelques mèches noires. Ses yeux, scrutant avec une telle concentration son visage endormi, tressaillirent lorsqu'ils virent ses lèvres bouger.