Chapitre 43 - Le goût du sel

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Une fois ouvert, trois petites spirales dorées se formèrent dans l'habitacle épuré de l'objet Kryptonien. Les milliers de poussières qui les composaient se mirent à danser au gré de la voix grave qui raisonna soudain.

« Kal-El ? », interrogea-t-elle d'un ton sépulcral.

Salomé rapprocha mécaniquement la chose de son visage et parla distinctement.

« Ce n'est pas Kal-El, c'est Salomé Froideval. Qui est à l'appareil ? »

Un court silence s'installa entre eux.

« Luther. Salomé, que se passe-t-il ? ».

La jeune femme poussa un bref soupire de soulagement.

« Kal-el a des problèmes. Il faut que tu viennes l'aider. Il est retenu dans un laboratoire sur une île en Irlande, et on lui fait subir... Des choses horribles »

« Je t'ai localisé »

« Il y a des hommes armés, une vingtaine je dirais, Artier est venu à son secours mais ils ne font pas le poids »

« Entendu. J'arrive avec quelques hommes »

« Luther ! Ils ont de la Kryptonite... »

« Ça tombe bien, on est armé maintenant ».

Les particules se figèrent à nouveau, puis, retombèrent dans le réceptacle carré de l'objet.

Combien de temps allaient-ils mettre pour arriver jusqu'ici ? Salomé reporta son attention sur Kal-El. Sa grande silhouette se contorsionnait, écorchée, sur le drap blanc tacheté de son sang. Artier en était venu aux mains avec un homme masqué, et les restes de sa troupe n'en menait pas large. Les scientifiques jetaient régulièrement des coups d'œil vers le sas, mais les petits impacts de balles sur le verre de leur labo révélaient leur nature indestructible. Démunie, la jeune femme se prit la tête entre les mains. Elle refusait de voir une seconde de plus son... homme souffrir. Elle ne pourrait le supporter.

C'est alors qu'elle aperçut une autre porte, du côté opposé de la pièce de verre où était détenu Kal-El. Salomé ouvrit la porte et s'engouffra à son tour dans le SAS, empruntant la petite passerelle qui faisait le tour du second entrepôt. Les cris des soldats et des coups envahirent soudain son champ de vision et son espace vital. Rapidement elle rejoignit l'autre côté de la salle et descendit à terre. Par chance et entre temps, les combats s'étaient déplacés ailleurs dans les souterrains.  Elle avisa une blouse blanche, posée à l'extrémité de la rambarde de l'escalier et l'enfila. Puis, elle s'avança vers la porte arrière de la cage de verre.

« Tiens, tiens », l'interpella une voix derrière elle.

Un homme d'une quarantaine d'année, de petite taille, sortit d'une petite porte sous l'escalier, la rejoignit. Ses yeux la détaillaient grossièrement. Trois colosses armés marchaient sur ses pas.

« C'est vous. C'est vous la fille de la vidéo »

Salomé le regarda, interloquée. Elle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer.

« C'est vous qui vous êtes faufilée dans le bureau du CEO et qui avait fouiné partout ». Il s'arrêta à un mètre d'elle et jeta un œil à la scène derrière elle où Kal-El subissait le pire des sorts.

« Vous avez perdu votre langue ? », ajouta-t-il, le ton mielleux.

« Relâchez-le », souffla-t-elle. L'homme ricana.

« A cause de vous mon équipe doit se dépêcher et bâcler le travail... C'est regrettable. Vous voyez, c'est un peu de votre faute finalement. Si l'on avait eu plus de temps pour envoyer et étudier les précieuses analyses de ce spécimen, nous aurions pu le ménager. Quel gâchis. Mais il est hors de question qu'un autre labo ou pays ne s'en empare. Il est à nous ». Ses yeux sombres brillèrent sournoisement sous le néon blafard du plafond.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant