Un avenir incertain

Chapitre 14 - Le don

Le lendemain, Kal-El avait déserté. Rhodri et Salomé avaient reçu une missive dorée contenant une invitation pour le mariage royal.

« Cet après-midi », s'était écrié Salomé en lisant le message.

« Tu veux sauver ta planète ou bien ? », avait plaisanté Rhodri, mais son léger rire s'était effacé pour laisser place à un plis serpentant son front. Il avait ajouté :

« Oui... Kal-El a dû faire pression sur Otis pour ne pas perdre de temps ».

La jeune femme avait ressenti le besoin de prendre l'air et s'était retrouvée dehors en fin de matinée. Cette fois, elle s'enfonça plus loin dans la ville que les deux fois précédentes. Au bout de ses pas, un immense bâtiment se dressa devant elle. Curieuse, Salomé poussa la grande porte en bois et entra. L'intérieur était sombre, tapis de pierre fraîches. Une odeur de roche mouillée parsemait son chemin alors qu'elle passait devant plusieurs pièces fermées. Un grand jardin, comme dans les cloîtres de sa planète la stoppa dans sa visite. Un homme était assis face à un vieil homme qui portait une longue robe blanche. Puis, elle jeta un coup d'œil environnante, et le même scénario se répétait avec des personnes différentes. Un vieil homme vêtu d'une longue toge couleur crème s'avança vers elle. Il la regarda, attendant visiblement qu'elle lui donne la raison de sa présence.

« Je... Je voulais savoir ce que vous enseigniez », demanda-t-elle.

« Ce que chacun souhaite », répondit-il simplement en penchant légèrement la tête sur le côté, un demi sourire compatissant sur les lèvres. Quelque chose lui disait qu'il avait entendu parler d'elle. En voyant le visage perplexe de Salomé, il ajouta :

« Présentement, nous nous préparons au prochain combat. Il lui fit signe de le suivre, et elle lui emboita le pas. Plusieurs salles défilèrent sous leurs yeux, et la même vision que celle du cloître s'offrait à elle. Ce sont de futurs soldats que vous voyez. Comme vous le savez sûrement, la guerre est une discipline que nous avons laissée derrière nous depuis de longues décennies. Pour aider votre planète, nous devons réapprendre ».

« Réapprendre à vous battre ? », demanda Salomé.

« Précisément, approuva le vieil homme qui s'arrêta devant une salle. Comme précédemment, une femme se trouvait debout, les mains jointes sur les tempes d'un homme assis en tailleurs. Leurs yeux étaient fermés. On aurait dit qu'ils communiaient. Nous utilisons notre technique ancestrale de manipulation des fluides pour déceler chez nos sujets le don qu'ils possèdent, et pour le leur inculquer en très peu de temps ». Salomé fronça les sourcils.

« Comment ça ? »

L'homme se remit à marcher, et entra dans la salle vide d'à côté.

« Je vais vous montrer ». Il lui fit signe de s'asseoir, comme l'homme derrière le mur. Une fois assise, il posa ses paumes de mains sur le haut de son crâne et ferma les yeux.

« Faites le vide dans votre esprit », requerra-t-il. Quelques secondes passèrent, et la jeune femme tentait tant bien que mal de chasser toutes ses fougueuses pensées de sa tête.

« Un archer », dit simplement le vieil homme.

« Pardon ? », demanda bêtement Salomé, de plus en plus confuse par la tournure que prenait la situation.

« Le tir à l'arcest votre don ». Sa réponse laissa la jeune femme pantoise. L'arc ? Jamais elle n'avait touché à un arc... Sa réflexion la mena à un souvenir qu'elle avait, jusqu'alors, enfoui dans sa mémoire. Elle se souvint soudain d'un tournoi de tir à l'arc auquel elle avait participé lorsqu'elle était enfant, et qu'elle avait remporté, bien qu'elle n'eût jamais pratiqué la discipline auparavant. Mais c'était bien là le seul lien qu'elle avait avec cette arme.