Un avenir incertain

Chapitre 29 - épisode terrien

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, une décharge électrique parcourut l'ensemble de son corps, de ses pieds à la racine de ses cheveux. Avait-elle rêvé? Elle bascula la tête sur le côté. Une masse sombre étendue près d'elle répondit à sa question. Le souffle régulier, Kal-El semblait dormir profondément, allongé sur le dos, la main sur le torse, l'autre enfouie sous l'oreiller de Salomé. Le soleil n'était pas encore tout à fait levé c'était le petit matin, et son corps était plongé dans l'obscurité. Seul son visage était fendu par un rayon de lumière filtrée par les volets qui venait caresser ses paupières bombées. Sa tête, tournée vers elle renvoyait un sentiment de sérénité. Salomé soupira de contentement. Il était bien réel. Ce qu'ils avaient vécu l'était également. A cette pensée, son ventre se contracta et lui procura une sensation délicieuse. Elle se mordit les lèvres. Il était revenu. Il ne l'avait pas oublié. Il l'avait retrouvé.
Une voiture klaxonna en bas de chez elle, et les sourcils de Kal-El se froncèrent légèrement. Sa gorge émit un petit son grave, et ses yeux s'ouvrirent à son tour. Leur lumière bleue inonda le visage de la jeune femme et un sourire endormi étira ses lèvres symétriques. Il cligna des paupières et expira longuement avant de rouler sur le flanc et de l'attirer contre lui.

« Tu as bien dormi? », demanda-t-il d'une voix ensommeillée.

« Oh oui, murmura-t-elle, et toi? ». Son sourire s'élargit subrepticement.

« Je crois que ça faisait une éternité que je n'avais pas si bien dormi, merci », marmonna-t-il avait d'embrasser tendrement les lèvres de Salomé. Il voulu s'éloigner, mais elle passa une main derrière sa nuque et l'empêcha de rompre ce contact si plaisant. Il rit contre ses lèvres et la serra un peu plus contre lui en pivotant sur son coude. Elle s'éloigna enfin, à contre cœur, pour l'admirer. Ses boucles noires, en pagaille, formaient des épis près de ses oreilles, de sa nuque et sur son front. Son regard portait toujours la trace du sommeil, mais sa bouche offrait un sourire enjôleur. Il se tenait appuyé sur son coude, face à elle, ce qui faisait ressortir son impressionnante musculature. Elle pouvait deviner le reste de son corps, caché sous le drap blanc. Le cœur de Salomé fondit. Elle détourna le regard. Elle ne voulait pas qu'il voit à quel point il l'a troublait et il l'a chamboulait. Elle ne savait pas vraiment s'il était là pour rester où simplement pour une visite de courtoisie. Elle ne pouvait et ne voulait pas trop lui donner d'elle même.

« Où est-ce que tu vas? » sa voix de contrebasse raisonna à ses oreilles comme du miel.

« Moi? », demanda-t-elle interloquée.

« Oui, toi. Il posa sa main sur la joue de Salomé. Tu as la méchante manie de te dérober à moi quand quelque chose te tracasse ». Il lisait en elle beaucoup trop précisément, s'en était perturbant.

« Non », bredouilla-t-elle en sentant ses joues rougir.

« Si, insista-t-il. Mais je ne peux pas t'obliger à me parler ». Il bascula sur le dos, une main derrière la nuque et fixa le plafond. Elle s'allongea a son tour près de lui. Leurs corps se touchaient presque. Elle pouvait sentir sur sa peau la chaleur qui irradiait du sien.

« C'est juste que... que je ne sais pas à quoi ça mène », avoua-t-elle d'une traite. Le silence qui s'en suivit l'inquiéta. Elle redoutait tellement d'entendre ce qu'elle ne voulait pas entendre. Elle avançait à tâtons, ne voulant pas paraître trop entreprenante, trop exigeante.

« Tu veux dire... commença-t-il la voix basse. Que tu regrette? ». Sa question lui coupa le souffle.

« Non... »

Il se releva brusquement pour la sonder, s'appuyant sur son coude une nouvelle fois. Une lueur étrange miroitait dans ses iris assombries.

« Non? Alors, pourquoi me poses-tu la question ? »