Chapitre 10 - "On rentre"

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Une douce lueur réveilla Salomé. Encore ensommeillée, la jeune femme ouvrit les yeux vers la source de cet agréable chatoiement. Un flot de fleurs roses s'étendait devant elle, par la fenêtre. Des milliers de petits pétales provenant de deux grands cerisiers illuminait la chambre de leurs couleurs poudrés. Le soleil venait d'amorcer son élévation, et irradiait de ses premiers rayons l'efflorescence des arbres fruitiers. Puis, son regard chuta sur le lit de Sélène qui dormait à poings fermés. Elle n'avait pas dormi avec lui, pensa Salomé.

Sans faire de bruit, elle enfila ses vêtements et se faufila dans le couloir. Elle descendit les escaliers et s'arrêta à l'avant dernière marche, net dans son élan. Des voix lui parvenaient.

« Tu ferais mieux de venir chez moi en attendant. Je pense pas qu'ils soient commodes ces gaillards-là ». C'était une voix masculine.

« Pourquoi tu les as appelés Ludo ? », Salomé reconnu la voix d'Andrée. Son cœur se serra lorsqu'elle comprit de quoi ils parlaient.

« Ils ont dit de les prévenir dès qu'on trouvait quelque chose de louche, lui répondit la voix bourrue. T'en vois souvent des hommes comme eux, qui se baladent dans la nature, surtout en ce moment ? ».

Le sang de la jeune femme se glaça. Elle manqua de butter contre la marche au-dessus d'elle lorsqu'elle remonta à toute vitesse les escaliers. Salomé se dirigea vers la porte du fond en courant mais la poignée se déroba sous sa main et elle bascula en avant. Des bras puissants la rattrapèrent et l'immobilisèrent contre le mur attenant, avant de plaquer une main sur sa bouche. Kal-El lui fit signe de se taire. Ses prunelles s'étaient assombries et bougeaient dans leurs orbites. Sa paume tiède contre sa bouche relâcha la pression. Il se trouvait presque contre elle, les sens en alerte. Il les avait sentis. Ils étaient là. Ses iris s'immobilisèrent un instant pour regarder Salomé. Une odeur musquée arriva au nez de la jeune femme.

« Ne bouge pas », lu-t-elle sur ses lèvres.

Kal-El se décala légèrement vers la porte. Ses yeux, d'un bleu d'encre la seconde d'avant, s'étaient teintés d'un rouge vif, alimentés par de petites veines visibles. La jeune femme écarquilla les yeux. Enfin, elle voyait les caractéristiques inhumaines de cet homme. Un premier rayon carmin l'aveugla momentanément, et elle se couvrit les yeux des mains. Des cris rauques retentirent dans le couloir. Lorsqu'elle pu voir à nouveau, elle aperçut Kal-El suivit de Rhodri descendre les escaliers. Deux hommes étaient à terre, transpercés.

Il lui avait sommé de ne pas bouger. Mais elle ne pouvait pas rester là à ne rien faire. Sélène débarqua dans la chambre, habillée, un sac à dos sur le dos.

« On va passer par la fenêtre », commanda-t-elle. Elle l'ouvrit en grand et grimpa en s'agenouillant sur le rebord.

« Attends-nous-en bas », lâcha-t-elle avant de sauter. Salomé monta à son tour sur le rebord. L'Oyessadienne avait déjà disparue. Un cri terrible retentit depuis le jardin. « Andrée ! » paniqua la jeune femme qui prit son courage à deux mains et s'accrocha à la gouttière pour descendre. Mais le mécanisme était trop fragile et son poids trop lourd. Le plastique se détacha, entraînant avec lui Salomé qui atterrit mal sur son pied gauche. Elle s'écroula par terre, le visage dans l'herbe. Mais elle n'avait pas le temps de se lamenter, aussi, elle se releva coute que coute et clopina en grimaçant vers l'entrée principale de la maison. Sous ses yeux, Sélène surgit d'un bosquet et assomma avec un baton de bois le Kyptonien qui tenait en otage Andrée. Kal-El et Rhodri se trouvaient devant lui, les mains tendues. L'homme s'écroula en lâchant la vieille femme qui tomba avec lui.

« Andrée ! », cria à nouveau Salomé en s'élançant comme elle pouvait vers elle. Rhodri ficela le Kryptonien alors qu'elle l'aidsait à se relever.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant