Chapitre 12 - Ultimatum

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Comme ils étaient revenus de la Terre en pleine nuit, ils dormirent jusqu'é début d'après-midi. Au réveil, les lunes monumentales, plus poreuses, étaient descendues dans le ciel et plongeaient dans l'horizon. Salomé gagna la salle de vie et y trouva Rhodri qui lisait sur une sorte de persienne très longue. En la voyant, il lui sourit.

« Si tu as faim, je te conseille de grignoter quelque chose, mais ne mange pas trop, on est invité chez le roi pour le dîner », annonça-t-il avant de reprendre sa lecture. La jeune femme attrapa un fruit bleu dans une corbeille et croqua dedans. Le jus était frais et liquoreux. Elle crut reconnaître le gout du caramel.

« Donc, si je comprends bien, c'est ce soir que ça se joue », analysa-t-elle en se laissant tomber sur le fauteuil en face de l'homme qui acquiesça de la tête.

« On est où ici en fait ? », interrogea-t-elle, curieuse. Il leva une nouvelle fois les yeux de son livre.

« C'est le QG. C'est là où je vis avec Kal-El. Sélène vit au Palais. Salomé hocha la tête. J'espère que tu as quelque chose à te mettre sur le dos pour ce soir ! », s'amusa-t-il. Il s'esclaffa en voyant le minois sérieux de la jeune femme.

« Il faut te trouver une robe blanche. Dans le Palais, il n'y aucune autre couleur tolérée. Je connais une échoppe qui pourra nous dépanner ».

Ils descendirent en ville et Rhodri l'amena dans la boutique dont il lui avait parler. Dedans, des centaines de tissus s'amoncelaient les uns sur les autres. Là une dentelle écrue, ici une soie rose saumon. Plus loin une longue capeline égayait un tas de tissus plus terne de sa couleur ocre.  La tenancière l'entraîna dans le fond du magasin, où se trouvait un grand miroir orné de fresques de guerriers.

« Il nous faut quelque chose de royal », indiqua Rhodri, un sourire entendu qui soulevait les creux de sa bouche.

La femme farfouilla dans une étagère, tira sur un rouleau coincé derrière des bricoles, et déroula sous leurs yeux un tissu ivoire, de minuscules saillies en forme de soleil semblaient y avoir été brodées. Après avoir fait partir l'homme, la gérante demanda à Salomé de se déshabiller et passa le tissu autour d'elle. Ce n'était pas du lin, c'était plus doux. La femme composa un col bateau, resserra la robe à la taille à l'aide de bout de tissus enchevêtrés, et laissa le vêtement cascader jusqu'à ses pieds. En plusieurs tours de main et en quelques temps, la jeune femme obtint une robe sur mesure. Elle n'en croyait pas ses yeux. Cette femme venait de créer une œuvre d'art en peut-être deux heures de temps, avec un seul tissu.

« Ce tissu fait des merveilles, commenta Rhodri qui venait de revenir dans l'arrière-boutique. Il est tissé par leurs anciens et provient d'une plante qui ne pousse que dans un seul champ d'Oyessa, là où repose le corps de leurs ancêtres guerriers. On dit que c'est eux qui nourrissent la fleur dont il provient ». Solennelle, Salomé se regarda quelques instants. Ses longs cheveux bruns ruisselaient sur ses épaules découvertes par le col bateau. Les bandelettes de tissus serrant sa taille donnaient un aspect antique à sa robe, vénérable. Elle avait l'impression d'être Athéna. Sa peau, tannée par les premiers soleils du printemps, faisait ressortir l'ivoire du vêtement, et lui rendait hommage.

« Elle est magnifique », remercia-t-elle.

« On y va ? On va être en retard », l'interrompit Rhodri dans sa rêverie. Il avait eu le temps de se changer et arborait une longue tunique sur un pantalon de la même fabrique. On aurait dit qu'ils se rendaient à un mariage.

« Mais, je... Je n'ai pas de quoi payer », s'alarma-t-elle soudain. A aucun moment elle n'avait pensé à de détail.

« Pas de panique, la rassura-t-il. Ce tissu n'a pas de prix. Il est royal. Chaque personne qui en a besoin pour se rendre au Palais peut en bénéficier ». Epatée, Salomé le suivit à l'extérieur où un petit vaisseau les attendait. Celui-ci ne pouvait accueillir que deux personnes. Elle s'installa à côté du Kryptonien et boucla sa ceinture. C'était comme être dans une voiture volante. Ils décolèrent en direction du Palais.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant