Chapitre 22 - Annonce funeste

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« Nous pourrions en venir à bout », exposa Artier, alors que Kal-El marchait vers le vaisseau fraîchement atterrit du roi d'Oyessa. Ils sont privés de leur chef et en effectif réduits, pourquoi ne lançons-nous pas l'assaut, nous sommes quasi certains de remporter... »

« Je ne veux pas exterminer mon propre peuple », rétorqua froidement Kal-El.

« Que t'arrive-t-il, tonna Aeden en lui barrant brusquement le passage. Tu voulais des hommes, tu voulais te battre, que te faut-il de plus ? ».

« Il y a une brèche, je le sens, expliqua-t-il, en fronçant les sourcils, irrité. Sans Melchior, il y a une chance pour que cette guerre cesse enfin »

Salomé les suivait de loin, réfléchissant à 100 à l'heure. Depuis le début, pensa-t-elle, l'objectif de Kal-El n'était pas de réduire en poussière la partie rebelle de son peuple, mais bien de faire tomber leur chef et de réussir à les convaincre d'abandonner cette rivalité. Trouver un compromis, se battre pour une réunification. C'est ce que son père aurait voulu. Au fond, ce qu'il souhaitait, c'était que les Oyessadiens et des Kryptoniens réunis, puissent vivre en paix de façon égalitaire et fraternelle. Main dans la main. La fin justifiait-elle les moyens ? Un mariage de façade ? Peut-être. Une guerre pour se débarrasser de ses frères dissidents ? Certainement pas. Comment pensait-il convaincre Otis ? Celui- ci ne lui céderait pas sa place si facilement... Un mal de crâne s'abattit sur elle à force de cogiter. La porte du vaisseau s'ouvrit, et le vieux roi drapé de blanc descendit les marches à leur rencontre. Il posa un regard intrigué sur le Kryptonien.

« Fils ! », le salua-t-il en posant une main de fer sur l'épaule de Kal-El bien plus haute que lui.

« Otis, merci d'être venu. J'ai à te parler »

« Très bien. Mais d'abord, où est ma merveilleuse fille, Sélène ! Appela-t-il. La rousse alla à sa rencontre et ils se prirent dans les bras. J'espère que ton mari te traite comme il se doit ! ». L'Oyessadienne lui adressa un sourire timide pour toute réponse. Kal-El la considéra, le visage impassible.

« Je ne t'ai pas appelé pour parler de notre mariage, reprit-il d'une voix grave. Melchior est mort ».

« C'est une excellente nouvelle ! », s'exclama-t-il.

Salomé commençait à trouver cet homme de plus en plus antipathique. Il était un mélange de dédain, d'hypocrisies, et de manipulations. Kal-El opina de la tête à sa place en posant à son tour une main sur l'épaule du vieillard.

« Allons dans la tente ». Les deux hommes s'éloignèrent et finirent par disparaître derrière la grande toile sombre. Ils s'isolèrent une bonne heure. La nuit s'était installée depuis un bon moment, réveillant les petites chauves-souris qui venaient danser entre les habitations du campement. Salomé commençait à trouver toute cette attente très longue, et ne se sentait plus vraiment à sa place. Bien sûr, la Terre était impliquée dans toute cette histoire, mais seulement parce que les intrigues s'étaient déplacées géographiquement sur son sol. Pour le reste, elle n'avait pas son mot à dire.

Otis fut le premier à sortir. Kal-El le suivit de près. Une ombre empêchait de distinguer leurs visages, mais au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient d'eux -Artier, Aeden, Sélène attendaient tous les trois autour d'une table, silencieux – Salomé devina que la discussion n'avait pas été favorable à Kal- El. Son visage semblait encore plus insondable que d'habitude. Otis, lui, souriait.

« Bon, bon, bon, s'écria-t-il, guilleret en se frottant les mains. Sélène, Aeden, nous rentrons ». Un silence de plomb retomba aussitôt. Le cœur de Salomé avait cogné un gros coup contre sa poitrine.

« Comment ça père ? », s'exclama Sélène, ahurie. Elle qui n'avait jamais été heureuse de participer à ce combat, paraissait ne pas être de son avis.

Un avenir incertainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant