Chapitre 35 - Tendresse

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Kal-El et Salomé regagnèrent la Terre le cœur plus léger.

Sur la route pour regagner l'appartement de Dublin, les passants se retournaient sur les habits blanc immaculé du Kryptonien. La lumière qui en émanait contrastait avec le ciel gris et morose irlandais. Un sourire inaltérable collé aux lèvres, le grand brun n'avait pas l'air d'y prêter attention. Il serrait dans sa main celle de la jeune femme et contemplait, les yeux grands ouverts, la nouvelle vie qui s'offrait à lui.

« Tu veux fêter ça avec une petite pinte ? », lui proposa-t-elle.

« Volontiers ! », s'exclama Kal-El. Ils se dirigèrent vers le premier pub de leur chemin et allèrent commander au bar deux pintes de blonde.

« Salomé ? »

L'interpellée se retourna pour faire face à John, un sourire bienveillant aux lèvres. Il avala les mètres qui les séparaient et l'enlaça avec ferveur.

« Je me suis inquiété, tu ne répondais plus à mes messages ! », la réprimanda-t-il, le souffle court. Salomé lui tapota le dos et se détacha de son étreinte. Le regard de son ami bascula vers la haute silhouette de Kal-El et s'écarquilla légèrement. Celui-ci le toisait de haut, les sourcils froncés.

« John, je te présente Kal-El. Kal-El, voici John ».

L'irlandais lui décocha un sourire timide accompagné d'un mouvement de tête. Kal-El ne cilla pas.

« Enchanté », ajouta John d'une voix hésitante, qui attendait visiblement un signe de sa part ou une explication de Salomé.

« John est un ami que je me suis fait durant mes études, et nous nous sommes retrouvés ici, par hasard », crut-elle bon d'expliquer en voyant les traits du Kryptonien se tendre.

« Je suis le copain », adressa-t-il à John en lui tendant la main. Une fugace grimace de la part de l'Irlandais indiqua à Salomé que la pression de la poignée de main avait été plutôt coriace.

John coula un regard interloqué à la jeune femme.

« C'est tout nouveau », s'excusa-t-elle.

« Pas tant que ça », rétorqua Kal-El.

« Si, ça l'est », trancha Salomé. Elle sentait que le Kryptonien tentait d'asseoir son territoire. Bien que cela fut touchant, la situation était quelque peu gênante. Bien qu'elle n'aurait pas dû l'être.

« C'est cool, commenta John, dans un sourire rapide. Je dois y aller, je vous dis à un de ces quatre ! ». Il prit congé et Salomé et Kal-El allèrent s'installer à une table.

Après avoir bu une longue gorgée de son verre, le Kryptonien s'adossa à sa chaise, les mains sur les cuisses, le regard planté dans celui de Salomé.

« Est-ce que... Qu'il s'est passé quelque chose avec ce type ? »

Salomé manqua avaler de travers sa gorgée.

« Non, absolument pas »

Il l'observa un moment, guettant les expressions de son visage.

« D'accord, convint-il. Tu sais, tu peux tout me dire ».

« Je sais », répondit-elle en souriant.

« En tout cas, tu ne lui es pas indifférente », ajouta-t-il avant de boire à nouveau dans sa pinte.

« C'est un ami »

« Excuse-moi. Je n'ai pas l'habitude, souffla-t-il en se rapprochant d'elle. Je ne sais plus comment réagir face à un danger »

« Ce n'est pas un danger, crois-moi », le rassura-t-elle en posant une main sur la sienne. Il l'attrapa et entrecroisa leurs doigts pour que leurs paumes se touchent.

« Tu sais que tu me rends vulnérable », lui murmura-t-il, ses yeux bleus profondément ancrés dans les siens. Elle lui décocha un sourire timide avant de se noyer dans son verre. Un rire grave éclata en face d'elle.

« C'est touchant à quel point tu n'es pas à l'aise avec les compliments »

Elle leva les yeux au ciel avant de rire avec lui. Ils terminèrent leurs verres et rentrèrent à l'appartement.

Ereintés de leur périple, ils s'allongèrent sur le lit tous habillés, et Salomé posa sa tête sur le large torse de Kal-El qui passa une main dans ses cheveux pour les caresser. Ils s'endormirent en quelques secondes, bercés par la présence apaisante de l'autre.

Ils passèrent la journée du lendemain au lit. Sous les draps, ils continuèrent de se découvrir avec tendresse, fièvre et émotion. Le corps puissant du Kryptonien était un refuge, un plaisir et une arme. Le gout de ses lèvres, de sa peau, l'adresse de ses mains, de ses gestes, son souffle brûlant dans le cou de Salomé... Elle aurait pu rester dans ce sanctuaire des jours et des jours. Sur ce matelas était entrain de naître un bonheur infini. Il n'y avait que lui. Que l'odeur de sa peau, de ses cheveux. Que le bleu sibyllin de ses yeux qui la contemplait, la désirait. Et sa bouche, si douce, tantôt farouche. Ils n'étaient sortis du lit que pour boire et grignoter un plat de pâtes. Ils n'avaient besoin de rien d'autre. Se suffisaient.

Le soir était tombé. On entendait la pluie derrière la vitre qui tombait à grosses goutes sur la ville. Seule une bougie et les lampadaires de la rue éclairaient l'antre de leur abandon. Kal-El, la tête appuyée sur un coude, effleurait la bouche de Salomé du pouce en la couvant du regard. Ses boucles sauvages encadraient son visage pâle. Collée à lui, la jeune femme se laissa bercer par ses yeux. Elle entrouvrit les lèvres pour embrasser le pouce qui les caressaient. Il se pencha sur elle et pressa lentement ses lèvres sur les siennes en s'attardant. La douceur du geste fit frissonner la jeune femme.

« Je t'aime », laissa-t-elle échapper, avant d'écarquiller les yeux de surprise, puis de honte. Elle sentit le feu lui monter aux joues et détourna le regard.

Un léger rire rocailleux se déversa à côté d'elle.

« Enfin », souffla-t-il.

Elle prit une mine outrée, ce qui le fit encore plus rire. Il retint son visage qui voulait encore se dérober pour le maintenir face à lui.

« Et moi je t'aime comme un fou. Depuis le début ! »

Elle bascula sur le flanc pour l'enlacer.

« Tu me rends heureux », lui chuchota-t-il à l'oreille.

« Toi aussi »

Elle embrassa l'angle de sa mâchoire, la barbe naissante de ses joues, et s'empara avidement de sa bouche. Il la serra fort contre lui.


Un petit chapitre tendresse, parce que ça fait du bien parfois!

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