CHAPITRE DIX-NEUF

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Lana

    Lorsque nous apparaissons, c'est devant un parc pour enfant, je reste sans voix. Je pourrais considérer qu'il est étrange de voir ce lieu intact comme s'il avait échappé à cette Apocalypse, mais ce n'est pas plus étrange que cette rune dessinée dans le sable représentant de multiples cercles entrecroisés les uns aux autres.
Michael me prend par le poignet, et me tire vers quelqu'un assit au banc? juste à côté du bac à sable.
     — Que fais-tu ici, Michael ?
     — Je dois voir Père. Nous avons une déserteuse. J'aimerai qu'il lui touche un mot.
— Il a l'air occupé. Ne le faites pas attendre.
     L'Archange hoche la tête et m'entraîne avec lui dans le bac à sable. Je décide alors de le suivre silencieusement, en entrant dans son jeu. Une fois dans la rune, chacune des bordures se mettent à briller, et je sens que je suis emportée loin de cet endroit. 

    Je ne peux m'empêcher d'être surprise, lorsque je me rends compte que nous sommes dans un grand couloir blanc. Certes la couleur des lieux est divine, mais j'imaginais plutôt un style français des années dix-sept-cent, en blanc avec une tapisserie ancienne et des dorures partout. Comme quoi, il ne faut jamais faire confiance aux idées reçues.
     — Je me trompe, ou tu as l'air déçue ? me demande Michael, en se tournant vers moi. 
     — Je ne dirais pas déçue, mais seulement surprise. Je ne  m'attendais pas à un tel endroit.
     — Ne dis pas ça à Père. Ce n'est pas quelque chose qui risque de lui plaire. Il n'aime pas que l'on critique son œuvre. Il a certes donné à ses protégés le libre arbitre, mais étant à moitié ange, tu pourrais avoir des ennuis.
     J'avale ma salive péniblement, et hoche la tête.
     — Suis-moi, c'est par là.
Je prends une grande inspiration, et suis l'Archange à travers les couloirs. Il y en a tellement, avec tellement de portes différentes !
     — Pourquoi il y a écrit des noms dessus ?
     — Ce sont les différents paradis de chaque personnes de cette planète. Chaque Etre-Humain à son propre paradis.
     — C'est ce que je vois. Alors chaque paradis est personnel ? Je pensais qu'on serait tous réunis au même endroit et qu'on flânerait ici et là...
     — Encore une idée reçue, sourit Michael amusé. Si tous les hommes étaient réunis au même endroit, ils pourraient comploter contre Père, et bonjour l'anarchie. Je te rappelle que certains résidents sont des Chasseurs.
     — Et les anges ? Où vont-ils quand ils meurent ?
     — J'ai cru que tu ne me poserais jamais la question.
     — Et l'idée de me le dire avant que je ne le demande, ne te serait pas venu à l'esprit ?
     Il hausse un sourcils, amusé.
     — Nuls doutes, tu es bien ma fille. Mais je serais prêt à parier que ta mère était aussi effrontée que toi.
     — Sans doute. Mais tu n'as pas répondu à ma question.
     — Nous ne venons pas ici, lorsque nous trouvons la mort. Nous allons dans le Néant. C'est une partie des enfers qu'on ne peut pas visiter. Étrangement, même mon frère Lucifer, s'est bien gardé d'essayer de posséder cet endroit. Lorsqu'on y entre, on n'en sort jamais.
     — Je crois avoir lu un truc à ce sujet, dans les archives des Winchester.
     — Vous avez des archives sur ces lieux ? Pas mal ! Ça veut dire que quelqu'un y est allé et en est revenu. Nous y sommes.
     Il s'arrête devant une grande porte lumineuse, et se tourne vers moi.
     — Essaye de ne pas l'offenser, tu veux ? Il lui arrive d'avoir mauvais caractère. Il est plus caractériel que moi. Et Lucifer passe pour un agneau à côté de Père.
     Je hausse les sourcils. Je n'ai jamais rencontré Lucifer en personne, mais de ce que j'ai lu sur lui, il a l'air à la fois intriguant et effrayant. Et quand on voit Jack, je suis prête à parier qu'il est impulsif. Alors qu'en est-il de Dieu ?
     — Avant que je ne frappe à cette porte, sache qu'il existe bien un autre moyen qui ne nécessite pas de tuer mon prince charmant.
     — Comment ça ? Quel moyen ?
     — Survis à cette rencontre avec père, et je te le dirais.
     Michael frappe à la grande porte, qui s'ouvre toute seule. Je ne peux m'empêcher de retenir mon souffle.
     — Fais-la entrer, Michael, je te prie ! ordonne un homme quelque part dans la grande pièce.
Michael plisse les yeux, et soupire en me prenant par le bras. Il me fait entrer, et ce que je vois me cloue le bec. Nous entrons dans un bar. À des lieues de ce que je m'étais imaginée. Je voyais plus un grand bureau avec des piles de papiers, des cierges un peu partout et une grande horloge. Mais un bar !
     — Laisse-nous, Michael.
     Je m'apprête à répliquer, à demander à l'Archange de rester, mais il hoche la tête et quitte la pièce en me laissant seule avec Dieu en personne. La porte se referme sur son passage et disparaît. Je me fige les yeux écarquillés. Eh merde !
     — Bonjour, Lana. Approche, je ne vais pas te manger.
     Je me tourne lentement vers lui, en déglutissant. Comment connaît-il mon prénom ?
     — Je l'ai écrit.
      Où est passée la porte ? Je m'apprête à parler, mais je suis vite interrompue par Dieu. 
     — Et si arrêtais de te poser des questions inutiles, et que tu me rejoignais ? Tu veux voire quelque chose ?
     — Vous me proposez un verre ?
     — Tu veux peut-être que je te demande ce que tu fais là ? Même si nous savons tous les deux que ce serait une perte de temps.
     Je fronce les sourcils et m'approche de lui. Il est resté de dos, assit à la table à quelques mètres de moi. Lorsque j'arrive à son niveau, je me rends compte que pour la première fois dans ma vie, je suis déçue par ce que je vois. Je m'attendais à un grand homme les cheveux grisonnant, une longue barbe type Père-Noël, vêtu d'un costume blanc. Mais au lieu de ça, l'homme porte une veste verte et un jean bleu délavé accompagnant des converses noires.
     — Ne vous vexez surtout pas, mais je m'attendais à mieux pour quelqu'un comme vous.
     — Et moi je m'attendais à plus puissante pour la fille de Michael. Mais question grande gueule, tu n'as rien à lui envier. Assied-toi.
     Je hausse les sourcils de surprise. J'étais loin de me douter qu'il me parlerait ainsi.
     — La fille de Michael ? souris-je innocemment. Je en vois pas de qu...
     — De quoi je parle ? C'est ce que tu allais dire ? Et si on sautait le passage où tu vas me faire croire que tu es un de mes anges déserteurs, et que tu en venais au fait.
     Je m'installe prudemment, et le regarde pousser un ordinateur portable sur le côté de la table.
     — Alors voilà, hum... Dieu ? Je dois vous appeler Dieu ?
     — Appelle-moi Chuck. C'est moins formel.
     Je pince les lèvres en hochant la tête pensive. Avant de faire une grimace de surprise.
     — D'accord, hum... Chuck. Comment ça se fait que je vous vois sous cette apparence ? Je vous avoue que je n'y connais pas grand-chose, mais étant... étant le plus grand des Êtres Célestes, je m'attendais à voir un homme lumineux.
     — Le plus grand des Êtres Célestes... répète Dieu d'un air pensif. J'aime bien cette appellation. Tu permets que je l'utilise dans un de mes textes ?
     — Heu... Non, allez-y... murmuré-je abasourdie.
     — Merci beaucoup. Tu ne me vois pas... comment tu dis ? Ah oui, lumineux. Tu ne me vois pas lumineux parce que je ne me montre pas sous cette forme. Si je le faisais, tu serais aveuglée. Essaye de comparer ma puissance à celle du soleil.
     — Rien que ça...
     — C'était ta question ? 
     — Quoi ? Oh ! Non, je sais que je vais paraître grossière en vous demandant ça, mais j'aimerai que vous m'appreniez à me servir de mes pouvoirs.
Dieu, alias Chuck, hausse les sourcils de surprise.
     — Un Nephilim qui ne sait pas se servir de ses pouvoirs. N'a-t-on jamais vu une chose pareille ?
     — Je sais que ça peut sembler idiot, souris-je nerveusement en baissant les yeux sur la table.
     — Et si tu me racontais tout depuis le début ?
     Je lève les yeux vers Dieu, et le regarde avec surprise.
     — J'ai déjà entendu cette histoire, mais j'aimerai que tu me la raconte par toi-même. Mais pour commencer, j'aimerais que tu prennes quelque chose à boire. J'ai rarement l'occasion de boire un verre avec un Nephilim venant d'une autre dimension.
     — Ou de boire un verre avec un Nephilim, tout court... marmonné-je en risquant un regard dans sa direction.
     — Pas faux... Une bière ?
     Je m'apprête à refuser, mais je me dis que c'est malpoli et qu'il m'a déjà plusieurs fois proposé à boire.
     — D'accord. Une bière. Remarquez, je crois qu'il va m'en falloir plus d'une pour me faire à l'idée que je tape la causette avec Dieu en personne...
Ma remarque semble l'amuser, et une bière apparaît sous mes yeux. Je hausse les sourcils de surprise et recule légèrement, avant de plisser les yeux en regardant Chuck alias Dieu.
     — Je vous remercie.
     — Alors ! Raconte-moi je que tu fais ici, Lana.
     — Très bien... murmuré-je. Dans le monde où je vis, deux frères ont réussis à enrayer l'Apocalypse par le sacrifice de l'un deux, qui a envoyé Michael et Lucifer dans la cage où est enfermé Lucifer actuellement. Il existe un autre Nephilim comme moi. Il est le fils de Lucifer.
     — Mes fils... soupire exagérément Dieu en levant les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Eux ? Rien. Enfin... il y a quelques semaines, en tuant mes parents pour m'atteindre, les Puissances ont déclenchés une nouvelle Apocalypse. Et c'est à Jack et moi d'empêcher cette Apocalypse. Et il est hors de question que je tue qui que ce soit.
     — D'accord, mais ça ne m'explique pas pourquoi tu veux que je t'aide à contrôler tes pouvoirs.
     Je soupire tristement.
     — Si je suis en vie, c'est grâce à un de vos soldats qui m'a sauvé la vie. Il s'appelle Castiel. Et il est mort.
     Chuck hausse les sourcils et se lève pour se servir un verre.
     — Je dois être vachement tolérant en matière d'obéissance, dans ta réalité. Où suis-je ?
     — Je ne sais pas. Je n'en sais pas plus sur vous. Ne le prenez pas mal, mais il y a quelque semaine j'étais athée.
     — JE en le prends pas mal. Donc, tu aimerais ramener à la vie un ange. Ça demande immensément de pouvoir, tu le sais, ça ?
     — J'ai réussi à créer une brèche temporelle lorsqu'il est mort. Je pense que je vais pouvoir faire ça.
     — Et qu'est-ce qui te fait croire que je vais te laisser repartir d'ici ?
     Je suis à court de mots. Je ne m'attendais pas à une telle question de la part de Dieu. Je commence à avoir la frousse.
     — Parce que vous êtes quelqu'un de clément. Vous n'êtes pas sensé être miséricordieux ? Ou un truc dans le genre ?
     — Un truc dans le genre. Sauf que c'est l'Apocalypse, et que tu n'es pas de cette dimension. Ai-je précisé que tu es un Nephilim, et qu'ils ne sont pas sensé rester en vie ?
     Mes mains commencent à trembler de peur. Je préférais nettement plus me mesurer à ces démons qu'à Dieu lui-même.

Nephilim Chapitre 1 (Supernatural Fanfiction VF) #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant