CHAPITRE TRENTE-NEUF

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Lana

    Je tourne en rond dans la chambre, si bien que j'envisage de demander à Dean une télévision pour m'occuper. Castiel, Dean et même Sam sont venu me voir. Pas une seule visite de Jack. Et ça me blesse. Je crois que c'est clair, il ne veut pas me parler. Oui, j'ai envie de pleurer. Mais je me dis que ce serait contre-productif de m'apitoyer sur mon sort. Alors j'évite de le faire. Moins j'y pense et moins je souffre.
     Je suis perdue dans mes pensées au-dessus de mon bouquin, quand j'entends frapper à la porte. Je relève la tête pleine d'espoir, et roule sur le côté pour me redresser.
     — Oui ?
     La porte s'ouvre, et je vois apparaître Fox sur le pas de la porte.
     — Oh... murmuré-je. Bonjour.
     — Cache ta joie, surtout ! s'esclaffe Fox en entrant.
     — Je vous demande pardon. Je ne voulais pas paraître grossière. C'est juste que j'ai cru que...
     — Que c'était Jack ?
     Elle referme la porte derrière elle en me souriant tendrement.
     — Oui... avoué-je. C'est ce que j'ai cru. 
     — Ce n'est pas grave, ne t'en fais pas. Je peux m'installer ?
     Elle désigne la chaise rangée sous le bureaux, que je m'empresse d'accepter.
     — Je parie que tu te demande ce que je fais ici.
     — En fait, je crois que je le sais déjà. Dean m'a dit que tu étais impatiente de faire ma connaissance.
     — En effet. J'avais vraiment hâte de pouvoir enfin faire ta connaissance. Notre rencontre ne s'est pas faite dans les meilleures circonstances.
     — À ce propos... Je tenais à vous remercier d'avoir pris soin de moi hier soir.
     — Tu peux me tutoyer, tu sais ? Tu le fais bien pour tous les autres.
     Elle marque un point. Je ne veux pas qu'elle pense que je la mets de côté parce que je tutoie tous les autres et pas elle.
     — Très bien, merci. Et... Si, je te dois des remerciements. Tu me connaissais à peine, et tu m'as quand même aidé à prendre un bain à cause de mon état de choc.
     — C'est vrai que je n'y étais pas obligée. Mais je t'ai aidé avec plaisir. Parce que j'en avais envie. Et aussi parce que j'ai eu une vision de toi quand j'étais dans l'avion.
     Je hausse les sourcils de surprise. Ai-je bien entendue ? Des visions ?
     — Je suis une Prophète du Seigneur. Je vois les choses avant qu'elles ne se produisent.
J'accuse le coup. Pourtant, plus rien ne devrait me surprendre depuis le temps.
     — Et qu'as-tu vue ?
     — C'était l'Apocalypse sur cette Terre. Tu avais accepté de rester en vie pour Jack. Et au lieu de te laisser le tuer, il s'est lui-même ôté la vie. Il est mort, et la Terre était en train d'agoniser.
     Sa vision me fait froid dans le dos. Je ne peux m'empêcher de frissonner.
     — Parce qu'il mourrait ?
     — Oui. Je sais que c'est dur d'apprendre ça comme ça, et sache que je ne te dis pas ça pour t'influencer. Mais je tenais à ce que tu saches que dans ma vision, parce que tu avais décidé de faire ça pour Jack, cette planète était condamnée.
     — Je vois... murmuré-je en baissant les yeux. Dans ce cas, il ne me restera plus qu'à lui tenir tête. C'est dans mes cordes.
     Fox sourit d'un air amusé.
     — C'est vrai ! Un jour j'ai voulu donner mon argent de poche à une œuvre humanitaire. Mes parents ne voulaient pas, alors j'ai fait la grève de la faim jusqu'à ce qu'ils cèdent.
     — Ça alors ! Mais tu es une vraie rebelle ! s'esclaffe la Chasseuse.
     Je ris à mon tour. Ça me soulage d'avoir une autre femme à qui parler. Je ne peux pas dire que je me sens seule avec tous ces hommes. Mais je me sens plus comprise avec une femme à mes côtés.
     — Lana ?
     Je tourne les yeux vers la femme, dont le ton de sa voix a changé.
     — Oui ?
     — Si je peux me permettre de te donner un conseil, tu ne devrais pas rester enfermée dans cette pièce, seule.
     — C'est le seul moyen que j'ai pour que je ne cède pas à la colère que je ressens. C'est le seul moyen pour que je ne casse rien.
     — Je ne peux pas te dire ce que tu dois faire. Mais si je peux me permettre de te donner un conseil, pour le moment tu peux canaliser ta colère dans cette pièce. Mais qu'en sera-t-il lorsque tu mettras enfin le nez dehors en pensant que tu as canalisée ta colère ?
     Je m'apprête à répliquer, mais je me rends compte que je n'ai rien à dire. Je me rends compte qu'elle a raison. La moindre chose qui me contrariera, me fera exploser de colère. Mais je ne sais pas comment empêcher cette colère de s'emparer de moi.
Fox se lève de sa chaise, et me tend la main pour que je la prenne. Je suis hésitante.
     — Qu'est-ce qui te fait peur, Lana ?
Qu'est-ce qui me fait peur... Question évidente.
     — Jack... murmuré-je.
     — Jack te fait peur ? s'étonne-t-elle en fronçant les sourcils.
     — Non ! m'exclamé-je confuse. Non ce n'est pas lui qui me fait peur. Mais le fait qu'il ne veuille plus me parler. Et si c'était le cas ?
     — Dans ce cas, ça te fera un bon entraînement, Lana. Viens avec moi.
     Je hoche la tête et prend sa main avant de me lever. Elle m'adresse en sourire, et me prend dans ses bras.
     — Je comprends pourquoi Dean tient autant à toi. Je ne l'ai pas connue, mais de ce que j'en ai entendue, tu me la rappelles.
Elle me lâche, et je devine sur son visage qu'elle a laissé échapper ces dernières paroles.
     — Qui est-ce ?
     Je suis surprise. Jamais je n'aurais pensé rappeler quelqu'un à l'un d'entre eux. Lana me sourit tristement.
     — Je regrette, mais ce n'est pas à moi de t'en parler. Patiente encore un peu, et ils t'en parleront.
     Je hoche la tête en silence, tout en lui adressant un sourire.
     — Allez, ma belle ! Il est grand temps d'affronter tes émotions.
Elle s'éloigne de moi et sort un couteau de la ceinture dans son dos, avant de gratter le sol pour me sortir de là.
     — Allez, suis-moi.
Elle m'attrape par la main, et prend la direction opposée à celle que j'emprunte d'habitude.
     — Où on va ?
     — J'ai envie de faire quelques tirs, et discuter seule n'est pas du tout divertissant.
     Je ne peux m'empêcher de sourire.
     — Et puis, qui sait ? On va peut-être devenir amies !
Cette idée me plaît. Depuis que je suis partie brusquement pour sauver ma vie, j'ai dû tourner le dos à celle que j'étais avant. J'ai dû abandonner ma meilleure amie. J'ai dû cesser d'exister. Je ne serais pas contre le fait d'avoir une amie.
     — Je t'avoue que lorsque j'ai traqué ce Lamia en Europe, j'ai pas mal utilisé mon arme, mais j'aime bien tirer sur une cible de temps en temps, pour ne pas perdre la main.
     — Félicitation... murmuré-je mal à l'aise.
     — Je ne suis pas certaine que les félicitations soient appropriés, mais merci quand même.
Fox me fait entrer dans une pièce et allume la lumière avant de soupirer et me lâcher.
     — Je crois que dans tous le bunker, c'est ma pièce préférée ! s'enthousiasme la Chasseuse. QuanT à Dean, il te dira peut-être que c'est soit le garage, soit la cuisine.
     Je ne peux m'empêcher de sourire, amusée. Ce serait en effet du grand Dean.
     — Et Sam ?
     — Hum... Pour lui, je dirais la bibliothèque, répond-elle en m'adressant un clin d'oeil complice.
Je ne peux m'empêcher de rire à cette remarque. Ça lui ressemble tellement à Sam. Je suis sûre qu'il était du genre élève studieux dans sa jeunesse.
     Lana se dirige vers un coffre qu'elle ouvre, et elle en sort une arme qu'elle regarde avec attention.
     — Ça fera l'affaire... soupire-t-elle. J'aurais dû prendre mon arme avec moi.
     — Tu ne l'as pas ?
     Je croise les bras en entrant dans la pièce et la regarde faire.
     — Sois gentille, peux-tu fermer ma porte.
     J'obéis en silence avant de me tourner vers elle.
     — J'oublie toujours de la prendre, même si je devrais pourtant connaître la leçon depuis le temps.
     Je fronce les sourcils sans comprendre où elle veut en venir. Elle me regarde en coin, et sourit en voyant que je la dévisage. Elle sourit et se tourne vers moi.
     — Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis fait attaquer dans le bunker. Si ces fois-là j'avais eu mon arme, bien des ennuis m'auraient été épargnées.
     Elle prend une boîte de munition, et s'approche d'un des stands de tir.
     — Tu as déjà tiré ?
     — Non.
     — Alors, c'est le bon moment pour apprendre !
     Fox pose l'arme sur la tablette et s'approche de moi. Elle m'attrape par l'épaule et m'entraîne vers la table de tir. Elle prend l'arme et la dépose dans mes mains.
     — Tu sais comment la prendre en main ?
     — J'y jouais souvent dans le stand de tirs de la fête foraine, souris-je amusée. Sauf que c'étaient des billes de plomb.
     — Oui, sauf que là, ce sont de vraies balles. Évites de nous tuer.
     — Rassure-toi, je savais viser.
     — On va reprendre les bases alors. Montre-moi comment tu la tiens.
Je hoche la tête et obéis en prenant un air sérieux. Ce n'est pas si compliqué de prendre l'arme en main.
     — Comment fais-tu pour charger l'arme ?
     — Je fais glisser ce truc.
     — C'est une glissière, sourit Fox d'un air moqueur. As-tu chargé le canon ?
     — Non. Je ne veux pas prendre le risque, dans le cas où le coup parte tout seul.
     — Bonne initiative. Cependant, quand on enquêtera, tu devras le charger si jamais besoin est. Parce que dans le feu de l'action, tu n'auras pas le temps de charger ton arme.
     — D'accord.
     — Bien. Charge-la, et mets-toi en position.
     Je hoche la tête en chargeant le canon, et tend l'arme vers la cible, en regardant dans le viseur.
     — Maintenant, fais feu.
     Je fronce les sourcils en pensant aux deux anges qui m'ont torturés, et appuie sur la détente.

Nephilim Chapitre 1 (Supernatural Fanfiction VF) #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant