1.Premier contact

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POV ZEE

J'entends au loin le réveil de mon portable qui sonne, je l'ignore.
Premier rappel, je l'ignore.
Second rappel, je l'ignore.
Cette fois-ci c'est la sonnerie d'un appel qui retentit, je fais l'effort de me relever et de prendre mon téléphone, sans ouvrir les yeux.

- Quoi ?
- T'es où ? Le cours commence dans dix minutes !

Max, quel chieur. J'ai mal au crâne, je suis fatigué et j'ai une gueule de bois carabinée, hors de question d'aller à la fac ce matin.

- Je passe.
- Avec qui tu as fini la soirée hier ? Tu es parti avec la petite qui te faisait les yeux doux ?

Je peux entendre le sourire dans sa voix. Il pose la question alors qu'il connait très bien la réponse, il sait comment je suis mais il adore obtenir plus de détails.

- Mmm...
- Tu ne vas pas m'en parler ?
- Bien deviné.
- Et je ne vais pas te voir de la matinée ?
- Tu as tout bon.

Je n'attends même pas sa réponse et raccroche. Je suis persuadé qu'il ne m'en tiendra pas rigueur, on se connait depuis le collège, il sait que je ne suis pas un grand bavard et que je suis assez taciturne. Et surtout, il sait que je ne suis absolument pas du matin. Je profite d'avoir mon téléphone dans la main pour regarder mes messages et je constate que la fille d'hier m'en a envoyé des dizaines en quelques heures.

Il faut dire qu'hier soir je suis parti direct après avoir, comment dire, consommé  l'union. Je sais que ce n'est pas galant, je ne suis pas toujours comme ça mais j'avais trop bu et je n'étais pas en état d'engager une conversation avec elle, ou pire, de la prendre dans mes bras. Je n'aime pas qu'on me touche et je ne suis pas du genre câlin, hélas chaque fille que je croise, que je fréquente et avec qui je couche croit qu'elle peut changer ce côté-là de moi. 

Ce côté froid et distant que j'ai toujours adopté dans mes relations, qu'elles soient sérieuses ou non. Elles pensent toutes que j'ai un traumatisme, que j'ai manqué d'amour gamin ou que j'ai été fou amoureux mais que j'ai subi une horrible trahison. En fait je crois que ça les rassureraient que ce soit le cas, comme ça elles se diraient que ce n'est pas de leur faute si je ne m'attache pas. 

Elles ont raison sur un point, ce n'est pas de leur faute, elles sont pour la plupart gentilles, douces, jolies, patientes, mais ça ne m'atteint pas. Alors non, je n'ai pas de fissure cachée, non je n'ai jamais manqué de rien, que ce soit financièrement ou dans ma famille et non je n'ai aucun traumatisme d'une relation passée. De toute façon l'amour ce n'est pas mon truc, c'est juste que je suis comme ça depuis toujours.

Je supprime les messages sans les lire, je me sens tellement épuisé que je n'ai pas le courage de trouver une excuse pour ne plus la revoir. Je décide de me lever, de prendre une douche et de sortir m'acheter quelque chose à manger. Si je reste à comater dans mon lit, je n'irai pas en cours de la journée et je préfère ne pas abuser alors que ma troisième année ne fait que commencer, j'ai trop tendance à sécher à tout va.

 Après avoir acheté quelques rations, je rentre dans l'immeuble réservé aux étudiants et monte lentement les escaliers pour rejoindre ma chambre. J'ai l'impression que ma tête va se fissurer en deux, pourquoi est-ce que j'ai autant bu hier ? Je devrais arrêter de suivre mes potes dans leurs conneries !

- Bonjour Phi !

Alors que je m'apprête à ouvrir la porte de ma chambre, j'entends une voix chantante à côté de moi. Cette voix je la reconnais car j'y ai droit tous les jours, c'est celle de mon voisin de chambre qui habite juste la porte à côté et que je croise constamment. Je m'oblige à tourner mon visage vers lui, les yeux plissés par ma migraine, la voix encore rauque du matin.

The Moon and the SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant