48.Sous le même ciel

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POV SAINT

- P'Zee ! Je ne porte même plus d'attelle, je t'assure que je peux me lever ! je rouspète une nouvelle fois alors que je le vois se précipiter dans la cuisine pour m'apporter ma tasse de thé fumant.
- Certes mais le médecin a dit que tu devais en faire le moins possible alors arrête de râler et laisse moi t'aider.

Assis dans mon lit, il prend place en face de moi en tailleur et me regarde sans un mot. Il fait ça de plus en plus en souvent, m'observer sans rien dire, comme pour graver mon image dans son esprit par crainte que je disparaisse d'un coup.

- Je ne vais pas m'envoler tu sais, je soupire en soufflant sur mon mug.
- Je le sais bien lapin mais j'aime te regarder, c'est mal ? réplique-t-il le sourire en coin.
- Ca me gêne un peu...
- Pourtant il va falloir t'y habituer parce que je ne compte pas m'arrêter.

Je lâche un sourire attendri malgré moi et savoure mon thé noir aux agrumes, mes yeux rivés aux siens dans un silence agréable et apaisant.

- Ta mère est bien arrivée ? finit-il par me demander en s'allongeant contre moi, sa tête posée sur ma cuisse.
- Oui c'est bon ! J'étais contente de l'avoir avec moi pendant deux semaines mais je crois que je le suis plus encore de pouvoir enfin être seul avec toi.
- Surpris que ma mère et même Janis aient demandé de tes nouvelles ? raille-t-il en s'amusant avec les poils de mes jambes.
- Ta mère pas tant que ça, je crois qu'elle m'aime bien, enfin un tout petit, je glousse en lui caressant les cheveux avec douceur. Mais P'Janis oui, je ne sais même pas si elle m'apprécie réellement ou non.
- Tout le monde t'aime Saint, c'est justement le plus problème de ma vie ! se lamente-t-il de façon si théâtrale que je tire un peu sur une de ses mèches ce qui le fait gémir de douleur.
- J'ai quand même hâte de retrouver tout le monde ! je m'exclame en m'étirant longuement. Je n'ai pas l'habitude de rester assis ou allongé des jours entiers.
- Surtout qu'on a même pas pu s'envoyer en l'air correctement avec ta mère dans la chambre d'à côté !

Nous rions de concert puis nous nous laissons aller à la sérénité et au calme ambiant. Je laisse courir mon regard sur ma chambre, remplie des affaires de P'Zee qu'il se borne à vouloir laisser trainer partout, à mon grand dam. Ses vêtements ont investi mes placards, ses bijoux - et ils sont nombreux - trônent fièrement sur ma petite commode, il s'est même décidé à rapporter enfin sa brosse à dent ici, même si je le surprends encore souvent à utiliser la mienne.

Je ne sais même pas comment nous faisons pour vivre dans un endroit si petit à deux mais pourtant jamais je ne me suis senti aussi bien. Il a d'ailleurs déposé le préavis de sa chambre qu'il devra quitter définitivement dans un mois et à aucun moment il n'a douté de son choix, sa décision était prise, on allait vivre réellement ensemble à partir de maintenant. Je l'ai même vu consulter des offres d'emploi, je préfère ne pas lui poser de questions pour le moment, j'estime qu'il m'en parlera lorsqu'il le souhaitera.

Je finis par poser mon regard sur la masse affalée presque sur moi, sa tête sur ma cuisse, sa jambe sur la mienne, sa main palpant tranquillement ma hanche. Lui aussi est perdu dans ses pensées et profite de ce moment de bien-être, collé à moi, son souffle caressant ma peau. Il a si bien pris soin de moi ces deux dernières semaines, c'est juste fou que ce jeune homme qui a tant manqué d'amour durant quasiment toute sa vie puisse en témoigner autant à mon égard aujourd'hui. En fait, P'Zee était fait pour aimer quelqu'un, de toutes ses forces et de tout son cœur, j'ai juste eu la chance incroyable que ça tombe sur moi.

- Ce soir on sort, déclare-t-il subitement en passant ses doigts sur l'intérieur de ma cuisse.
- Vraiment ? fis-je agréablement surpris, je ne suis pas sorti depuis si longtemps. Pour aller où ?
- Surprise !
- Tu es sérieux ?
- A ton avis ?

The Moon and the SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant