24.Mean

2.1K 133 123
                                    

POV MEAN

Debout devant l'immeuble où il habite, je reste planté là, trempé par la pluie, en train de trembler de foid, mais je ne parviens pas à bouger. Le revoir a été un tel choc que je me suis précipité à sa suite sans même réfléchir à ce que j'étais en train de faire. Ca fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu, le laisser partir une nouvelle fois m'était tout simplement impossible. J'ai besoin d'avoir une conversation avec lui et surtout... de lui demander pardon.


4 ans plus tôt

Le jour de rentrée des classes est le pire pour moi, car synonyme d'ennui profond. Je connais déjà tous les gars de ma classe, ce sont tous des "amis" si je peux appeler ça comme ça, même si en aucun cas je me considère proche d'eux, c'est juste une façade pour essayer de me sentir un peu moins seul. L'adage "mieux vaut être seul que mal accompagné" ne me correspond pas vraiment, je préfère nettement être entouré de personnes dont l'amitié est superficielle plutôt que de passer mes journées seul, comme le type assis devant près de la fenêtre.

Je leur ai demandé pourquoi il était toujours tout seul, ne parlant à personne, et ils m'ont répondu qu'il était gay et qu'ils ne voulaient pas trainer avec lui de peur qu'il commence à loucher sur eux. J'ai ainsi compris qu'il était la tête de turc des autres mecs, et que ce n'était pas tant parce qu'il était gay que parce qu'il plaisait beaucoup aux filles, les rendant tous jaloux et envieux. Du coup, ils se servent de son homosexualité depuis l'année dernière pour se moquer de lui et l'insulter. Très sincèrement, je m'en fiche un peu, tout ce qui se passe autour de moi m'indiffère, même les brimades et les moqueries, tant que ça ne me touche pas.

Les semaines sont passées et je continue à jouer mon rôle du parfait pote quand au détour d'un couloir je percute quelqu'un, qui tombe au sol et renverse la pile de copies qu'il tenait dans ses mains. Sans prêter garde à qui se trouve devant moi, j'affiche mon sourire poli et factice, puis je l'aide à se relever tout en ramassant les feuilles qui gisaient au sol.

- Désolé, fis-je courtoisement, je ne t'avais pas vu.
- C'est pas grave, merci beaucoup Ai'Mean !

Cette voix me parle un peu, même si je l'ai rarement entendu. Je lève les yeux et rencontre le visage souriant de Saint Suppapong, la bête noire de notre classe. C'est la première fois que je le vois d'aussi près et surtout la première fois que je le vois sourire. Ses grands yeux dégagent une réelle douceur alors que ses joues toutes rondes lui donnent un air un peu enfantin. Plus je l'observe et plus je sens les battements de mon cœur s'accélérer, mes mains devenir moites et ma gorge se serrer. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je n'arrive pas à détacher mon regard de son visage, je commence à me sentir mal.

Alors que j'entends les voix des autres gars de la classe se rapprocher, je panique et jette les copies au sol, devant le regard médusé de Saint.

- Toi... Ne m'adresse pas la parole, ça me dégoute, j'assène sèchement avant de faire demi-tour, non sans avoir marché sur les feuilles en passant.

Je pensais qu'il allait rétorquer quelque chose mais je n'entends rien, je ne peux pas résister à l'envie de me retourner et je découvre qu'il s'est simplement agenouillé au sol pour ramasser tout ce que j'avais renversé, le visage triste mais sans rien dire. Mon estomac se noue douloureusement à cette vision, mais je préfère ignorer ce sentiment désagréable et rejoindre mes "amis".

- Qu'est-ce que qui se passe ? me demande "ami inutile n°1" en lançant un regard meurtrier derrière moi. Il te cherche des noises ?
- Nan c'est bon, je l'ai juste envoyé chier, je réponds rapidement, pressé de quitter ce couloir pour de bon.
- Hé la tafiole !! s'écrie "ami inutile n°2" en passant son bras autour de mes épaules. Ne t'avise pas de jeter ton dévolu sur Mean, c'est pas un détraqué comme toi !

The Moon and the SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant