The Moon and the Sun

32.La goutte d'eau

POV ZEE

Je sens mon cœur battre dans ma tête, mon sang pulser dans mes veines, l'adrénaline grimper dangereusement dans chacune de mes terminaisons nerveuses, et sans même réfléchir, je m'élance vers ce gars que je ne connais pas et le plaque contre le mur, ma main serrée autour de sa gorge. Je crois le sentir se débattre, mais il ne parvient même pas à me repousser d'un petit centimètre. La rage gronde, ma vision n'est plus très claire, tout ce que je ressens c'est une furieuse envie de le défoncer à coups de poings, ce que je fais. Enfin... Je le frappe une première fois au visage quand je sens des mains tremblantes s'agripper à mon bras.

- S'il te plait P'Zee... Arrête...

Je tourne la tête et je vois le visage ravagé de larmes de Saint, son teint blafard et ses yeux larmoyants me remettent les pieds sur terre. Je m'écarte du corps gisant à mes pieds, je laisse perdre mon regard dans la chambre, je n'arrive plus à réfléchir, je dois d'abord me calmer. Je leur tourne le dos dans le but vain de reprendre mes esprits et de retrouver un rythme cardiaque normal, mais c'est difficile. Je n'ai que l'image de Saint, pleurant, face à cet inconnu.

- Qu'est-ce qui se passe ? C'est qui lui ? je demande à Saint sans lui faire face de peur de perdre à nouveau le contrôle et de me jeter sur ce type.
- C'est... C'est Ai'Ming... Il... Il..., sanglote-t-il sans réussir à faire une phrase complète.
- Je lui ai dit que je l'aimais.

Je me retourne vivement pour affronter le regard plein de mépris et de confiance en soi de cet espèce d'enfoiré, malgré les gouttes de sang qui perlent à la commissure de ses lèvres.

- Tu peux répéter ?

Je suis moi-même surpris du ton que j'emploie, étrangement calme bien que menaçant.

- Je l'aime ! Je l'aime ! Je l'aime ! scande effrontément cet espèce de taré. Je l'aime depuis le jour de la rentrée, je l'aimais bien avant que toi tu daignes poser tes sales yeux sur lui !

Il a l'air d'être en transe, je crois que je ne sais même pas comment réagir, j'essaie juste de ne pas regarder Saint, ça me ferait craquer de le voir si blême et les yeux brillants de larmes, au point de coller une dérouillée à ce débile. Débile que je reconnais enfin, le soi-disant athlète blessé qui ne cessait de trainer dans les pattes de Saint au club, je savais que j'avais raison de me méfier de lui.

- Quoi ? Tu ne réponds pas ? Tu ne sais rien faire d'autre que d'utiliser tes poings, c'est ça ?

Il me nargue, me provoque, il sait que si je le tabasse je décevrai Saint qui exècre toute forme de violence, l'ayant subie au collège. J'enfonce mes ongles dans la paume de mes mains pour me contenir, difficilement.

- P'Zee... Calme-toi... S'il te plait..., me supplie Saint en se mettant entre ce connard et moi, les mains délicatement posées sur mon torse.
- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? je grogne sans oser le regarder, me contentant de fixer froidement l'enfoiré.
- Rien... Rien...
- Je l'ai embrassé !

Mon sang ne fait qu'un tour, je repousse brutalement Saint et fonds sur ce salopard avant d'attraper sa nuque de mes deux mains et de le soulever contre le mur. Ses pieds frôlent péniblement le sol alors qu'il commence à manquer d'air. Ils égratigne la peau de mes mains avec ses ongles mais je reste insensible à la douleur, je suis dans un tel état de fureur que mon corps tout entier se met à trembler. Jamais je n'ai été dans cet état, jamais.

- Qu'est-ce que tu as dit ? je susurre lentement à son oreille, resserrant ma prise.

Mais il ne peut pas parler et ne fait que tousser et chercher de l'air. Mais je m'en moque, je n'ai que l'image de lui en train de poser ses lèvres sur mon homme, ça tourne et ça tourne en boucle dans ma tête, il peut bien crever j'en ai rien à foutre !