33.La colère de l'agneau

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POV MING

- ... et c'est pourquoi il est intéressant de se pencher à présent sur la théorie des cordes. Ouvrez vos manuels page 218.

D'un geste machinal et sans même y penser, j'ouvre mon livre et j'imite mes camarades en faisant semblant de m'intéresser au cours. Bien entendu, mon esprit est ailleurs, et c'est le cas depuis une semaine maintenant. Une fois encore et sans même m'en rendre compte, j'amène mon pouce à ma bouche et grignote mon ongle nerveusement, une mauvaise habitude que j'ai depuis mon enfance, surtout lorsque je suis angoissé.

Et il y avait de quoi être angoissé, rien ne s'était déroulé comme je l'avais prévu ! Pourtant, tout avait bien commencé : cette super alchimie lorsque nous avions parlé au club l'après-midi même, son copain qui avait foutu le camps 1h30 à peine après mon arrivée alors que je patientais au pied de son immeuble, le fait qu'il m'avait spontanément invité dans sa chambre et sa gentillesse lorsque je lui avais déclaré mes sentiments. Même si j'avais été très stressé, tout avait fonctionné selon mes plans. Jusqu'à ce que le sujet de son putain de copain soit abordé et là j'ai perdu pied.

L'entendre parler de lui ainsi, avec tant d'amour et de tendresse, ça avait été insupportable, surtout que ce gars n'était qu'un pseudo bad boy uniquement capable de fourrer les filles. Il ne méritait tellement mais tellement pas Saint ! Puis tout avait dérapé, dégénéré, implosé. Je l'avais embrassé de force provoquant ses larmes, puis son connard de copain avait débarqué pour que finalement ce soit Saint lui-même qui me hurle de m'en aller. Ca n'avait été qu'une catastrophe et je ne sais toujours pas comment remédier à tout ce foutoir.

L'ongle de mon pouce étant rongé presque jusqu'à l'os, je passe à celui de mon index. Il faut que je trouve un moyen de renouer le contact avec Saint, depuis notre conversation, je ne l'ai plus revu. Il n'est pas passé une seule fois au club et je ne peux pas l'attendre près de sa fac car je risquerais de croiser Zol, ce qui serait carrément emmerdant vu que j'ai rompu avec elle. Putain quel bordel ! J'ai maintenant Zol, ce connard de Zee et Saint à dos, je suis coincé dans ce club de cuisine dont je me fous éperdument sans espoir d'y trouver l'homme que j'aime. Pourquoi est-ce que toute ma vie est un foirage complet ?

C'est injuste, tellement injuste ! Il y a des gars comme ce Zee Pruck Panich, qui ont tout ce qu'ils veulent : la popularité, la belle gueule, la réussite sportive, la famille riche, le succès et même l'amour. Alors que moi... moi... Moi je n'ai qu'une famille éclatée et qui refuse de reconnaitre mon existence depuis la découverte de ma sexualité, des prouesses en athlétisme à peine passables, un physique banal et l'amour... Putain l'amour, je ne préfère pas y penser. Soit je tombe amoureux de types qui ne sont même pas attiré par les hommes, soit je ne plais qu'à des quadragénaires mariés avec gosses qui n'osent pas avouer, ou plutôt s'avouer leur homosexualité. Je ne suis qu'un amant dont ils se servent pour assouvir leurs besoins avant de me laisser pour retrouver leur charmante épouse et leur charmante marmaille dans leur charmante maison.

Rien ne va jamais comme je le souhaite puis je l'ai rencontré... Saint. Un beau jeune homme, souriant, chaleureux, généreux et ouvertement gay ! Dès le premier instant où je l'ai vu, j'ai su qu'il était fait pour moi, ça m'a semblé si évident, je pouvais déjà nous imaginer main dans la main, nous promenant là où nos pieds voudraient bien nous guider, sans nous soucier des autres, juste nous deux contre le reste du monde. Ca aurait du se passer comme ça, j'aurais du me présenter à lui après lui envoyé la lettre, j'aurais dû sympathiser avec lui puis me rapprocher de lui et le faire tomber amoureux de moi. De moi, moi, moi, uniquement de moi et non pas de ce basketteur ! Mais où est-ce que ça avait merdé ?

- Relisez -bien vos notes, lundi prochain j'interrogerai trois d'entre vous au hasard et ce sera noté !

Dieu merci, c'est terminé ! Sans prévenir personne, je me précipite au club comme je le fais tous les soirs dans l'espoir vain de tomber sur Saint et pouvoir enfin m'entretenir avec lui, dans le calme. Il faut d'abord que je commence par m'excuser, puis je réitérai mes sentiments mais sans me montrer trop désobligeant à l'encontre de son copain, je crois bien que c'est ça qui le met à chaque fois en colère. Et même s'il m'envoie bouler, je dois me montrer patient et disponible, il est évident que son boulet de copain, qui n'est même pas gay, ne restera pas avec Saint encore bien longtemps. Et à ce moment là je réapparaitrai et sécherai ses larmes !

The Moon and the SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant