Samedi 24 octobre.
Mon cher Bash,
Je t'écris cette lettre pour t'avertir que je serais de retour à la maison fin de semaine. Je sais que tu voudrais m'empêcher de le faire si tu le pouvais mais ma décision est prise et mon ticket est déjà réservé! Nous pourrons ainsi, et si tu le souhaites, parler plus longuement de ce que tu traverses et non par lettres. Je sais combien tu n'adores pas écrire.En attendant, je vais te distraire en te racontant ce m'est arrivé ce midi. J'étais en train de faire la plonge à l'auberge quand il y a eu des cris et des bruit de chaises provenant de la salle. J'ai jeté un œil à travers la porte des cuisines et j'ai aperçu beaucoup d'animation et des regards effrayés. Le patron cria mon nom et me fit signe de venir.
Le centre de l'attention était un fidèle client, le visage rouge et la respiration sifflante. Il n'arrivait pas à parler. J'interrogeai son entourage qui m'expliqua qu'il était en train de rire de bon cœur il a juste quelques instants, puis je vis un petit bol contenant des olives et je compris.
Ses voies respiratoires étaient obstruées et il suffoquait. Le temps que je m'approche de lui, sa respiration s'arrêta et son visage bleuit. Je n'avais plus une minute à perdre, il me fallait lui porter urgemment secours. Je lui tapais en vain quelques claques dans le dos qui ne suffirent pas à libérer l'obstacle. Je repensai alors à ce que j'avais appris : la manœuvre de Heimlich. Certes, je ne l'avais vu qu'en théorie et ne l'avais jamais pratiqué mais je n'avais guère le temps de m'en formaliser. Si je ne faisais rien cet homme allait mourir. Je fis donc plusieurs compressions abdominales telles que j'avais appris et un projectile sortit droit de sa bouche avec un bruit de respiration prononcé. Je l'assis ensuite sur une chaise, aidé du tenancier et d'un client. L'homme reprit doucement des couleurs et son épouse me remercia chaleureusement les larmes aux yeux alors que je vacillais. Je n'ai ensuite plus prêté attention aux tapes sur l'épaules, aux acclamations ni applaudissement qu'on me fit. J'étais sous le choc d'avoir eu dans mes bras pour la première fois un homme qui mourrait et d'avoir réussi à le faire revenir à la vie.Quelle sensation étrange de pouvoir, avec quelques connaissances et de bons réflexes, aider son prochain alors que la mort est là, juste devant nous. Je repris doucement mon esprit lorsque que le patron, qui m'avait installé à une table, me servait un gratin dauphinois et un énorme steak au poivre, un de ses plats français que j'adore.
Ce soir, mon patron m'a donné congé et une enveloppe de la part de l'épouse de cet homme qui, aux dires de celle-ci, se portait maintenant mieux. J'en suis bien aise et je fus gêné de découvrir que dans l'enveloppe était glissé un mot de remerciement et de l'argent. Une grosse somme pour ces personnes qui ne semblent pas rouler sur l'or. Voilà donc mon premier salaire de futur médecin ? Cet argent, je dois te l'avouer, est le bienvenu. Je vais le garder en cas de coup dur ou si je veux un jour offrir un beau cadeau à Anne.
Voilà. Le reste de mes péripéties est nettement moins palpitant et je pourrais te les raconter de vive voix pour te distraire dans quelques jours. Que je serais heureux de te revoir ainsi que la petite Delphine.
Garde espoir Bash, mon frère.
À très vite.Gilbert.
VOUS LISEZ
Anne avec un e - Lettres et confidences
FanfictionFanfiction épistolaire qui fait suite à la dernière saison de Anne with an E. Les personnages sont issus du roman de Lucy Maud Montgomery et/ou de la série télévisée qui en est inspirée diffusée en trois saisons sur Netflix (2017-2020). Illustration...