I want you in the morning
Before you go performing
Tell me something I don't know
And lead me to the place where no one ever goes
Let me go under your skin
And let me find the demon that drives those heavenly limbsBeige - Yoke Lore
*
La lumière tamisée de la chambre me permet quand même d'observer le visage satisfait de mon petit-ami. Je dépose un baiser sur son torse et me rallonge à ses côtés pour avoir tout le loisir d'étudier encore et encore son corps sous tous les angles. Il se tourne vers moi et me sourit. Je sais qu'il pense la même chose que moi quand il avance une main vers mon visage.
« Tu es beau, bordel. »
Ses mots me tordent l'estomac. Je l'aime. J'adore quand il vient à la maison parce que les jours suivants, mes draps gardent son odeur, et je peux facilement m'y réfugier dedans. Depuis que je suis amoureux, je me rends bien compte que je profite beaucoup plus de simples choses tant qu'elles lui sont liées, et honnêtement je prie pour que ça ne s'arrête jamais.
Alors qu'il continue de passer sa main dans mes boucles, je me rapproche de lui et embrasse le bout de son nez en riant. Il ne dit rien et continue de me fixer sérieusement. Je fronce les sourcils et demande doucement :
« Qu'est-ce qui plisse tes traits, darling ? ironise-je, vaguement inquiet.
- Je... Oh pardon, j'étais en pleine réflexion, répond-il en souriant à nouveau.
- Tu partages ?
- Camille, ne me juge pas, s'il te plaît.
- Hé oh, Gaby, tu m'as pris pour qui ?
- Oui, désolé. Tu... Qu'est-ce que tu penses qu'il se passe après la mort ? C'est angoissant je trouve, de se dire, que, peut-être, c'est le trou noir. À quoi auront servies nos expériences dans ce cas-là ? À quoi servent tous nos tracas ? Et tout l'amour qu'on aura partagé ? Notre vie n'est qu'une poussière dans l'existence de la Terre... Et nous dans tout ça ?
- Ouh là, commence-je surpris par la question existentielle qui le tourmente. Et bien, chacun se fait son avis sur la question, déjà. Mais je suis sûr d'une chose, c'est qu'après la mort, il y a l'enterrement, plaisante-je.
- Ah. Ah. Ah. Non, mais sans rire, tu en penses quoi ? Je trouve ça tellement angoissant de voir s'approcher le néant.
- Et bien, comme je te le dis, chacun ses croyances, mais pour ma part, je n'ai pas envie de me dire que ce sera un simple trou noir. Ce serait dommage d'avoir vécu tant de choses, fait tant d'expériences enrichissantes et partagé tant de moments de bonheur, de doutes, d'amour pour qu'ils ne finissent nulle part. Non, moi je pense que l'on garde notre âme, qu'on va étinceler dans le ciel, une sorte de paradis des souvenirs. De là-haut, on peut veiller sur les gens qu'on laissera sur Terre et on restera avec ceux qu'on a toujours aimé. On devient une étoile, parce qu'on mérite tous de briller, un jour ou l'autre, on veille sur les siens en amenant de l'espoir. C'est comme ça que j'aimerais le voir, parce qu'avant que je ne perde mon grand-père, il m'avait dit que c'était là que se trouvait sa femme que je n'ai jamais connue. Il se confiait aux étoiles quand le cafard lui pesait trop sur le moral. Alors je me suis mis à faire pareil, à sa mort je tentais toujours d'apercevoir un point brillant pour lui envoyer tout mon amour. Et c'est là que je prends conseil avec Hazel quand le manque est trop pesant. J'ai juste envie de la voir comme une étoile parce qu'elle n'aura pas eu le temps de profiter à fond de sa vie, tu vois ? Elle mérite de faire l'étoile filante, de foncer tête baissée comme elle aimait tant le faire. Et, enfin, si notre vie n'est qu'un grain de sable sur la dune qu'est l'existence, ça me va. Après tout, sans eux, il n'y aurait rien, alors notre vie est, certes futile aux yeux de l'univers, mais pas moins importante à sa construction. C'est con dit comme ça, en fait, ris-je nerveusement.
- Non ! J'adore l'idée des étoiles. Je veux en devenir une. Pour briller. Avec toi. Tu me présenteras ton grand-père. Et on reverra Hazel. Je suis certain qu'elle n'a pas changé, toujours aussi pétillante. Et on fera la course sur des comètes. Tu seras ma lueur d'espoir. Comme tu l'es en ce moment. Comme tu l'as toujours été. On passera l'éternité comme ça... Le jour où on rejoindra les étoiles. »
Il se penche et commence à m'embrasser tendrement. Moi aussi je veux passer l'éternité comme ça.
*
Lorsque nous redescendons, il est deux heures passées et mes parents ne sont pas dans le salon. Je trouve un mot dans la cuisine de ma mère qui m'informe qu'ils sont partis se balader et qu'ils ne tarderont pas à revenir.
« Tu veux manger quoi Gab' ?
- Bah, on se fait des pâtes ?
- Attends, monsieur le cuisinier n'a rien d'autre à me proposer que de simples pâtes ? Tu m'en vois vexé, me moque-je.
- Sauf si tu ne veux pas qu'on mange à quatre heures, il vaut mieux qu'on fasse cuire des pâtes, rit-il en se rapprochant, mais promis, dès que je reviens, je te régale avec des petits plats... ajoute-t-il en prenant mon visage entre ses mains. »
Le rappel de son départ pour Londres jette un froid sur notre conversation, mais il me dépose un baiser sur le haut du crâne.
« À quelle heure tu pars déjà ?
- Sept heures, l'avion décolle. Mais il faut que j'arrive vers six heures moins le quart à la gare pour être à l'aéroport à temps.
- J'aimerais vraiment t'accompagner...
- Ne fais pas l'andouille, me sermonne-t-il, ça fait la dixième fois qu'on en parle. Je ne veux pas que tu te lèves aux aurores pour regarder un avion s'envoler.
- Et te voir accessoirement.
- Camille, je te promets qu'on va profiter à fond de cette fin de journée et je reviens dans une semaine.
- Uuuune semaine...
- Je t'appellerais tous les jours.
- Ah, mais ce n'était pas une option, dis-je soudain très sérieux. »
Il rit doucement avant de reprendre :
« Tu vas terriblement me manquer, Camomille.
- Eh ! rétorque-je à l'évocation de ce surnom horripilant. »
Gabin se met à rire à nouveau et moi, je n'arrive à rien d'autre qu'observer le spectacle que m'offre mon chéri.
Cet idiot me manquera, tiens.
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Le jour où on rejoindra les étoiles
RomanceJe crois que je n'avais jamais ressenti ça. Un vide immense qui vous entoure. Une seule idée qui vous obsède. Une envie de rien, de tout, de lui. Je crois que je ne pourrais pas trouver les mots pour qualifier ce sentiment qui m'est tombé dessus. D'...