Chapitre 6 - Camille

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Ma maman s'inquiète
Elle voit que son fils a grandit
J'veut plus qu'elle s'embête j'aimerai juste qu'elle prenne le large

Maman s'inquiète - Laucarré

*

Lorsque je passe le pas de la porte, ma mère attend, accoudée faussement sereine et la curiosité qui déborde de son regard. À ses côtés, le petit diablotin qui me sert de demi-frère me saute dans les bras en hurlant.

« Camiii !

- Bon alors ? s'impatiente maman en tressautant.

- Et bien..., je commence.

- Camille est dans l'équipe ! fait Jean en entrant, gâchant toute la mise en scène que je m'étais préparé à faire. Oups, je l'ai dit trop tôt, c'est ça ? ajoute-t-il suite au regard noir que je lui lance.

- Félicitations mon chéri ! »

Maman m'enlace tandis que Charlie ne desserre pas ses petits bras de mon cou. Rien ne pourra me faire redescendre du petit nuage sur lequel cette soirée m'a amené. Entre l'annonce de mon recrutement dans l'équipe et notre discussion avec Gabin, je suis aux anges. Bon, d'accord. C'est surtout la discussion. Je suis toujours autant surpris des rapprochements qu'il a laissés passer sans rien dire. Comme si, le temps d'une soirée, on avait basculé dans un monde où Gabin avait oublié ce qu'il s'est passé. Et, j'avais adoré ça.

Une fois décollé de mon cou, Charlie court autour de la table de la cuisine, tel un avion, son doudou dans les mains en riant pendant que j'essaie de l'attraper. J'arrive à l'intercepter avant qu'il n'ait totalement le tournis et lui fais des chatouilles.

« Non, Camille, arrête d'exciter ton frère avant de dormir s'il te plaît ! gémit ma mère alors que je repose un Charlie épuisé sur le carrelage. »

Elle part le coucher dans sa chambre et je reste avec Jean dans la cuisine pour l'aider dans la cuisson des crêpes avant que nous ne commencions notre série.

« Je suis vraiment heureux pour toi, tu sais ? lâche soudainement mon beau-père.

- Merci, Jean.

- Même si je ne t'ai pas élevé depuis que tu es petit, je te considère vraiment comme mon fils. Et je suis fier de toi, avoue-t-il, gêné. Je ne sais pas trop ce qui me prend de dire ça maintenant, tu vas trouver ça bizarre, désolé, je ne veux pas te déboussoler... Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là, Camille. Au même titre que ta mère, tu peux me parler de tout ce dont tu te sens de partager avec moi, tu le sais, ça ? »

J'observe le visage embarrassé de celui que je considère comme mon deuxième père depuis bientôt trois ans. S'il savait comme je l'aime, moi aussi. Je ne le remercierais jamais assez. Il a rempli à merveille son rôle depuis que ma mère l'a rencontré, a amené une touche de joie quand on venait de traverser un drame qui nous a particulièrement touché, s'est occupé de ma mère mieux encore que ne l'avait fait aucun homme, il m'a toujours respecté, sans manquer non plus d'autorité, il ne s'est jamais imposé dans la place que mon père a quittée quand il est parti s'installer en Belgique pour retrouver sa copine actuelle, et m'a quand même toujours soutenu.

Ce qu'il vient de m'avouer me rend moi aussi fier, parce que je n'aurais jamais pensé qu'un homme aussi bon que Jean puisse vouloir de moi alors que rien ne l'y oblige. Dans ces moments-là, il n'y a pas forcément de mots adéquats. Alors, je m'avance vers lui et nous nous prenons maladroitement dans les bras l'un de l'autre.

Ma mère descend l'escalier à cet instant et nous demande, inquiète :

« C'est normal cette odeur de brûlé, les garçons ? »

Nous tournons la tête au même moment vers la crêpe qui ne verra jamais le jour par notre faute et nous rions. Il n'y a pas à dire : Charlie est le seul homme de la maison qui pourra peut-être de rattraper notre niveau en cuisine...

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant