Chapitre 17 - Gabin

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Regarde-les comme ils font peur, leurs cœurs malades devant la glace
Car j'me jette sans grande frayeur dans tes bras que je ne crains pas
J'ai déjà pas mal joué ailleurs, à jouer à pire mais je m'en bats

Risque de toi - Eddy De Pretto

*

Camille à côté de moi, j'étudie son visage endormi. Je me sens apaisé en écoutant sa respiration calme et je souris. Je passe mes doigts dans ses boucles avant de continuer ma course vers sa joue. Je reste comme ça pendant une quinzaine de minutes, l'observer, l'écouter, l'aimer dans un silence presque irréel. Je pourrais rester ma vie entière dans mon lit, Camille à mes côtés. Juste nous deux.

J'entends du bruit en bas et me tourne vers mon réveil. 10:48. Déjà... Ma mère a dû commencer à préparer le déjeuner. Je sais qu'hier soir, elle nous a entendus rentrer parce qu'elle n'est pas montée me lever ce matin. Elle fait ça chaque fois qu'elle comprend que je ne suis pas seul, et la dernière fois remonte à bien longtemps. Je n'ai pas réussi à continuer comme si de rien n'était depuis... Depuis Camille en fait. Depuis ce soir-là où j'ai découvert pour la première fois ce qu'étaient les papillons qui parcouraient le corps pendant un baiser.

Cela ne fait qu'un mois que je suis avec Camille, mais j'appréhende un peu son avis quand elle le découvrira lorsqu'il se réveillera. Elle est réellement ouverte d'esprit, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur.

Je me lève sans bruit tout en faisant attention à ne pas réveiller mon copain. J'enfile un bas et étire mes muscles engourdis. Oui, je retarde le plus possible le moment de lui annoncer. Une voix grave s'élève d'en bas. Changement de plan, je retarde le plus possible le moment de leur annoncer. Merde alors, ce sera la grosse annonce. Je n'étais pas prêt. Je ne suis pas prêt.

Je pose à nouveau mon regard sur le visage endormi de Camille et je me souviens de l'air compréhensif dans ses yeux quand je lui ai dit vouloir attendre encore un peu. Il s'est tu, et n'a rien dit à ses parents pour respecter mon choix. Je peux encore ressentir la vague d'amour qui m'a traversé.

Je respire un bon coup et sors de ma chambre tout en jetant un dernier coup d'oeil à mon beau au bois dormant. Cette vision me donne une nouvelle poussée de courage phénoménale. Lorsque j'arrive en bas, mes parents me saluent chacun leur tour.

« Bien dormi Gaby ? questionne ma mère et je frissonne à l'évocation de ce surnom.

- Oui, merci maman.

- C'était chouette, hier soir, avec tes amis ?

- Ouais, comme toujours, tu sais bien !

- Café ? fait mon père tout en allumant la machine.

- Merci, papa. »

Ils reprennent leur discussion sans avoir conscience du remue-ménage qui se déroule dans ma tête. Je tremble un peu en prenant conscience que je ne suis finalement pas si courageux. J'aurais dû réveiller Camille, il aurait su m'aider, me tenir la main pour me rassurer, ou seulement être là pour m'épauler de sa présence réconfortante.

Non. Je veux le faire seul.

J'interromps leur conversation à propos de la météo de ce week-end et me lance :

« Papa, maman...

- Que se passe-t-il, mon chéri ? demande ma mère soudainement inquiète.

- Je... J'ai besoin de vous parler de quelque chose. »

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant