Chapitre 19 - Camille

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Divenire - Ludovico Einaudi

*

Le repas se déroule sans problème, je suis heureux de retrouver après toutes ces années cette famille que j'ai presque considérée comme la mienne. Ben et Julie prennent de mes nouvelles, de celles de ma mère, de mon père, me demandent ce que j'ai prévu l'année prochaine, pour les vacances, pour cette semaine, ce qui me plaît dans la vie, dans le basket, chez leur fils.

Gabin les coupe plusieurs fois pour m'éviter des questions un peu... Auxquelles je ne pensais pas répondre auprès de la famille de mon copain, en clair. Julie part chercher le dessert et Ben continue ses questions, il en a tant que je me demande où il va puiser son inspiration. Ma main posée sur la table est sous la main de mon petit ami, qui la caresse tendrement.

Un léger silence se forme alors que Julie revient avec un plat énorme de salade de fruit. Dès qu'elle s'assoit, les discussions reprennent, mais elle n'y participe pas, trop occupée à fixer Gabin. Ce dernier s'en rend vite compte et se retourne vers sa mère.

« Quoi, maman ? demande-t-il, surpris.

- Vous vous protégez au moins ? dit-elle sans ménagement. »

Je m'étouffe de surprise. Alors, celle-là, je ne la voyais pas venir de sitôt, quand même.

« Mais- Maman !

- Julie, chérie, on avait dit, tout en douceur, lui rappelle son mari en riant.

- Non, mais je ne rigole pas, les garçons.

- Vous ne risquez pas d'être grands-parents si c'est ça qui t'inquiète !

- Gabin, dois-je te rappeler que les protections pour tous les actes sexuels ne servent pas uniquement à éviter d'avoir des enfants ? Il existe des maladies très graves, qui-

- Oui ! la coupe Gabin alors que je me tortille sur mon siège, mal à l'aise.

- Oui, quoi ? Oui, tu sais ? C'est pour ça que tu fais des blagues dessus ?

- Oui, nous nous protégeons, maman, souffle Gabin.

- Bien. »

Gabin se tourne vers moi en se retenant de pouffer devant mon regard exorbité. Puis, Julie repart dans la cuisine préparer les cafés.

« Qui en prendra ? demande-t-elle à la table.

- Tout le monde, sauf Camille, répond Gabin après m'avoir interrogé du regard.

- Ok, ça marche. Au fait, rajoute-t-elle après une courte pause, Agnès m'a appelé ce matin.

- Agnès, la Agnès de Camille, tu veux dire ? questionne-t-il alors que je le dévisage.

- Oui, chéri, il n'y en a pas trente-six des Agnès.

- Mais, pourquoi ? fais-je, surpris.

- Elle vérifiait que tu étais bien à la maison, Camille.

- Juste comme ça, qu'est-ce que tu lui as dit ? se méfie soudainement Gabin.

- Pourquoi, il y a un secret d'État à garder ? Je vous trouve bien curieux aujourd'hui ! »

Puis voyant que nous n'ajoutons rien, attendant sa réponse, elle reprend :

« Et bien, je lui ai dit que tu mangeais ici, pour qu'on officialise enfin vos retrouvailles ! Il y a quelque chose qui ne va pas ?

- Officialise ?

- Vous deux. Non ? »

Je m'étrangle de stupeur. Non ! Je n'avais encore rien dit en respectant la demande de Gabin. Et voilà qu'elle l'apprend au téléphone, sans un mot de ma part.

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant