Chapitre 13 - Camille

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I know what you did last summer
Look me in the eyes, my lover

I know what you did last summer - Shawn Mendes ft Camila Cabello

*

Je m'assois sur le lit qui trône au centre de la pièce, mon pull dans les bras. Le parfum qui emplit mes poumons est si rassurant que je ne voudrais jamais quitter cet endroit. La dernière fois que je suis rentré ici, je n'en étais pas pleinement conscient. Cette soirée restera à jamais mon plus gros regret.

Alors que je me perds dans mes pensées, j'entends des pas dans le couloir et la porte de la chambre s'ouvre sur son propriétaire. Je me lève en vitesse, surpris par cette apparition.

« Hey, Gabin. Qu'est-ce que tu fais ?

- Chut, tais-toi, répond-il fermement. Je t'assure que je ne sais pas ce que je fais, mais cette fois, je le fais. »

Je fronce les sourcils et m'apprête à répondre lorsqu'il me plaque soudain contre le mur de sa chambre, avec une telle force que ma tête fait un bruit sourd lorsqu'elle rentre en contact avec le plâtre froid. Il m'attrape par le cou de sorte à ce que je ne puisse pas me débattre.

« Putain... grogne-t-il en ancrant ses yeux dans les miens. »

Une lueur vive brûle ses pupilles devenues sombres et je me reprends à frissonner. Pour la première fois, j'ai peur de ce qu'il pourrait faire. Il a perdu le contrôle et les moments si doux auxquels j'ai eu le droit tout à l'heure sont officiellement terminés. Ma respiration commence à se bloquer.

« Pourquoi tu m'as embrassé ce soir-là ? hurle-t-il, flambant de colère. Je n'ai jamais voulu ça bordel ! Jamais !

- Je... Je suis...

- Tu es quoi ? Tu ne sais pas répondre ? Moi je vais te le dire : tu es la pire ordure de ce monde, je ne sais pas comment j'ai pu un jour ne serait-ce que supporter être dans la même pièce que toi ! Tu es arrivé sans prévenir et tu as mis chacune de mes défenses à terre. Tout ça pour quoi ? Pour venir me baiser tranquillement, sale enfoiré !

- Gabin... souffle-je péniblement, à cause de l'air qui commence à me manquer.

- Attends, je n'ai pas fini ! Tu sais ce qui m'énerve le plus chez toi ? Tu le sais bordel ? À cause de toi, ça fait des mois que je me pose des questions sur tout, des mois que je ne mange plus, que je ne dors plus, des mois que je suis désagréable envers tout le monde parce que la seule chose à laquelle je pense tout le temps c'est toi. Toi, tes yeux, ta voix, ton corps, tes lèvres... Si tu savais comme j'y pense tout le temps à tes lèvres, purée. Tu m'empêches de vivre depuis si longtemps. Tu m'empoisonnes la vie avec tes sourires. Et ce n'est pas normal. Pas normal du tout. »

Il s'arrête, surpris de ses propres mots, ou peut-être surpris de les avoir sortis devant moi. Je sens ma tête tourner, le manque d'air peut-être ? Ses accusations ? Je ne sais plus quoi en penser, j'ai l'esprit embrumé d'un coup. Le silence qui s'abat dans la pièce est si pesant, mais laisse passer un fond de musique, nous ramenant à la réalité. À cette fête qui se déroule chez lui. De nouveau.

Sa poigne se desserre et je me sens doucement revenir. Je le sens perdu. Je ferme les yeux, comprenant que si depuis qu'il est rentré, je n'ai eu simplement le droit qu'à des paroles, les coups ne vont pas tarder à arriver. Pourtant, c'est une voix brisée, sa voix, qui me ramène à la réalité et me force à ouvrir les paupières.

« Et tu sais quoi ? Tout ça c'est parce que tu me plais. J'ai des papillons dans le ventre quand je te vois et je déteste ça. Je déteste avoir envie de te serrer dans mes bras jusqu'à ce que nos deux corps fusionnent. Je déteste perdre le contrôle quand tu es là, je déteste vouloir venir t'embrasser jusqu'à ne plus avoir de souffle, je déteste vouloir que chacune de tes paroles prononcées soient pour moi. Je te veux tout à moi parce que tu ma plais. J'aime ta manière de sourire, ta façon de dire les choses avec tant de délicatesse. J'aime ta façon de bouger, ta façon de regarder chaque chose comme si c'était la plus belle qu'il te soit donnée de voir. J'aime ta moue quand tu es tout timide et j'aime voir l'étincelle qui surplombe ton regard quand tu es déterminé. Putain Camille, j'aime même ton prénom de fille. Tu me plais tellement que ça en est douloureux. Depuis le temps que je le refoule, le dire à haut voix, te le dire en face, je me sens si léger. Et amoureux. Je crois, non, je suis sûr que je suis amoureux de toi Camille. Bordel, fait-il en passant ses doigts dans ses cheveux, C'est tellement agréable à dire. Et je suis déso- »

Je n'attends pas la suite et laisse nos pulsions s'exprimer. Je saute sur ses lèvres qui s'entrouvrent à mon contact. Si douces. Comme dans mes souvenirs. Sauf que cette fois, il enhardit son baiser, plongeant ses mains dans mes cheveux, rapprochant toujours plus nos corps. Il n'y a plus aucune douceur dans notre étreinte, juste un feu, un feu impatient, un feu qui a attendu bien trop longtemps. Et nous deux, un peu perdus, déboussolés, juste nous deux qui nous laissons entraîner par les sensations qui nous enivrent. Un peu comme des marionnettes dont les fils nous relieraient inlassablement l'un à l'autre. Nos mouvements nous mènent vers son lit sur lequel nous nous allongeons. Gabin laisse mes lèvres le temps d'un phrase qui m'électrifie entièrement.

« J'ai comme l'impression que tu me plais, aussi, prononce-t-il à demi-mot. »

Et le feu, ce feu ardent qui nous anime finit par l'emporter sur nos raisons. Comme s'il ne lui manquait qu'une phrase, une seule phrase pour nous enflammer entièrement.

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant