Chapitre 5 - Gabin

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Le coach frappe un bon coup sur la porte en criant « ceux qui sont à poil vous êtes prévenus ! » comme à son habitude avant de rentrer dans notre vestiaire sans avoir attendu une réponse. Les gars rient pendant que Darek enfile en vitesse un short propre. Je plie soigneusement mes affaires sales et monsieur Davis fait son apparition.

« Déjà je tenais à vous féliciter pour l'entraînement de ce soir, vous avez été remarquables. Ensuite, deuxième grande nouvelle, comme vous êtes tous au courant me semble-t-il, Éric et moi nous sommes mis d'accord sur un potentiel remplaçant pour Noah. Nous ne voulions évidemment pas choisir exclusivement tous les deux alors si tout le monde est chaud, Camille passe les tests juste après s'être changé, dit-il enthousiaste. »

Je relève brusquement la tête en manquant de m'étouffer. Il se tient debout, gêné, un sac en bandoulière se balançant sur ses épaules. C'est une blague.

Toute l'équipe acquiesce chaleureusement mais je continue de le toiser, incrédule. J'ai bien remarqué qu'Éric et lui s'entraînaient presque tous les soirs mais je n'aurais jamais cru que cette histoire irait si loin. Même lorsque notre professeur avait voulu m'en toucher deux mots, je ne le pensais pas sérieux. Même quand j'étais allé lui parler, ce n'était qu'un prétexte. Pourtant, sa présence ici me montre bien que je me suis trompé.

Notre entraîneur fait un signe de tête à Camille pour qu'il commence à se changer et par la plus grande coïncidence il se trouve que la dernière place de libre sur les bancs est à côté de moi. À ce moment précis, je hais cette habitude de l'équipe de s'étaler sur les bancs, jusqu'à prendre un vestiaire pour six. La gêne de Camille double d'intensité quand il s'en rend compte aussi, pourtant il ne bronche pas et prend place.

La vie dans les vestiaires reprend son cours et chacun continue la discussion qu'il a entamée avec son voisin. Je n'écoute Jackson que d'une oreille prenant compte de la proximité de mon corps avec celui du nouvel arrivant. Je le dévisage sans gêne ce qui a pour cause d'augmenter d'un cran encore la sienne jusqu'à ce que ses joues prennent une teinte rosée quand j'enfile enfin mon tee-shirt alors qu'il ôte le sien. Je retire mon regard de sa peau nue quand il fait glisser son jean à ses pieds.

Je sors de la pièce le plus vite que je peux pour aller m'asseoir dans les gradins du gymnase. Monsieur Davis me sourit.

« C'est un très bon joueur que nous avons là, fait-il en me considérant de son regard doux, comprenant que ma mauvaise humeur est en partie à cause de l'annonce qu'il vient de faire. Depuis le temps que tu me parles de le prendre avec nous... Quelque chose a changé, je me trompe ? »

Je marmonne un charabia incompréhensible alors que Jules et Noah nous rejoignent .

« Cam' est mort de trouille, se marre Noah en galérant à monter à mes côtés à cause de ces béquilles, pourtant s'il joue comme il l'a fait avec Éric, je lui donne ma place sans hésiter !

Ça y est, ils ont déjà fait copain-copain, pour qu'il utilise un surnom ?

- Je suis sûr qu'il ne nous décevra pas, n'est-ce pas Gab' ? m'assène Jules.

- CAMILLE C'EST MON CHAMPION, hurle Éric en nous rejoignant accompagné de Jackson qui s'esclaffe.

- Éric est insupportable, j'arrive presque à espérer que Camille soit nul pour que ses chevilles dégonflent ! finit le brun. »

J'ai le ventre noué quand il passe la grande porte. Je sens l'anxiété qui émane de lui et elle déteint sur moi. Il se place face à nous alors que le coach lui file des instructions. Je n'écoute aucune de ces consignes et contemple Camille sur le terrain. Ses boucle châtains remuent au fil de ses mouvements et son visage garde une moue concentrée tout le long. Ses muscles se tendent sous son tee-shirt à mesure des efforts qu'il fait et lorsqu'il se soulève légèrement quand Camille lève les bras, je sens mes joues chauffer dangereusement. Il est doué, très doué et l'idée de le prendre dans l'équipe se fait de plus en plus sentir dans nos esprits. Rien à voir avec le petit aperçu que j'avais eu de lui en début de semaine. Pourtant l'idée que ce soit lui refroidit mes ardeurs au même rythme qu'elle réchauffe mon bas-ventre.

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant