Chapitre 43 - De Gabin à Camille

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Oltremare - Ludovico Einaudi

*

20 mars :

Loin de toi, c'est la nuit,
C'est la nuit triste et sombre,
Et mon cœur plein d'ennui
S'ensevelit dans l'ombre.

Loin de toi, tout fléchit :
Mon espoir, mon courage ;
Loin de toi, mon esprit
Se voile d'un nuage.

Loin de toi, Etzer Vilaire.

On pourrait croire que je lui ai soufflé les mots s'il n'y avait pas plus d'un siècle entre nous, je dis ça, je ne dis rien.

29 mars :

Tous deux, nous goûterons à l'amour infini,
Ma main pressant ta main, mes yeux dans tes yeux,
Nos cœurs se parlerons sur nos lèvres unies
Et nous irons un jour ensemble vers les cieux.

Tous deux ensemble. , Robert Dutertre.

C'est fou comme les poètes savent retranscrire une émotion. Ton sourire a fait fondre mon coeur, hier.

5 avril :

J'ai fermé les yeux pour ne plus rien voir
J'ai fermé les yeux pour pleurer
De ne plus te voir.

Où sont tes mains et les mains des caresses
Où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n'es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits.

Tout à perdre je me vois vivre.

J'ai fermé les yeux ,Paul Éluard.

Tu vois, je m'y tiens. Je continue à y croire, à croire en nous, est-ce qu'un jour tu me diras ce que tu en penses ? Parce qu'au-delà de tes sourires discrets derrière ces bouts de papiers, j'ai comme l'impression d'avoir été oublié. À demain, comme tous les jours, Camillette.

17 avril :

Se voir le plus possible et s'aimer seulement,
Sans ruse et sans détours, sans honte ni mensonge,
Sans qu'un désir nous trompe, ou qu'un remords nous ronge,
Vivre à deux et donner son coeur à tout moment ;

[...]

Se voir le plus possible, Alfred de Musset.

J'y prends goût à ces lettres. J'ai comme l'impression d'être un prince gnangnan de conte de fées, il ne manque que le cheval blanc. J'espère que toi aussi, tu les aimes. Qui sait ? Peut-être que tu ne les lis plus. Je t'attends.

29 avril :

Je respire où tu palpites,
Tu sais ; à quoi bon, hélas !
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t'en vas ?
[...]

Que veux-tu que je devienne
Si je n'entends plus ton pas ?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s'en va ? Je ne sais pas.

[...]

Je t'implore et réclame ;
Ne fuis pas loin de mes maux,
O fauvette de mon âme
Qui chantes dans mes rameaux !

Je respire où tu palpites, Victor Hugo.

Je te l'accorde, celui-ci est légèrement dramatique. Mais soyons d'accord pour dire qu'il n'enlève rien à la beauté du poème. Hugo était un génie. Et toi, mon étoile dans la nuit.

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant