Chapitre 33 - Gabin

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Pas de vengeance, pas de sourires forcés
Yeux disent le contraire, yeux disent le contraire
J'ai craché des mots tranchants, fille n'a pas été blessée
Yeux disent le contraire, yeux disent le contraire
Oups, je l'ai touché dans l'cœur, aïe aïe

Yeux disent - Lomepal

*

Je descends du train, les jambes en coton. Je ne me sens vraiment pas bien, et d'ailleurs, cela doit plutôt transparaître parce qu'une dame me propose de m'asseoir sur un banc en attendant que quelqu'un vienne me récupérer. Je lui répète plusieurs fois que je vais bien et qu'un ami arrive. Elle accepte de me laisser seulement quand Camille fonce sur moi.

« Je t'attendais à l'autre bout du quai ! J'ai pris peur en ne te voyant pas descendre. Ce que tu m'as manqué Gab'... ajoute-t-il en me prenant dans ses bras. Ton voyage s'est bien passé ? »

Voyant que je ne réponds pas, il se décolle de moi et me lance un regard inquisiteur.

« Tu vas bien ? »

Je hoche la tête.

« Sûr ? »

Nouveau hochement.

« Bon, si tu le dis... Tu n'es pas très bavard, je n'ai pas l'habitude. »

Il sourit et se penche pour m'embrasser mais je détourne la tête rapidement, si bien que ses lèvres atterrissent sur ma joue. Je sens qu'il est décontenancé mais il ne dit plus rien et me prend des bras un des nombreux sacs que j'ai ramenés. Nous avançons en silence vers la voiture de mon père et Camille m'informe que celui-ci est allé dans le magasin de bricolage qui se trouve à côté de la gare. Traduction : on va bien pouvoir attendre une demi-heure minimum avant son retour. Je m'assois à l'avant et laisse Camille seul derrière. Il essaie à deux reprises encore de discuter avec moi mais je feins de ne pas l'entendre.

Je sors mon portable pour couper court à ses tentatives d'approches, et bordel, je n'aurai jamais cru que ça me ferait si mal de le laisser dans le flou. J'ouvre Instagram et fais défiler mon fil d'actualité : trois selfies de mes potes, deux stars à New-York, six vidéos « drôles », et deux placements de produits. Qu'est-ce que je fais sur ce réseau social, déjà ? Sur le dessus de mon écran, je vois s'afficher un message. Mon père qui m'informe que nous pouvons aller manger en centre-ville parce qu'il n'est pas près de finir. Je soupire et mon écran s'allume de nouveau.

@camille.roy vous a envoyé un message

@camille.roy : Bon, on y va ou tu as décidé de m'ignorer encore longtemps ?

Il se penche vers moi et me sourit gentiment.

« Si tu ne veux pas en parler, il n'y a aucun souci, tu n'as pas vraiment l'air dans ton assiette et je respecte ça totalement. Mais viens, on va manger, je sais que tu as aussi faim que moi, termine-t-il en me prenant la main alors que mon estomac se manifeste. »

Je me dégage de sa poigne et sors de la voiture. S'il savait que chaque mot qu'il prononce me rajoute une épine dans le coeur, peut-être arrêterait-il de parler ?

Il se dépêche de me rattraper sans oublier de prendre sa veste sur le siège arrière. Nous marchons en silence et côte à côte dans la rue. Je vois que Camille me fait plusieurs fois signe de prendre sa main dans la mienne mais je l'ignore.

Nous nous installons sur les sièges de notre fast-food favori en attendant que notre commande arrive.

« Tu sais que tu peux tout me dire, commence Camille.

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant