Chapitre 20 - Camille

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But what if I, what if I trip?
What if I, what if I fall?

Monster - Shawn Mendes ft Jutin Bieber

*

Comment expliquer l'état de stress dans lequel je me trouve ? Je touche nerveusement la tasse de chocolat que j'ai commandée en attendant mes amis dans notre café habituel. Les premiers flocons de neige tombent doucement, avant de fondre mollement au sol. Les vacances de Noël commencent ce soir et je rejoins ma famille dans le Nord dès demain à l'aube.

Tout va tellement vite. Cela ne fait qu'une semaine que ma famille et celle de Gabin sont au courant, et je passe déjà à mes amis.

Gabin m'a demandé de ne pas faire de même avec les siens. Je comprends totalement pourquoi, maintenant. Est-ce que mes potes vont trouver une ambiguïté dans chacun de mes comportements une fois qu'ils sauront ? Est-ce qu'ils ne vont plus me voir sous le même angle ? Est-ce qu'on continuera à s'amuser toujours autant ensemble ? Tellement de questions dont les réponses ne me paraissent plus si sûres finalement. L'arrivée d'un trio reconnaissable coupe court à mes réflexions.

Jules me salue de loin avant de s'arrêter discuter avec un serveur. Les filles s'avancent vers moi, tout sourire.

« Tu as commencé sans nous ?

- Indigne, va.

- Désolé, m'excuse-je doucement.

- Tu vas arrêter ça ? balance Addison en enlevant son manteau.

- De quoi ?

- Tout le temps t'excuser, Camille, c'est inutile. »

Jules arrive en trombe à côté de moi.

« Camille, t'es tout pâle ! Sûr que ça va ? demande-t-il

- Oui, ne t'inquiète pas. »

Il n'insiste pas et commence à examiner la carte avec attention, si on ne compte pas le fait que celle-ci soit à l'envers, puis se renfrogne :

« Je suis bête, je sais très bien ce que je prends, moi, ajoute-t-il. »

Je sens une tension s'installer petit à petit et le nœud dans ma gorge en profite pour se resserrer de plus en plus. Marie fait tourner ses bagues au bout de ses doigts, Addison tapote nerveusement ses ongles sur la tables et Jules fait tout pour éviter mon regard.

Un serveur arrive et prend les commandes de mes trois amis avant de repartir en direction des cuisines. Ce sera au premier qui brisera le silence, génial. Les tasses fumantes arrivent au compte-gouttes et chacun en profite pour se refermer sur sa boisson.

« Vous avez vu les résultats du dernier match ? lance passivement Jules.

- De ? répond Addison après une légère réflexion.

- Basket. Limoges et Strasbourg. C'était-

- Bon. Je pense qu'on va arrêter de tourner autour du pot, coupe brusquement Marie. On sait tous pourquoi on est là. Alors, Camille, on va te laisser la parole, non ?

- Oui, oui... Je crois que j'aime vraiment bien quelqu'un.

- C'est cool, ça, ajoute Addison en souriant.

- Oui. Enfin, je crois.

- Qui est l'heureuse élue ? annonce Jules innocemment.

- Euh...

- Je te charrie, idiot ! Je suis vraiment heureux pour Gabin et toi, tu sais.

- Pardon ? m'étrangle-je.

- Jules !

- OK, je devais prendre des pincettes, mais que veux-tu que j'y fasse ? Mon meilleur pote a tapé dans l'oeil de notre capitaine de basket, je ne peux qu'être heureux !

- Comment... Comment vous le saviez ?

- On peut dire que ça fait quelques semaines que vous vous tournez autour. Et on a tous reçus un message de ton copain pour nous prévenir. Il avait peur que tu fasses une crise de panique. Non, mais sans rire, Cam ! Tu nous croyais si peu évolué que ça ? énonce Marie, légèrement vexée.

- Non, pardon. C'est juste que... Ce n'est pas facile. Le problème c'est qu'être homo, c'est devenu une case dans laquelle beaucoup trop de personnes se sentent enfermées. J'ai... J'ai eu peur que ça m'arrive à moi aussi.

- Et bien ça devrait être bien plus normalisé. On ne peut pas refaire le monde en buvant des cafés malheureusement alors pour le moment restons à notre échelle pour te dire qu'avec nous, ça ne change rien, ajoute Jules.

- Non, tu restes bien Camille, toujours aussi maladroit, rit Addison alors que j'essuie le chocolat que j'ai renversé. »

Je ris avec elle et nous continuons notre conversation en abandonnant le sujet Gabin comme avant. Ai-je déjà dit que j'étais magnifiquement bien entouré ?

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant