Chapitre 37 - Éric

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I'm a speaker
Of the silence
[...]
But someday you understand
Meaning of your life
But someday you understand
Meaning of my worlds

Meaning - Cascadeur

*

Il me suffit de l'apercevoir pour que ma colère s'envole. OK, peut-être avait-il vraiment une bonne raison de m'ignorer. Je marche vers lui, inquiet. Il ne relève pas la tête quand je lui tape l'épaule.

« Eh, Gab.

- Oh, salut, Éric. »

Ses traits sont tirés, ses yeux cernés, et sa mine, épuisée.

« Tu fais peur ! Qu'est-ce que t'as ?

- Pas beaucoup dormi, répond-il en automate.

- Je vois ça... Tu veux en parler ?

- S'il te plaît, non, supplie-t-il en couinant. »

Et c'est en voyant ses yeux se remplir de larmes que je décide de ne pas insister. Il baisse instinctivement le regard en voyant arriver Jules. Quand j'aperçois Camille à côté, je comprends assez rapidement que leur humeur maussade mutuelle n'est pas juste une drôle de coïncidence. Gabin tourne son regard vers le bâtiment après un bref salut au reste de nos amis.

Chacun me fixe avec un regard entendu après avoir tiré la même conclusion que moi.

« Viens, on se casse, souffle-je à mon meilleur ami.

- Éric, t'es pas sérieux, allez, arrête.

- Non, sans rire. On se tire. Tu ne serviras à rien dans cet état. Enfin, tu comprends ce que je veux dire, quoi, je me reprends après qu'il m'ait lancé un regard noir.

- Et tes parents ?

- Ils m'ont toujours appris qu'il fallait se focaliser sur les choses qui comptent. Alors, je sacrifie cette journée de cours pour toi, très cher, dis-je en laissant tout de même échapper une grimace quant aux retours auxquels j'aurais le droit ce soir.

- Mais quel honneur vous me faites.

- Bon, assez de paroles, passons à l'acte, dis-je en tirant mon meilleur pote hors du lycée. »

J'aperçois Noah et Jackson qui arrivent dans notre direction et leur fais signe que tout est sous contrôle. J'attrape Gabin par le poignet et nous entraîne vers le premier arrêt de bus que nous trouvons. Nous attendons une dizaine de minutes avant qu'un bus ne fasse son apparition.

Si le chauffeur est étonné de voir deux lycéens un jour de rentrée, il n'en montre rien, contrairement à une dame plus âgée qui nous guette d'un mauvais œil. Habituellement, Gabin lui aurait sans doute fait un numéro de charme, et, au bout de quelques minutes, elle aurait été séduite par ce « jeune homme tout à fait charmant », mais il faut croire qu'aujourd'hui, notre bourreau des coeurs préférés a d'autres chats à fouetter.

« On va où ? commence-t-il en feignant de s'intéresser à ce qu'il se passe autour de lui.

- Si c'est pour ta vie que tu as peur, ne t'en fais pas, je ne t'amène pas au fin fond d'une forêt pour t'assassiner. »

La dame me fusille du regard, choquée de mes propos et je lève les yeux au ciel. Mon meilleur ami tente un sourire qui se transforme rapidement en grimace tant la tristesse déforme ses traits. J'ai rarement vu un Gabin si défait. Le trajet se passe sans problème, si l'on ne compte pas le silence qui s'éternise entre nous.

Il descend du bus après moi et me jette un coup d'oeil lorsqu'il comprend.

« L'aire de jeu ? Éric, sérieusement ?

Le jour où on rejoindra les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant