Chapitre 41 : Un peu de bonheur dans un monde en guerre

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L'eau s'est arrêtée de couler depuis déjà cinq minutes et j'attends assis derrière la porte. Mon attention est entièrement tournée vers celle-ci et plus particulièrement sur la personne qui se trouve derrière.

Bien installé sur mes pattes arrières et mes oreilles à l'affut du moindre bruit, j'essaye de déterminer le moment où elle franchira enfin cette fichu porte en bois. Ma queue balaye le sol dans un mouvement frénétique trahissant mon impatience ainsi que mon enthousiasme.

L'inquiétude s'y mêle aussi et mon esprit ne cesse de se poser des questions. Est-ce qu'elle va bien ? Est-elle tombée en glissant sous la douche ? Elle ne veut plus de moi ?

Inconsciemment je me mis à couiner et à japper, réclamant son attention. Elle me manque déjà et je veux la voir. J'ai peut-être l'attitude d'un gamin mais je m'en fiche. Et puis, si je me fis à mes souvenirs, elle trouve ça plutôt mignon, pensais-je en souriant.

Je continuais alors mes jérémiades seulement quelques secondes avant qu'enfin j'entendis le verrou de la porte s'actionner puis la poignée s'abaissa. Je me reculais en vitesse pour lui permettre de l'ouvrir en entier et venir me voir mais je ne vis que son doux visage rempli d'inquiétude dépasser de l'ouverture.

-Tu vas bien Simon ? J'ai entendu du bruit... des jappements... c'était toi ?

J'hochais la tête tout en trépignant des pattes.

-J'arrive bientôt, le temps de me chang... Aaahhhh ! Simon, mais qu'est-ce que tu fabriques ?!

Je n'avais pas pu attendre une minute de plus et je ne voulais pas la revoir s'enfermer dans la salle de bain. Alors je m'étais précipité dans l'embrasure de la porte, entrant sans ménagement dans la pièce encore humide.

-Mais que fais-tu ? Demanda la source de toute mon attention.

Lorsque je me tournis vers elle, mon cerveau se mit brièvement en mode pause le temps d'analyser la magnifique créature qui me faisait face. Mélia, avec toute sa délicatesse, avait entouré son corps d'une simple serviette en coton. Ses longs cheveux blonds encore mouillés cascadaient devant ses épaules dénudées. Elle devait probablement les brosser avant que je ne l'interrompe. Cessant ma contemplation, je m'approchais d'elle et frottais ma tête contre ses jambes quémandant des caresses.

-Simon ! Tu me chatouilles ! S'exclama-t-elle en tentant de m'éloigner avec son pied.

Cependant, je n'étais pas encore décidé à la lâcher. Trop soudainement pour elle, je me dressais sur mes pattes arrières et mis celle avant sur le haut de son buste. De toute ma hauteur et de tout mon poids, on s'écroula tous les deux sur le sol.

Complètement étalé sur elle avec une simple serviette nous séparant, son visage ne tarda pas à se teinter de rouge. Je l'écrasais littéralement de tout mon poids. Je la sentais bouger sous moi pour se dégager mais rien n'y faisait.

-Simon bouge-toi ! T'es trop lourd, râla-t-elle en essayant de me pousser avec ses bras.

Je dû faire une drôle de tête car elle reprit aussitôt.

-Non mais sérieux, tu devrais te mettre au régime.

-Simon ! Continua-t-elle en ne me voyant pas bouger. Tu ne veux pas que je meure étouffée par ta faute quand-même ?

Je lâchais un soupir, triste, et roulais sur le côté. Néanmoins, je ne la laissais pas libre pour autant. A peine l'apercevais-je se redresser que je me jetais sur elle et lui léchais le visage. Ses douces petites mains se retrouvaient à nouveau dans mon pelage. Certes, c'était encore une fois pour m'éloigner d'elle mais pas grave.

-Mais qu'est-ce que tu fais ?! Je-je viens juste de prendre une douche. A-arrête, ça chatouille !

C'était tellement bon de l'entendre rire. Ne souhaitant pas en rester là, je frottais mon museau humide contre son cou puis son visage. Elle était morte de rire et ne semblait pas pouvoir s'arrêter. Elle essayait tant bien que mal de reprendre son souffle. Des larmes coulaient même sur son visage alors j'entrepris de les lui retirer. Seulement, ce ne fut pas ma patte noire que je vis sur sa joue mais une main. MA main.

Une légende métamorpheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant