Des forces de la nature #1

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Castiel leva les yeux vers les portes vitrées du centre, voulant retarder le moment. Il venait souvent ici, à hauteur de deux à trois fois par semaines, mais il avait toujours cette crainte et cette anxiété qui lui trouait l'estomac alors qu'il conduisait vers le centre-ville, les pensées légèrement attristées. 

Les passants qui le voyaient assis derrière son volant, observant l'intérieur du bâtiment par les fenêtres, fronçaient les sourcils, cherchant à s'éloigner au plus vite de ce type, fou allié qui restait de longues minutes à plisser les yeux, le regard dans le vide. 

Le ciel était bleu, beau, sans nuages et il faisait chaud. Les gens se promenaient, aller au travail, à l'épicerie du coin ou rendre visite à leurs parents, mais Castiel avait du mal à sortir, à se montrer en public ou même à apprécier les choses banales et habituelles que ces personnes pouvaient apprécier faire. Il n'avait plus la notion d'appréciation des choses, et il avait du mal à définir ce que ce mot pouvait bien pouvoir dire pour lui. 

Il attrapa son foulard et l'entoura autour de son cou, le serrant assez fort pour qu'il ne bouge pas, et enfila ses gants noirs assortis à sa veste. En posant un pied sur le goudron, quelqu'un l'observa, estomaqué de rencontrer quelqu'un dans un tel accoutrement par une journée aussi chaude. 

Il baissa la tête, essayant d'ignorer les regards, les quelques chuchotements et monta les marches du centre, la main droite dans la poche, tremblante. 

A l'accueil, une femme, blonde, des cheveux attachés par une pince en forme de papillon, du vernis bleu foncé, du gloss rose pâle et du mascara bleu lui aussi, l'accueilli, un sourire radieux sur les lèvres, le sourire d'une infirmière. 

Il s'appuya sur le rebord du bureau et pencha la tête sur le côté. 

-J'ai rendez-vous avez le docteur Drecker. 

-Oui bien sûr, vous pouvez aller vous asseoir au niveau des chaises jaunes, elle viendra vous chercher pour votre rendez-vous. 

Il la remercia et lui tourna le dos, avançant lentement vers les chaises et s'assit, croisant les jambes, attrapant un magazine du bout des doigts, feignant de le feuilleter, plus pour passer le temps. 

Il mourait de chaud sous son manteau, mais il était hors de question de l'enlever et d'exposer ce qu'il y avait dessous. Une personne avait le malheur de pouvoir voir, et c'était le docteur Drecker, qui s'occupait de lui depuis un mois et demi. 

La salle d'attente était vide en dehors d'une femme assez âgée, le regard vide d'expression, fixant le mur devant elle, alors que la raison de sa présence à elle, était beaucoup plus visible. La paire de béquilles posées sur la chaise sur sa droite et la manche de pantalon de sa jambe droite qui semblait n'épouser que du vide, suffisait à lui donner une raison de se présenter dans les locaux. 

Castiel leva les yeux de sa lecture pour relire une énième fois les affiches de prévention et d'aide psychologique qu'il analysait à chacun de ses passages. L'une d'entre elles, sur fond jaune, affichait un homme en fauteuil roulant, le poing levé vers le ciel, un sourire sur les lèvres alors que le bas de son corps, semblait figé dans le temps, coincé dans une chaise roulante, présent apporté par un terrible accident de voiture d'après la phrase de prévention écrite en blanc majuscule en dessous. 

C'était ce genre d'affiches qu'il voyait depuis quelques temps, et avant , il n'y avait jamais vraiment fait attention, c'était un peu comme un décor autour de lui qu'il avait toujours eu l'habitude de voir et qui ne l'avait jamais intéressé, pourtant, il travaillait dans ce bâtiment depuis sept ans, dans le service de l'autre côté du couloir, et pourtant, il n'avait jamais fait l'effort de venir s'intéresser à l'histoire des patients du service de rééducation kinésithérapique de l'hôpital de Seattle. Lui, c'était la pédiatrie son domaine. Il connaissait les moindres recoins de ses couloirs et il exploitait son travail comme un véritable passionné, mais ce jour-là, c'était la première fois que sa passion et que son énergie avaient été doublées par autre chose. 

OS Destiel & MultiverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant