OS Destiel & Multiverse

Tu n'es pas ton handicap

Castiel marchait dans la rue. Les mains dans les poches, la tête baissée et emmitouflée dans sa capuche, il avançait assez vite, évitant les regards des passants. Il ne pleuvait pas, mais une légère brise s'était levée et quelques flocons de neige avaient commencé à tomber dans la rue. Il bifurqua à droite et s'arrêta. Il était là. En plein milieu de la ruelle, l'attendant, comme il le craignait. Il voulu faire demi-tour mais le type se rua sur lui et le plaqua contre le mur.

-On a pas fini notre conversation de l'autre jour petit merdeux.

-Lâche moi Arthur. Je te dois rien, t'as ta thune et j'ai besoin de rien ce soir.

-T'es sûr de ça ?

-Oui, fit-il en le repoussant. Dégage maintenant mon vieux, je veux pas m'embrouiller ce soir.

-Tu veux pas t'embrouiller?

Il reçu une droite phénoménale et s'écrasa sur le pavé, inconscient.

La neige tombait déjà quand le brun aux yeux bleus se réveilla. Avec une terrible douleur à la tête, il se redressa. Ses oreilles sifflaient, terriblement.
Gémissant de douleur et constatant la disparition de son portable et son argent, il cria de frustration.

La tempe saignante, il tituba jusqu'à chez lui et assuré que sa mère n'était pas là, il essaya de se nettoyer le visage. Ses oreilles sifflaient toujours, et il n'entendait pas les bruits extérieurs. Légèrement inquiet, il alluma sa radio. Mais rien. Elle ne marchait pas?
Castiel savait qu'elle marchait très bien et que c'était autre chose qui ne marchait pas vraiment. Ses oreilles. Il le savait parce que le médecin l'avait déjà dit, il lui avait conseillé de se calmer sur l'alcool et les pilules et de faire attention aux chocs, mais ce soir, il avait la palme d'or de la connerie, puisqu'il avait réuni les trois. Il hurla de rage, il en était sûr : il était devenu sourd.

Les jours qui suivirent furent les plus durs de sa vie. Après être retourné à la fac il avait fallu qu'il explique ses blessures à ses meilleurs amis et les informer qu'il avait du mal à entendre. Mais il n'avait pas dit toute la vérité, et sous son bonnet gris, il essayait de cacher les ignobles bout de silicone qui lui ornaient les oreilles. Il n'arrivait pas à accepter le fait qu'il ne pouvait plus entendre, et il en était devenu distant et désagréable.

Au fil des jours, il a finalement du se retrouver au pied du mur lorsque Emma l'avait forcé à retirer son bonnet et les regards de ses amis avaient étés les pires de sa vie. Maintenant, il ne savait plus quoi faire, il voulait s'expliquer avec sa bande mais il avait l'impression d'être leur clown, et même si ses meilleurs amis lui manquaient, ils ne pourraient rien faire pour l'aider.

Deux semaines après, par pur hasard, Castiel était passé devant un immeuble avec une affiche.
"Je ne peux pas t'entendre si tu ne fais que murmurer"

Il était entré en voyant que c'était ouvert et s'était retrouvé au milieu de discussion sans aucune logique.

Une jeune fille, la vingtaine, s'est alors approchée et en souriant, s'est mise à bouger les doigts.
Un peu confus, Castiel parlait, mais il lui fallu plus de cinq minutes pour comprendre que son interlocutrice était elle aussi sourde et qu'elle communiquait en langue des signes. Un peu bête, il s'excusa et demanda ce qu'il se passait. En écrivant sur son portable, elle lui annonça l'existence de l'association pour les sourds et malentendants ou muets. Elle lui tendit une feuille en lui indiquant de signer.

Il la lu, perplexe et entra juste son prénom. Il ne fit rien. Pas un geste ou un regard, seul, debout dans le hall, il attendait de comprendre ce qu'il était sensé faire.

Les autres riaient en faisant des signes, et Castiel avait du mal à comprendre ce qu'il se passait, il fallait le dire, il avait l'impression qu'on se foutait de lui. C'était hallucinant, mais avant qu'il ne soit concerné par cette histoire, il n'avait jamais vraiment remarqué la présence de ce centre d'aide. Il se sentit von et égoïste de n'avoir jamais fait attention à tous les petits détails devant lesquels il passait tous les jours. S'il demandait à un passant de lui dire ce qu'il y avait dans cette ruelle. Réussira-t-il à répondre? Certainement pas, et Castiel n'avait nullement envie d'être de ces gens là qui ne regardent pas plus loin que leur nez.
Il retira son manteau et s'avança dans la pièce. Étant nouveau il n'osa pas s'immiscer dans le groupe et encore une fois il avait l'impression que tout le monde le regardait et se moquait de lui. Il voulu partir.