Somewhere only we know #3

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Castiel n'avait jamais vraiment aimé le silence assourdissant des bibliothèques. Le suspens pesait constamment sur ses épaules pour savoir à quel moment son éternuement s'échapperait, suivi du regard désapprobateur de la bibliothécaire qui faisait plus de boucan à taper sur les touches de son clavier qu'à renseigner les visiteurs. 

Il n'avait jamais non plus aimé la technologie, et faire des recherches sur un écran pixellisé lui donnait envie de vomir. Les pages prenaient une éternité à s'afficher et généralement, elles ne l'aidaient pas à avancer dans ses recherches. 

Sa feuille quadrillée était peinte de gribouillis et de noms rayés. En haut à droite, celui de Rebecca Black, entouré en noir épais. Plusieurs flèches partaient de ce nom et menaient à des croix, des adresses barrées, des points d'interrogation. Une seule bulle était encore vierge, dans cette bulle, le mot "armée' y était inscrit en lettres droites et pointues. 

De temps à autre, Castiel jetait un oeil par dessus son écran, s'assurant d'être seul. Le chrono tournait encore, il arriverait bientôt à la fin de ses deux heures d'utilisation, il n'avait pas avancé d'un sou. 

Castiel s'affala dans le fond de sa chaise et se passa les mains sur le visage, les yeux collés sur l'écran, regardant dans le vide. Dans un coin de son esprit, le visage de Dean réapparu, et il se revit appuyé contre la barrière sur le parking du Loon's, admirant le soleil s'éteindre au loin. Il avait reconnu les bottes du militaire sur le sable gravillonné du Nevada. 

-Je ne me lasserai jamais de ces couchers de soleil. Ils sont toujours aussi magnifique. 

En s'appuyant sur le rondin de bois, la barrière grinça et Dean fit une moue vexée. 

Castiel esquissa un sourire, qu'il effaça immédiatement, par fierté ou par peur, il n'en savait rien. Il baissa la tête et regarda ses mains avant de se tourner sur le côté et de poser ses yeux sur Dean. 

-Tu sais ce que m'a dit Rebecca un jour? La fille d'Oliver? Que les couchers de soleil ressemblaient à ce que le coeur d'un homme ressentait quand il le voyait. C'est pour ça qu'on dit qu'aucun coucher n'est semblable à un autre. Tous les coeurs sont différents et ils changent tous les jours. 

Dean hocha la tête, captivé et fronça les sourcils vers l'horizon. 

-C'est très poétique, j'y avais jamais vraiment pensé, je trouve que...

-Comment tu interprète ce coucher de soleil Dean? Le coupa-t-il, sèchement. Comme tu as un coeur brisé, ton coucher de soleil doit pas être terrible. 

Dean ignorait s'il l'avait fait exprès, s'il avait préparé sa réplique et se l'était répétée en boucle pour la sortir au bon moment, mais il avait raison. Ces quelques mots lui brisèrent le coeur. 

Il ne dit rien en voyant Castiel se retourner et s'en aller vers sa voiture et il se souvint de sa mère qui lui disait, qu'il ne savait pas s'arrêter de parler quand il le fallait, qu'il en rajoutait toujours une couche, qu'il creusait sa propre tombe. 

-Tu sais, dit-il en s'adossant à la barrière, ravalant sa fierté et essayant de faire disparaître cette boule dans son ventre que Castiel lui avait implanté. Quand tu m'as dit que tu m'aimais, ça été le plus beau jour de ma vie. Ca faisait une éternité que j'attendais de te le dire, de voir un signe que c'était réciproque, mais tu ne m'as jamais rien montré à part ce jour-là. T'avais tout mis en scène. T'avais même mis mon film préféré, ricana-t-il, le souvenir se rappelant à sa mémoire. C'était une superbe soirée, termina-t-il, espérant une réponse, mais c'était tout sauf ce à quoi il s'attendait. 

-Quand on était enfant, le coupa-t-il en avançant vers lui, le regard divaguant au loin, tu croyais que tout le monde était gentil. Même moi, et je t'aimais pour ça. Mais maintenant, ajouta-t-il, le ton dur, un doigt pointé vers sa poitrine, tu me considère comme un étranger à bannir parce quoi? Parce que je suis trop près d'une zone surveillée? 

OS Destiel & MultiverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant