Chapitre trente-huit

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La première chose qu'il ressentit fut le froid du sol contre son dos et le derrière de son crâne. Ensuite vint la douleur. Celle qui lui brûlait encore les entrailles, d'abord, puis celle qui enveloppait ses poumons, transperçant ses organes de milliers d'aiguilles aiguisées. En dernier, ce fut la haine dont il prit conscience. La haine qui habitait son cœur, se dirigeait vers ce père qui incarnait tout ce dont il voulait s'éloigner à tout prix, la haine qu'il portait à son égard, la haine comme un flot rugissant qui se déversait dans ses veines. Pourquoi ? Qu'ai-je donc fait ? Qu'ai-je fait ? Je suis un incapable. J'ai tout ruiné. Potter...

Il ouvrit les paupières. La lumière était si ténue, presque inexistante ; tout était plongé dans une semi-pénombre grisâtre. Avec difficulté, en grimaçant, il plia les jambes et se redressa. Sa tête tournait, un vertige lui brouilla la vue et il craint de ne retomber sur le coup, mais il se reprit. Bien-sûr, il ne fut pas vraiment surpris en reconnaissant les cachots, installés dans le très fastueux et accueillant sous-sol du manoir. De beaux cachots, spacieux, élégants, tout ce qu'il faut pour accueillir les ennemis de la famille. Super sympa, à recommander pour un séjour de détente et relaxation.

Quelques secondes de plus avant que la silhouette de Potter ne se détachât de l'obscurité. Juste en face, à deux ou trois mètres, presque à l'opposé de Draco. Il me fuit, se dit-il. Il ne veut pas être près de moi.

Draco ne pouvait distinguer ni son visage, ni rien d'autre ; aucun moyen de savoir si le brun était blessé d'une quelconque manière. Aucun moyen non plus de savoir, en sondant ses prunelles, à quel point il le détestait.

- Potter, croassa-t-il d'une voix qui ressemblait à peine à la sienne.

- Qu'est-ce que tu me veux encore, Malfoy ?

Cela faisait longtemps que le Gryffondor n'avait pas usé d'un ton si dur et tranchant avec lui. Cela faisait presque des mois. Draco ne s'en était pas rendu pleinement compte, mais leur relation avait évolué, la manière dont ils se parlaient, la proximité qui s'était créée entre eux... Tout avait changé au cours des dernières semaines. Et là, ils retournaient en troisième année, ils retournaient en un instant à leurs querelles interminables. Et ce n'était pas la faute de Potter, non, c'était la sienne. Ce qui différait de ces années passées, c'était qu'à présent sa tête avait dégonflé et ressemblait moins à une pastèque ; il n'était plus aussi aveuglé. Mais, le contrecoup était qu'il se sentait profondément coupable de tout ce qui arrivait.

Il avait beau s'attendre à la colère du brun, il ne pensait pas faire face à une tempête de rage.

- Hein, Malfoy ?! vociféra-t-il. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Ca y est, tu as fait le petit job que papa t'a confié, t'es content ? Jolie couverture d'ailleurs, très beau jeu de comédien, l'émotion, le regret, les excuses, tout ça, très bien fait, on n'y voyait que du feu ! Je me demande comment tu peux être une telle enflure. Comment Luna peut apprécier ta présence, comment –

- Tu semblais aussi apprécier ma présence, se sentit obligé d'ajouter Draco – il n'aurait peut-être pas dû.

- Ferme-la un peu ! T'as rien à dire, plus rien ! Je t'ai cru comme un débile, je t'ai cru ! Alors que depuis le début, depuis le début ton père était derrière tout ça !

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Draco ne voyait vraiment pas là où Potter voulait en venir. Oui, son père était bien derrière l'attaque, le démon, ce bordel là ; mais cela n'avait aucun rapport avec ce que Draco avait dit à Harry durant cette huitième année. Cela n'avait, en outre, absolument aucun rapport avec les sentiments qu'il éprouvait à son égard.

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant