Chapitre quarante-neuf

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Arioch avait fait en sorte qu'ils règlent leur histoire de famille en toute intimité. Draco se releva, essuya ses mains pleines de terre contre son pantalon. Son père se remettait debout en s'appuyant contre un arbre, comme un vieillard. Sa mère quant à elle n'était pas tombée ; grâce à d'insoupçonnées capacités d'équilibriste, elle avait réussi à rester droite lors de leur atterrissage – droite, propre, impeccable comme toujours.

Lui, il n'était ni propre ni impeccable et n'en avait clairement plus rien à faire. C'était très simple : Draco avait la rage. La rage contre ce démon qui se croyait tout permis – probablement parce qu'il avait, littéralement, le pouvoir de tout se permettre, et, de fait, n'était pas humain et n'avait absolument aucune considération pour eux –, contre Lucius qui, bien qu'il soit dans le pire des états, continuait d'arborer un sourire méprisant, comme s'il était parfaitement confiant sur le déroulé des événements, comme si tout suivait son plan à la lettre, comme s'il savourait l'air de chaos qui régnait. Lucius, là, à quelques mètres, semblant presque lutter pour rester sur ses pieds. Il avait l'air faible, le teint cireux, le visage décharné, la peau calcinée, un cadavre ; pourtant son regard était toujours vif, ses yeux le toisaient, le fixaient – un prédateur fixant sa proie.

- Alors, mon fils, susurra-t-il, comment vas-tu ?

Le culot, pensa Draco.

- Ça ira beaucoup mieux une fois que j'aurais effacé toute trace de ton existence sur cette planète.

- Ah ! ria Lucius. Mais tu es une trace de mon existence, fils.

Serrer les dents, serrer les poings. Ne rien laisser passer. Ne pas flancher. Draco ne voulait plus rien avoir avec lui. Il voulait foutre le feu à leur lien parental, il voulait tout brûler, tout brûler, tout brûler. La Marque sur son bras le démangeait. Il se retenait à peine de se jeter de toutes ses forces sur l'homme en face de lui. Un coup d'œil à Narcissa, en arrière, éloignée des deux hommes, stoïque, semblant préférer ne pas s'introduire dans leur échange. Comme s'ils avaient besoin de ça, peut-être, de cette confrontation-là.

- Je ne suis plus ton fils... je ne l'ai jamais été, déclara-t-il.

Parce que c'était ce qu'il espérait, c'était ce qu'il souhaitait, c'était ce qu'il désirait ardemment à présent. Ne plus être celui qu'il avait été.

L'expression faciale de Lucius était quelque chose qui oscillait entre la folie totale et l'amusement malsain, difficile à trancher. Il n'avait plus rien de la figure élégante et noble qu'il avait autrefois incarnée. Ses cheveux, auparavant longs et d'un blond presque blanc, étaient gris, clairsemés, fourchus, symboles de sa déchéance.

- Tu délires Draco. Tu es mon fils, tu m'as suivi, tu portes la Marque, tu étais avec moi derrière le Seigneur des Ténèbres, tu as goûté à la gloire, tu as vu la vie quitter les yeux de tes victimes ! Ne fais pas ton innocent !

Innocent, je ne l'ai jamais été. Tu t'en es assuré.

Voyant qu'il avait touché une corde sensible, Lucius jubilait presque.

- Peut-être que tu veux faire croire à tous ces nouveaux amis que tu es propre, que tu es aussi blanc qu'eux, que tu es de leur côté... Tu veux leur faire croire que tu es comme eux. Mais tu n'es pas comme eux, tu n'es pas un misérable traître à ton sang !

Son père s'avança de quelques pas pour se positionner bien en face de lui, et lui cracha au visage.

- Voici ce que je dis à mon fils qui préfère salir le nom de sa famille, son honneur, son rang, pour aller batifoler avec des Gryffondors et des Sang-de-bourbe. Voici ce que je dis au garçon que j'ai élevé, à qui j'ai tout appris, et qui se révèle n'être rien de plus qu'un sale homosexuel, une tapette, un pédé ! Moins qu'un homme. Tu es une telle source de déception Draco.

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant