Chapitre douze

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- Draco, tu es en avance, annonça El de but en blanc quand elle lui ouvrit la porte du dortoir des filles, sur laquelle il toquait en vain depuis cinq minutes.

- Je sais, fit-il.

La jeune rousse poussa un long soupir, avant de le laisser passer. Leur dortoir n'en était pas vraiment un, à vrai dire. Alya et Eléanor avaient en effet chassé toutes les autres filles de leur année, afin d'avoir la pièce pour elles toutes seules. Le reste des Serpentardes de septième année avait dû se trouver une place chez les plus jeunes. Lorsqu'on lui avait raconté ça pour la première fois, Draco s'était senti assez fier d'elles. C'était, il fallait l'avouer, une action digne de Serpentard. Il n'y avait donc que deux lits occupés dans ce dortoir. Pour résumer le tableau devant lequel il se trouvait, il aurait utilisé le mot « bordel », avant de remarquer le côté d'Alya qui était plus que parfaitement rangé. La coupure entre les deux filles était visible à l'œil nu. On pouvait dire, en les connaissant un minimum, qui dormait où, à qui étaient telles affaires ; le désordre régnait en maître autour du lit d'El, les vêtements traînaient par terre, mêlés à des parchemins, plumes, oreillers, objets en tous genres. Au contraire, quand on regardait de l'autre côté, on pouvait voir un lit fait, des draps tirés, puis une commode où chaque chose avait une place précise – au millimètre près, semblait-il – ainsi qu'un grand miroir à pied, et un dressing qui paraissait s'étendre à l'infini, gorgé d'habits pliés à la perfection, ou mis sur des cintres.

- Comme tu peux le voir, commença son amie, Aly est une folle niveau rangement, elle m'en donne presque la nausée.

Elle se mit à rire.

- Et je lui donne la nausée aussi avec mon bordel sans nom.

- On se demande comment vous réussissez à cohabiter comme ça, fit remarquer Draco.

El hocha la tête, en souriant toujours.

- C'est une question de dur entraînement, de quelques règles d'espace personnel, et d'un certain respect de l'autre, si tu vois ce que je veux dire.

La rousse portait sa robe de bal. Qui ressemblait toujours à s'y tromper avec un enchevêtrement de bouts de tissus lacés ci et là au hasard. Pourtant, elle était ravissante. Bon, elle avait peut-être un peu l'air d'un clown, ou d'une folle sortant tout juste de Ste Mangouste, mais qui en avait quelque chose à faire ? C'était Eléanor.

- El ? Dis-moi, tu sais que tu ne vas pas pouvoir encore mentir à tout le monde, ce soir, si tu vas au bal avec Luna Lovegood ?

Elle se retourna vers lui, l'angoisse transperçant déjà ses yeux.

- Tu... Tu penses que c'est fini ? Je ne peux plus le cacher ?

Sa détresse était touchante, Draco en eut le cœur serré. Mais cela était pour le mieux, n'est-ce pas ? Elle ne pouvait pas se cacher éternellement.

- Ne me dis quand même pas que tu pensais sincèrement qu'en allant danser avec Luna, on ne remarquerait rien ?

Elle fixa soudainement ses pieds, se dandinant d'une jambe à l'autre, mal à l'aise.

- Eh bien... Si... Un peu. J'espérais, tu vois.

Ils n'eurent pas le temps de finir cette conversation, car une seconde plus tard, Alya sortit de la salle de bain. Vêtue de la robe turquoise qu'elle avait achetée à Prés-au-Lard qui soulignait les lignes et courbes de son corps, les cheveux remontés en un chignon haut, d'où quelques mèches bouclées s'échappaient, les yeux maquillés de noir, la bouche teinte d'un rouge sombre, elle semblait seulement à moitié réelle. Draco se demanda comment El, qui vivait avec elle ici, n'était pas tombée sous son charme.

Un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant