De la neige partout. Voici la première chose que vit Draco pour ce début de décembre quand il sortit prendre l'air dans le parc du château. Il s'était réveillé trop tôt, bien trop tôt pour un premier jour de week-end. Le samedi était synonyme d'entrainement de Quidditch, mais pour lui plus question d'être dans l'équipe à présent. Pourtant, il se réveillait à la même heure qu'il le faisait les années précédentes. Il s'était habillé, vite fait – il se souciait moins de son apparence depuis quelques temps –, et était descendu prendre son petit-déjeuner dans la Grande Salle. A cette heure matinale, il n'y avait pas grand monde. Une poignée de professeurs et d'élèves, moins d'une dizaine certainement. Le silence du matin plaisait beaucoup plus à Draco que le brouhaha habituel qu'il y avait au moment des repas. Il lisait la Gazette du Sorcier, en sirotant son jus de citrouille. Aucune nouvelle intéressante, rien de rien, juste un rappel d'avis de recherche de son père. Sa « mission » lui revint en tête, mais il la chassa vite fait de ses pensées. Il ne voulait pas s'y consacrer. Quelle idée avait donc eu son père, sérieusement ? C'était infaisable, impossible, stupide, sans but. Est-ce que c'était pour le ridiculiser ? Non, non, il lui avait aussi dit de redorer le blason de leur famille, ou une connerie du genre. Comme s'il pouvait à lui seul redorer leur famille de sales sorciers noirs et immondes, qu'il détestait de tout son cœur.
Après son petit-déjeuner, il s'était dirigé vers le parc, et c'est là qu'il avait vu cet immense manteau blanc qui recouvrait tout. Draco ne s'attendait pas à de la neige de sitôt, mais, après tout, pourquoi pas ? Il appréciait l'hiver et ses flocons majestueux qui tombaient en dansant. Un peu froid, c'était certain. Mais il passait presque inaperçu dans l'environnement au moins, c'était déjà ça. Invisible avec ses cheveux trop blonds et son teint de cadavre. Même ses yeux étaient trop clairs. Autrefois, ils avaient une teinte plus bleue, plus vive, comme un ciel d'été. Mais au fil du temps, ils s'étaient éclaircis, s'étaient délavés, pour une couleur gris-bleu pâle.
Il était le premier à déposer ses empreintes dans la neige, et cela le rendait joyeux comme un gamin. Il n'avait pas vraiment pu faire ce genre d'expérience dans son enfance. Quelle enfance, d'ailleurs. Il soupira. Il aimerait la revivre. Il savait qu'il avait manqué beaucoup de choses, beaucoup de choses essentielles à un enfant. Les bisous le matin, les histoires dans son lit le soir, faire des bonhommes de neige, se faire pousser sur la balançoire, monter sur les épaules de ses parents, ... Draco serait toujours nostalgique de ces moments perdus à jamais. Un de ses rêves les plus secrets était de retourner dans le passé, dans une vraie famille, et de pouvoir vivre ces moments, comme un vrai gamin de cinq ans. Pas comme Draco Malfoy à qui on apprenait le nom de ses ancêtres par cœur, à qui on montrait de quelle façon faire obéir un elfe de maison, à qui on expliquait qui était le Seigneur des Ténèbres, à qui on répétait que les Sang-de-Bourbe étaient des abominations, tout comme les Moldus, les traitres à leur sang, à qui on racontait l'histoire sanglante des Potter, à qui on donnait des ordres sans cesse. Pas comme Draco Malfoy qui se faisait punir par son père s'il échouait à ses devoirs.
Tous ces souvenirs l'empêchaient de respirer normalement, et il aurait tout, tout, tout donné pour pouvoir les effacer, un par un, et n'avoir qu'un trou noir à la place de sa mémoire.
Il enviait Potter, l'enfant chéri, l'enfant qui avait survécu, l'enfant entouré de gloire. N'est-ce pas ?
Il se rappelait leurs querelles, incessantes. D'où était venue cette haine mutuelle ? De ce qu'on lui racontait sur Harry, l'Elu, lorsqu'il était plus jeune ? De cette poignée de main refusée ? Draco admettait, maintenant, qu'il agissait comme un crétin. Il n'avait que onze ans. Mais ce n'était pas une excuse. Il savait qu'il avait parfois agi horriblement avec Weasmoche et Granger.
Il se souvenait les leçons de son père. Le masque froid et dur, impassible, à porter, en toutes circonstances. Au début, ç'avait plutôt été un masque de stupidité. De moquerie. Méchanceté. Il n'arrivait pas à ne rien montrer, alors il montrait du faux, du cruel, il montrait n'importe quoi. Tant que son père était content de lui. Tant que Potty le remarquait. Mais qu'il était con, il avait été tellement con durant toutes ces années. Et dire que Potter avait voulu s'excuser ! C'était lui qui devait s'excuser, un million de fois, pour toutes ces conneries de gamin, pour la bataille, pour ce qu'il avait fait, pour ne pas être du bon côté, pour tout, tout, tout. Non, il ne méritait pas ses excuses.
Draco avait été tellement changé par la bataille de Poudlard. Le 2 mai. Depuis le 2 mai, il n'était plus rien. Le Draco d'avant avait disparu. Comme s'il n'avait jamais existé. Il n'était plus aussi fier, arrogant, imbu de lui-même, il n'était plus si naïf et innocent, il n'était plus, plus, il ne savait pas s'il existait réellement. Parfois ses journées se résumaient à essayer de respirer comme tout le monde. Rien d'autre. Il revoyait ses cauchemars la journée. Il suffoquait. S'étouffait. Devait s'arrêter, se laisser tomber, le dos contre un mur, reprendre son souffle, fermer les yeux, se concentrer, se focaliser, chasser les images de son esprit. Chasser. Effacer.
Et ça marchait, quelques minutes, ou secondes. Puis ça revenait. Inéluctablement.
Ses pas l'avaient mené un peu trop loin, presque à la cabane d'Hagrid. La Forêt Interdite s'étendait, juste derrière. Il se souvint de cette fois, en première année, où il avait eu une retenue, avec Potty et sa bande, et que Rusard les avait envoyés chez Hagrid. Qui, lui, les avait emmenés dans la forêt. Parce que, bien-sûr, quand une forêt s'appelle la Forêt Interdite, on y envoie les enfants en retenue, n'est-ce pas ? Logique poudlarienne.
Il sourit. Cette époque lui manquait. Il était si, si, si innocent. Il n'avait encore rien commis qui venait le hantait chaque nuit, il n'avait jamais rien vu de si atroce qu'il en avait vomi ses tripes. Il n'avait pas encore tout gâché. Il n'était pas encore un jeune homme en morceaux. Il aurait beaucoup donné pour revivre ça.
Draco tourna sur lui-même, plusieurs fois, jusqu'à en avoir le tournis. Il essayait d'enlever les images de son crâne. Tourner, tourner, tourner. S'il pouvait seulement tout effacer... tout effacer, à jamais. Devenir quelqu'un d'autre. S'effacer. Lui. S'il pouvait seulement disparaître, dans le néant. S'il pouvait seulement perdre la tête, s'évader quelques instants de cette vie, si lourde à porter. Il n'avait plus la force.
Il s'écroula, au sol, dans la neige. Il replia ses genoux contre sa poitrine, et se mit à pleurer. Il éclata en sanglots.
Comme un gamin. Il aurait aimé entre la douce voix de sa mère le réconforter. Ça va aller, Draco, ça va aller, tout va bien, ne te décourage pas. Et son bras autour de lui, ses longs cheveux lui balayant le visage, ses mains essuyant ses larmes sur ses joues... Mais il était seul.
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et c'est donc un petit chapitre assez triste, sans action, et centré sur draco et son passé. j'espère que ça vous aura quand même plu! merci de continuer de me lire :3

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Un jour
FanficDraco doit retourner à Poudlard pour faire une huitième année. Sera-t-il assez fort pour affronter le regard des survivants ? Réussira-t-il à enfin faire ses propres choix ? Mais surtout, pourra-t-il enfin découvrir qui il est réellement ? Les tén...