Il pleurait, pensant à El et son petit-frère Phi. Il pleurait, alors que dans moins d'une heure ils devraient tous partir. Il pleurait, pleurait, pleurait sans s'arrêter, parce qu'il n'avait pas trouvé d'autres moyens pour évacuer. Il s'était enfermé dans la chambre qui était encore la sienne jusqu'à ce qu'ils partent. Personne n'était venu le déranger. El n'avait rien dit lorsqu'il s'était excusé, s'était levé, l'avait laissée assise dans le jardin.
Il pleurait, pleurait, pleurait tant que ses yeux brûlaient, ses yeux étaient deux flammes en train de mourir, et il pleurait, pleurait, pleurait, les souvenirs de la sixième année s'entrechoquant dans son esprit comme des lames. Je suis ignoble, je suis ignoble, pourquoi est-elle amie avec moi, pourquoi suis-je là, j'aurais dû mourir depuis longtemps, ça leur aurait à tous épargné de devoir me traîner aujourd'hui avec eux. Que penserait Potter s'il savait ? Que penseraient Granger et Weasley ? Mais peut-être savaient-ils tous déjà, peut-être qu'il était le seul qui ne savait pas, le seul qui n'avait pas compris qui était ce Phi dont El hurlait le nom ?
Il pleurait, faute de mieux, faute de pouvoir abandonner, abandonner face aux vagues qui déferlaient.
Puis quelqu'un entra dans la pièce ; il ne daigna pas lever le regard. Lorsqu'il sentit la chaleur qui se dégageait du corps qui venait de se placer à ses côtés, il sut qui c'était, et ne fut pas surpris. Ce qui le surprit furent les mots qu'il prononça.
- Malfoy, ce n'est pas ta faute.
Pas sa faute ? Tout était sa faute. Sans lui, rien de tout cela ne serait arrivé. C'était lui, c'était son père, c'était sa famille, il était lié à ça par la chair, par le sang, par le passé. Il ne pouvait y échapper. Il resta muet.
- Je voulais que tu saches qu'Eléanor ne va pas arrêter de t'aimer à cause de ce que tu as fait. Elle ne va pas arrêter de t'aimer parce que tu portes la Marques des Ténèbres. Elle ne va pas arrêter de t'aimer parce que tu es de quelque manière associé à la mort de son petit-frère. Tout comme toi tu ne vas pas arrêter de l'aimer parce qu'elle est malade. Tout comme Luna ne va pas arrêter de l'aimer non plus.
La question qui brûlait les lèvres de Draco mais qu'il était incapable de poser : Et toi ? Et toi, est-ce que tu vas arrêter de m'aimer ? Est-ce que tu vas arrêter d'être là ? Est-ce que tu regrettes l'autre nuit sous la lune ? Il resta muet. Il n'avait pas ouvert les yeux. Il n'avait pas esquissé le moindre mouvement.
Il ne pouvait pas guérir El, il ne pouvait pas l'aider, et sa simple vue était un constant rappel de son petit frère décédé. Parfois le monde entier est une blessure. Comment pouvaient-ils seulement supporter sa présence parmi eux ?
Et puis Potter se serra contre lui, se serra, et l'entoura de ses bras.
- Je ne te laisserai pas, murmura-t-il.
Lorsque Draco se sentit mieux, ou tout du moins en état de se lever, ils descendirent tous les deux jusqu'à la salle commune. En avançant dans le salon, il réalisa que depuis qu'ils étaient sortis de la chambre, ils se tenaient la main. Le geste avait été si naturel qu'il n'y avait même pas fait attention. Il n'avait même pas touché un mot à El à propos de ce qu'il s'était passé avec Potter sur le toit – non pas qu'il en ait eu l'occasion. Donc personne ne savait. Personne ne savait qu'ils n'étaient plus juste des anciens ennemis qui faisaient la paix. Lui non plus ne le savait pas vraiment. Comme il n'avait pas eu le temps d'y penser, de procéder à une analyse profonde de ce moment qu'ils avaient partagé, il n'avait pas du tout intégré l'événement. Il avait du mal à intégrer quoi que ce soit ces derniers temps. Tout était trop bizarre pour être compréhensible. Finalement, la relation qu'il avait avec Potter était peut-être ce qu'il y avait de moins étrange dans tout ça.

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Un jour
FanfictionDraco doit retourner à Poudlard pour faire une huitième année. Sera-t-il assez fort pour affronter le regard des survivants ? Réussira-t-il à enfin faire ses propres choix ? Mais surtout, pourra-t-il enfin découvrir qui il est réellement ? Les tén...